me trop important pour que l’implanta-
tion multifocale soit réalisée avec des
chances de succès suffisantes. De fait, il
est pratiquement impossible de placer
l’implant, quel qu’il soit, dans le sac cris-
tallinien, car ce dernier est trop petit
par rapport au diamètre de l’optique de
l’implant. Or l’implantation dans le sac
capsulaire accroît la stabilité et le cen-
trement de cette lentille, paramètre
dont on a vu l’importance pour le résul-
tat visuel.
D’après ces mêmes ophtalmologistes,
les problèmes sont plutôt d’ordre réfrac-
tif entre six mois et cinq ans. En effet, ils
rappellent que la croissance d’un œil
normal entre la naissance et l’âge de
cinq ans n’est ni linéaire ni identique
pour tous les enfants. Elle est rapide
dans les premiers mois puis se ralentit.
C’est la raison pour laquelle des
abaques ont été développés permettant
de déterminer la valeur théorique de
l’implant à mettre en place en fonction
de l’âge de l’enfant et de la longueur
axiale de son globe déterminée par ul-
trasons au jour de la chirurgie. Mais il a
été rapporté que la croissance des yeux
chez les enfants atteints de cataracte
congénitale n’est pas la même pour tous
et que les abaques peuvent être pris en
défaut, notamment lorsqu’il existe éga-
lement des anomalies oculaires asso-
ciées telles qu’une microphtalmie, un
astigmatisme cornéen ou une anomalie
vasculaire rétinienne. Le devenir réfrac-
tif de ces yeux est donc imprévisible,
certains évoluant vers l’hypermétropie
et d’autres vers la myopie. Ainsi, dans
une étude publiée par De Laage de
Meux
(4)
et portant sur les résultats ré-
fractifs à cinq ans de plus de 50 enfants
implantés avant l’âge de un an, seuls
45 % des yeux étaient emmétropes à
moins d’une dioptrie, 24 % étaient hy-
permétropes de plus de une dioptrie et
31 % étaient myopes de plus de une
dioptrie.
Les ophtalmologistes de certaines
écoles ou équipes estiment donc que la
mise en place d’un implant multifocal
est parfaitement indiquée au-delà de
l’âge de cinq ans, mais qu’elle est actuel-
lement déraisonnable avant l’âge de un
an. Entre ces deux âges extrêmes, ce ty-
pe d’implantation ne doit pas être systé-
matiquement proposé, puisque les ré-
sultats réfractifs à long terme restent in-
certains. Néanmoins, les indications
peuvent se discuter au cas par cas, en
tenant compte des paramètres anato-
miques et physiologiques et des condi-
tions oculaires spécifiques.
A l’inverse, à l’hôpital Necker-Enfants
Malades, nous considérons, comme
d’autres équipes, qu’il n’y a pas d’âge li-
mite minimal pour proposer de rempla-
cer la cataracte congénitale par un im-
plant multifocal. Il faut simplement
conseiller de ne débuter ce type d’im-
plantation que chez des enfants plus
âgés (trois ans) compte tenu de la né-
cessité d’un apprentissage du geste chi-
rurgical et du suivi postopératoire et vi-
suel. La technique chirurgicale utilisée
pour ces implantations chez le très jeu-
ne enfant permet de limiter le risque de
décentrement de l’implant, malgré les
difficultés opératoires inhérentes à la
taille du globe. De plus, les implants
choisis peuvent être placés sans problè-
me en dehors du sac capsulaire cristalli-
nien. Enfin, si un décentrement sur-
vient, le repositionnement de l’implant
reste un geste simple s’il est effectué
précocement, ce qui justifie la sur-
veillance régulière des enfants en post-
opératoire.
De même, les résultats réfractifs posent
peu de problèmes compte tenu des ca-
ractéristiques réfractives de cet implant.
Si des dérives réfractives existent bien
par rapport aux abaques, celles-ci res-
tent limitées et s’observent plutôt dans
des yeux porteurs de malformations
(microphtalmie extrême, vitré primitif,
glaucome congénital, anomalies cor-
néennes, iriennes ou rétiniennes) dont
on a vu qu’elles constituent autant de
contre-indications à l’utilisation des im-
plants multifocaux. De plus, de part sa
multifocalité, l’implant permet de corri-
ger ces dérives, notamment une légère
hypermétropie postopératoire stable.
Enfin, la restauration visuelle ainsi of-
ferte est sans commune mesure avec
celle procurée par les implants mono-
focaux et justifie une utilisation des im-
Médecine
& enfance
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tiqué immédiatement avant la chirurgie
pour ne pas multiplier les bilans sous
anesthésie générale. Il en est de même
de la mesure de la longueur axiale et de
la kératométrie.
INDICATIONS DES
IMPLANTS MULTIFOCAUX
Plusieurs travaux ont démontré que l’in-
térêt principal des implants multifocaux
en ophtalmo-pédiatrie réside dans leur
capacité à améliorer la réhabilitation vi-
suelle par rapport à ce que peut réaliser
une implantation monofocale, car cette
dernière laisse persister une presbytie
iatrogène qui aboutit à une dépendance
totale aux lunettes bifocales ou progres-
sives, à des halos et à des éblouisse-
ments, à un déséquilibre sensoriel et
oculomoteur unilatéral.
Les indications des implants multi-
focaux sont identiques à celles de l’im-
plantation monofocale. Rentrent dans
ces indications toutes les atteintes cris-
talliniennes uni- ou bilatérales, qu’elles
soient liées à des cataractes obturantes
congénitales ou acquises (trauma-
tiques), à des malformations cristalli-
niennes (lenticône) ou à des anomalies
de position du cristallin (ectopie ou
luxation). Enfin, les implants multifo-
caux peuvent être placés secondaire-
ment chez des enfants aphaques, opérés
initialement sans implantation.
ÂGE D’IMPLANTATION
Si les bénéfices apportés par l’utilisation
des implants multifocaux sont commu-
nément admis, l’âge auquel il est pos-
sible de les proposer varie selon les
équipes et les écoles, qui défendent par-
fois des attitudes opposées.
Certaines équipes considèrent qu’il est
illogique de proposer à un âge trop pré-
coce la mise en place d’un implant mul-
tifocal. L’opinion des ophtalmologistes
de ces équipes repose sur l’existence des
précautions et contre-indications qui
ont déjà été développées. Ils jugent
qu’avant l’âge de trois mois les difficul-
tés anatomiques constituent un problè-
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