RESUME L`ostéomyélite chronique est une infection chronique du

RESUME
L’ostéomyélite chronique est une infection chronique du tissu osseux et de la moelle.
C’est une infection grave du fait de sa localisation au sein d’un tissu profond, de la
complexité de sa prise en charge thérapeutique et de la mise en jeu du pronostic fonctionnel.
L’incidence de l’ostéomyélite chronique est accrue sur certains terrains (drépanocytose,
diabète, et polyarthrite rhumatoïde entre autres). Son traitement classique repose sur un
curettage chirurgical associé à une antibiothérapie par voie générale durant au moins 6
semaines. Ce traitement est marqué le plus souvent par des échecs du fait de la difficulté de
faire parvenir des antibiotiques à doses efficaces et de manière prolongée ou continue au
niveau de l'os infecté.
Le but de notre travail était de développer une formulation pharmaceutique
biodégradable susceptible de libérer de manière prolongée et in situ au niveau du foyer
infectieux l'antibiotique qu’est le sulfate de gentamicine. Cette formulation devait être
efficace pour le traitement des ostéomyélites chroniques et présenter une grande innocuité
pour le patient.
Quatre formulations d’implants à base de sulfate de gentamicine et de monoléine ont
été préparées en Salle blanche dont le niveau de contamination particulaire et microbiologique
a été conforme aux normes européennes. Ces implants se présentaient sous forme de gels
bioadhésifs, d’apparence homogène. Ils se prenaient en masse au contact de l’eau. Des
observations au microscope optique, des études de Calorimétrie différentielle à balayage
(DSC), de Diffraction des rayons X, de thermogravimétrie, de dosage d’eau (méthode Karl
Fischer) des gels ont montré que deux formes de monoléine co-existent dans les gels :
monoléine liée à l’eau et monoléine libre; aussi, les gels se présentent sous forme de cristaux
liquides. Les tests de dissolution ont montré que seul l’implant renfermant 5% de
gentamicine, 80% de monoléine et 15% d’eau a libéré la presque totalité de la gentamicine en
continu sur 20 jours. Celui-ci a été sélectionné pour la suite des travaux. Le mécanisme de la
libération de l’antibiotique a été celui d’une diffusion contrôlée. Ces implants ont été
physiquement instables à 30 °C mais stables lorsqu’ils sont conservés au réfrigérateur (2-6
°C) pendant au moins 10 mois. La cinétique de libération des implants reste inchangée dans
les mêmes conditions de conservation (2-6 °C pendant 10 mois).
Les essais de stérilité réalisés sur membrane filtrante ont montré que les implants
fabriqués étaient stériles. En outre, ils se sont révélés apyrogènes à travers le test LAL (Lysat
d’amoebocyte de Limule).
Le test de cytotoxicité in vitro (test MTT) des implants a été réalisé en utilisant la
méthode de contact direct. Ils n’ont présenté aucune toxicité vis-à-vis des fibroblastes et des
macrophages qui ont été utilisées comme cellules tests. Par ailleurs, ils ont été compatibles
avec les érythrocytes d’hémoglobine AA ou SS. L’évaluation in vitro de la génotoxicité des
implants a été réalisée en utilisant la technique des essais comètes. Ils n’ont présenté aucun
potentiel génotoxique.
L’infiltration de l’implant (renfermant 5% de gentamicine, 80% de monoléine et 15%
d’eau) sous l’aponévrose plantaire des souris n’a pas perturbé les paramètres biologiques du
foie et des reins (bilirubinémie libre, bilirubinémie totale, créatininémie) au bout de 52 jours
de test. Le métabolisme des triglycérides n’a pas été affecté. Les études histologiques n’ont
révélé ni de signes d’inflammation chronique de l’aponévrose, ni de lésions rénales ou
hépatiques.
Pour l’étude de la tolérance et de l’efficacité de l’implant dans le traitement des
ostéomyélites chroniques, une autorisation préalable du Comité d’Ethique pour la Recherche
en Santé (CERS) du Burkina Faso a été obtenue. Une cohorte de 19 patients souffrant
d’ostéomyélites chroniques et ayant donné son consentement a été incluse dans l’étude. Tous
les patients ont bénéficié d’une séquestrectomie accompagnée d’un curetage et d’un
comblement de la cavité osseuse avec l’implant. Les signes cliniques, radiologiques et
biologiques obtenus après le traitement ont été en faveur d’une guérison des patients traités
dans un délai de 30 à 70 jours. Avec un recul de 2 à 12 mois (une médiane de 10 mois), les
suivis cliniques, biologiques et radiologiques ont permis de conclure à l’innocuité de
l’implant.
Un implant à base de monoléine et de gentamicine ayant montré son efficacité et son
innocuité dans le traitement des ostéomyélites chroniques a été ainsi développé. Après la
réalisation d’un essai clinique multicentrique randomisé, il fera l’objet d’une demande
d’Autorisation de Mise sur le Marché.
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