E N U N E R É F É R E N C E Scanner spiralé dans le dépistage précoce du cancer pulmonaire chez le fumeur ● B. Melloni* e scanner spiralé à faible dose paraît prometteur dans le dépistage précoce du cancer pulmonaire chez le fumeur. Plusieurs études sont actuellement en cours, dont celle intitulée, en France, “Dépiscan”. Une des critiques de ce dépistage par scanner spiralé porte sur la fréquence importante de faux positifs correspondant à des nodules bénins. Devant un nodule détecté, faut-il prévoir une ponction biopsie, voire un abord chirurgical ? Quels critères sont en faveur de la malignité du nodule ? La tomographie à émission de positons (TEP) paraît être un outil diagnostique pertinent pour ce diagnostic de malignité. Quelle place pour la tomographie à émission de positons dans le diagnostic du nodule pulmonaire découvert chez le fumeur ? Deux articles récents concernent cette question. L RÉFÉRENCES Pastorino U, Bellomi M, Landoni C et al. Early lung-cancer detection with spiral CT and positron emission tomography in heavy smokers: 2-year results. Lancet 2003;362:593-7. Cette étude prospective italienne s’est intéressée au dépistage précoce du cancer bronchique chez 1 035 fumeurs de plus de 50 ans (tabagisme supérieur à 20 paquets-années). Tous les sujets bénéficiaient d’un scanner spiralé par an, pendant 5 ans. Le dépistage d’un nodule non calcifié de plus de 7 mm impliquait la réalisation d’une TEP. Si un nodule de moins de 7 mm était détecté, une surveillance accrue était proposée. Tout nodule non calcifié de plus de 7 mm avec une activité métabolique significative au TEP (Standard Uptake Value [SUV] > 2) était considéré comme malin, et un abord chirurgical était systématique. En présence d’un nodule de plus de 7 mm, une biopsie chirurgicale était systématique si le nodule prenait le contraste au scanner (> 30 Unités Hounsfield) et était négatif pour la TEP, ou s’il ne prenait pas le contraste au scanner mais était positif à la TEP. Quatre cent quarante nodules non calcifiés ont été détectés chez 298 sujets (29 % de la cohorte). Après le premier scanner de dépistage, la TEP a été réalisée chez 29 sujets, avec 11 examens positifs : 8 cancers, 3 faux positifs (inflammations non spécifiques). Deux adénocarcinomes ont été négatifs pour la TEP. À 2 ans, 13 sujets ont bénéficié d’une TEP, avec 11 positifs : 10 cancers et une pneumopathie organisée nodulaire. Fait majeur, l’immense * Pathologie respiratoire, CHU du Cluzeau, Limoges. La Lettre du Pneumologue - Volume VII - no 3 - mai-juin 2004 majorité des cancers bronchiques détectés sont des cancers de stade précoce : 77 % de stade I au premier bilan et 100 % à 2 ans. Six lésions considérées comme bénignes au départ (diamètre moyen de 5,5 mm) sont malignes à 2 ans (diamètre moyen de 11,6 mm). Tous ces patients ont eu une lobectomie curatrice pour un stade I sans atteinte ganglionnaire. En conclusion, les auteurs soulignent que le scanner spiralé permet de détecter précocement des nodules pulmonaires chez le fumeur. Dans une deuxième étape, la TEP paraît être une technique prometteuse pour détecter des lésions malignes à des stades précoces. Fischer BM, Mortensen J, Dirksen A, Eigtved A, Hojgaard L. Positron emission tomography of incidentally detected small pulmonary nodules. Nucl Med Comm 2004;25:3-9. Cette étude danoise a porté sur la place de la TEP au 18F-FDG dans la stratégie d’évaluation du nodule pulmonaire de petite taille. Elle montre que, chez 300 patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) modérée à sévère, 10 patients présentaient des nodules (au total, 14 nodules), avec une taille comprise entre 7 et 20 mm au scanner spiralé. En complément, la TEP a permis de trouver 5 fixations correspondant à 2 cas de cancers bronchiques non à petites cellules, 1 cas de cancer bronchique à petites cellules et 2 cas de carcinome bronchioloalvéolaire. Il faut noter que l’activité métabolique des cancers bronchioloalvéolaires était basse (SUV : 1,6-1,7), alors que l’on admet une malignité pour une valeur supérieure à 2,5. Les auteurs concluent que la TEP est un examen performant en deuxième intention dans le dépistage des nodules pulmonaires chez le fumeur à risque de cancer bronchique. Aucun cas de faux positifs ou négatifs n’est rapporté dans cette courte série. CONCLUSION Au total, le dépistage précoce du cancer bronchique à l’aide du scanner spiralé faible dose est en cours d’évaluation et paraît prometteur. Aucun consensus n’est à ce jour établi sur la conduite à tenir devant un nodule de petite taille (entre 5-7 mm et 20 mm). Les deux études ci-dessus montrent que la TEP avec analyse métabolique (SUV) apporte des arguments en faveur de la malignité et d’un abord chirurgical de la lésion. La technologie TEP au 18F-FDG doit donc être évaluée en complément du scanner 127 E N U N E R É spiralé dans