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Le Courrier de l’Arcol (2), n° 1, mars 2000
de cholestérol, de LDL-cholestérol et
d’apoB.
En ce qui concerne la maladie d’ Anderson,
celle-ci est caractérisée, biochimiquement,
par l’absence des lipoprotéines contenant
l’apoB48, la diminution des lipoprotéines
contenant l’apoB100 et, ultrastructuralement,
par une accumulation massive de lipides
libres et de lipides assemblés sous forme de
particules lipoprotéiniques (chylomicrons)
dans les entérocytes. L’aspect ultrastructural
des entérocytes des patients atteints de la
maladie d’Anderson suggérerait plutôt un
défaut de sécrétion des chylomicrons.
Le syndrome de malabsorption lipidique
entraîne dans la petite enfance un syndrome
cœliaque avec une diarrhée chronique, un
retard staturo-pondéral ainsi que des
carences en vitamines liposolubles. Un régi-
me hypolipidique permet l’arrêt de la diar-
rhée avec normalisation de la stéatorrhée et
reprise de la courbe staturo-pondérale. Les
carences en vitamines liposolubles nécessi-
tent une supplémentation à fortes doses
pour prévenir l’apparition, à plus ou moins
long terme, de complications neuro-réti-
niennes. Celles-ci sont particulièrement pré-
coces et graves chez les patients ABL. Elles
apparaissent le plus souvent au cours de la
première ou de la deuxième décennie, et
miment une maladie de Friedreich. La myo-
pathie observée est complexe, résultant à la
fois de la dégénérescence nerveuse et/ou
d’une myosite intrinsèque. L’évolution cli-
nique est variable mais, en l’absence de trai-
tement, amène progressivement un impor-
tant handicap à la marche.
Au niveau ophtalmique, les premiers signes
sont l’altération de la vision de nuit et des
couleurs. Il s’ensuit une diminution de
l’acuité visuelle. À l’examen du fond d’œil
apparaît une rétinite pigmentaire. Aux
stades plus avancés, il y a disparition des
éléments scotopiques, puis évolution finale
vers l’extinction. Chez les patients HBLF
sans apoB plasmatique, il semble que l’ap-
parition des troubles neuro-rétiniens est
retardée par rapport à l’ABL, avec, de ce
fait, une évolution moins sévère. Il en est de
même chez les patients atteints de MA. La
fréquence d’apparition des signes neuro-
ophtalmiques augmente avec l’âge des
patients et est liée à la durée de la carence
vitaminique. Ainsi, à condition d’être ins-
tauré précocement, le traitement vitami-
nique E à fortes doses semble pouvoir pré-
venir l’apparition des lésions neurolo-
giques. Celui-ci est également indispen-
sable pour prévenir les lésions rétiniennes
pour lesquelles le traitement par vitamine A
n’est pas suffisant.
Contrairement à l’ABL, à l’HBLF sans
apoB plasmatique et à la MA, les autres
formes d’HBLF (hétérozygote et homozy-
gote avec apoB tronquée plasmatique) n’en-
traînent pas ce syndrome de malabsorption
lipidique. Cela suggère que la sécrétion
intestinale des formes tronquées d’apoB
suffit à éviter le syndrome de malabsorption
lipidique et par voie de conséquence les
déficits vitaminiques. Dans ce contexte, une
vitaminothérapie systématique ne se justifie
pas dans ces formes d’HBLF.
En ce qui concerne, de façon plus spéci-
fique, les patients ABL ou HBLF sans apoB
plasmastique, la fréquence de la stéatose
hépatique, avec risque d’évolution cirrho-
tique doit inciter à surveiller les fonctions
hépatiques de ces patients. En effet, plu-
sieurs cas de stéatose hépatique, confirmée
à l’examen anatomopathologique, sont rap-
portés chez ces sujets. Comme au niveau
intestinal, le foie semble donc être le siège
d’une surcharge lipidique. Parmi ces cas de
stéatose, quatre patients ont développé une
cirrhose (deux ABL, deux HBLF homo-
zygotes sans apoB). La physiopathogénie
de l’évolution cirrhotique est obscure, mais
il reste important de contrôler le bilan hépa-
tique de ces patients et d’évaluer systémati-
quement la stéatose au diagnostic. De façon
inconstante, dans les formes hétérozygotes
avec et sans apoB tronquée plasmatique et
dans la maladie d’Anderson, une stéatose
modérée est également rapportée. Mais
aucun cas d’évolution cirrhotique n’est
actuellement décrit. Dans ce contexte, le
bilan étiologique d’une stéatose hépatique
isolée doit comporter un dosage plasma-
tique d’apoB pour écarter une forme hétéro-
zygote d’HBLF.
Dans le contexte de ces hypocholestérolé-
mies génétiques, il nous paraît important de
souligner que, en dehors de l’ABL, de
l’HBLF et de la MA, deux autres grands
axes étiologiques sont à éliminer : les hypo-
cholestérolémies génétiques liées à une
diminution des HDL et les hypocholestéro-
lémies secondaires à une pathologie non
liée aux lipoprotéines (états chroniques
de malabsorption et de malnutrition,
hépatopathies sévères, néphropathies, hyper-
splénisme, hémopathies malignes et enfin
dysthyroïdies).
Conclusion
Il est important de signaler que certains cas
d’hypocholestérolémie (isolés ou fami-
liaux), au mécanisme physiopathogénique
inexpliqué, ne peuvent être classés dans
aucun des cadres nosologiques actuellement
définis. ■
Pour en savoir plus
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