le dépistage du cancer bronchique. Des essais randomisés sont par ailleurs nécessaires pour démontrer l’utilité, dans un deuxième temps, de l’imagerie fonctionnelle. Néanmoins, le développement de la technique scanner spiralé et TEP dans le même temps, avec obtention d’une image anatomique et métabolique, permettra très vraisemblablement de répondre à la question posée. NOUVELLES DE F É R E N C E En pratique, si vous disposez de la technique TEP, la découverte d’un nodule de faible taille de plus de 7 mm doit vous inciter à demander une TEP. Il ne faut pas oublier que les faux positifs (granulomes inflammatoires) et les faux négatifs (carcinome bronchioloalvéolaire ou carcinome neuroendocrinien) sont pos■ sibles mais rares. L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE C om mu n iqu és des co nfér ences d e pre sse, sym po sium s, man ifestat ion s or gan isés par l ’ind ust rie p harm aceut iqu e Singulair® L’asthme, dont la fréquence et la gravité n’ont cessé d’augmenter au cours des vingt dernières années, est devenu un véritable problème de santé publique. Trois millions et demi de Français sont concernés, et 5 millions ont souffert d’asthme à un moment ou à un autre de leur vie. Le taux de mortalité est actuellement de 3,5 pour 100 000 personnes. Chez les enfants, l’asthme représente la première maladie chronique et une cause importante d’absentéisme scolaire, avec 6 à 10 % des enfants d’âge scolaire et 10 à 15 % des jeunes adolescents concernés. L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches dont la prise en charge passe par le contrôle de l’inflammation sous-jacente. Différents médiateurs, dont les cytokines et les leucotriènes, sont impliqués dans l’inflammation des bronches. Les corticoïdes inhalés (CI), qui ne bloquent que les cytokines et les prostaglandines, sont parfois insuffisants pour contrôler l’inflammation bronchique, ce qui justifie l’association à un traitement complémentaire. L’association antileucotriènes-corticoïdes, en ciblant des voies différentes et complémentaires de l’inflammation bronchique, doit permettre un meilleur contrôle de l’asthme quand les CI ne sont pas suffisants. Les résultats d’un essai clinique international, 128 publié dans le British Medicine Journal en octobre 2003, montrent que l’antileucotriène Singulair® (montélukast sodique, 10 mg/jour) est aussi efficace qu’un β-agoniste à longue durée d’action (salmétérol, 50 µg deux fois par jour) dans le contrôle de l’asthme, en association à un corticoïde inhalé (fluticasone). Cette étude, baptisée IMPACT, d’une durée de 48 semaines, a porté sur près de 1 500 adultes insuffisamment contrôlés par le CI seul (fluticasone, 200 mg/jour). L’association Singulair®- CI s’est avérée aussi efficace que l’association salmétérol-CI, en termes de pourcentage de patients présentant au moins une exacerbation (20 % dans le groupe montélukast contre 19 % dans le groupe salmétérol), ainsi que sur des critères secondaires d’évaluation comme le délai de survenue de la première exacerbation, le nombre de réveils nocturnes dus aux symptômes d’asthme et autres indicateurs de qualité de vie spécifiques de l’asthme. Singulair® s’est révélé significativement plus efficace que le salmétérol pour réduire l’inflammation bronchique résiduelle chez certains patients sous CI en monothérapie. On a ainsi pu observer une réduction du nombre d’éosinophiles sanguins quatre fois supérieure dans le groupe sous Singulair® par rapport au groupe sous salmétérol. En outre, une analyse de sousgroupe a montré une diminution des éosino- philes dans l’expectoration induite de 40 % par rapport à la situation initiale après 24 semaines de traitement sous Singulair® + fluticasone, alors qu’il y avait une légère augmentation dans le groupe salmétérol + fluticasone par rapport à l’état initial. La tolérance est apparue satisfaisante dans les deux groupes de traitement. Ces résultats viennent confirmer ceux de deux autres essais cliniques, CASIOPEA et COMPACT, portant sur plus de 1 500 patients asthmatiques, publiés dans la revue internationale Thorax. Ces trois études à grande échelle confirment donc les bénéfices de l’association thérapeutique Singulair® et CI qui permet de prescrire la dose minimale de CI et/ou d’offrir une alternative au recours au β-agoniste à longue durée d’action, sans compromettre le contrôle efficace des symptômes d’asthme. Singulair® est indiqué en traitement additif chez les patients présentant un asthme persistant léger à modéré insuffisamment contrôlé par corticothérapie inhalée, et auxquels les β2-mimétiques à action immédiate et de courte durée administrés à la demande n’apportent pas un contrôle clinique satisfaisant de l’asthme. Il est également indiqué en traitement préventif de l’asthme induit par l’effort. MP La Lettre du Pneumologue - Volume VII - no 3 - mai-juin 2004