
La Lettre du Rhumatologue • N° 350 - mars 2009 | 21
MISE AU POINT
les autres cas, on peut être amené à effectuer une
libération chirurgicale sous arthroscopie, voire à ciel
ouvert en cas de nécessité. En dernier recours, le
remplacement de la prothèse peut être envisagé avec
arthrolyse et libération de l’appareil extenseur, si cela
est nécessaire. Quoi qu’il en soit, les reprises de PTG
pour raideur donnent les moins bons résultats.
L’infection
L’infection représente une complication rare mais
sévère des prothèses articulaires. Elle compromet
fortement le résultat fonctionnel de cette inter-
vention de pratique quotidienne, engendrant une
morbidité et une surmortalité importantes, dont
une partie est liée à la nécessité d’une hospitalisa-
tion prolongée.
La fréquence des infections sur prothèses de
genou, qui varie de 0,5 à 5 % selon les séries, est
plus élevée que dans la chirurgie prothétique de la
hanche (4). Quand on sait qu’il se pose aujourd’hui
environ 50 000 PTG par an en France, on imagine les
conséquences socio-économiques de cette compli-
cation.
L’infection sur prothèse demeure une complication
redoutée, nécessitant une prise en charge multidis-
ciplinaire, impliquant le chirurgien, l’infectiologue,
l’anesthésiste et le microbiologiste (5).
Classification
◆
La contamination de la prothèse survient soit durant
la période périopératoire, soit par voie hématogène
ou par contiguïté à partir d’un foyer adjacent. La
classification des infections sur prothèse actuelle-
ment admise distingue :
les infections postopératoires précoces, dans le
➤
mois suivant l’intervention ;
les infections tardives, d’évolution chronique,
➤
évoluant depuis plus de 4 semaines ;
les infections aiguës hématogènes, avec la
➤
survenue brusque de manifestations cliniques sur
une prothèse jusque-là asymptomatique.
Diagnostic
◆
Le diagnostic des infections précoces et des infec-
tions aiguës hématogènes est en règle générale
facile avec un tableau clinique et biologique bruyant,
contrairement à celui des infections chroniques,
où le tableau est le plus fréquemment celui d’une
prothèse douloureuse. Une prothèse restée doulou-
reuse depuis sa mise en place sans intervalle libre
est fortement évocatrice.
Le diagnostic microbiologique est souvent difficile. Il
faut insister sur la nécessité absolue de réaliser des
prélèvements de qualité, obtenus lors d’une inter-
vention ou par ponction du foyer (6). Il faut proscrire
les écouvillonnages de plaies, pratiqués sans contrôle
médical. La positivité de tels prélèvements, le plus
souvent due à une contamination du prélèvement,
risque d’engager la responsabilité du chirurgien de
façon inappropriée, motivant une antibiothérapie
inadaptée et masquant par ailleurs les résultats
d’éventuels prélèvements profonds ultérieurs. Les
prélèvements doivent être étudiés par un laboratoire
rompu à la recherche de ce type d’infection, avec
des cultures prolongées. Ces prélèvements condi-
tionnent toute la thérapeutique ultérieure.
Traitements
◆
Le traitement doit toujours être chirurgical et
médical. Les différentes stratégies proposées
sont le nettoyage chirurgical avec maintien de la
prothèse, le changement en un ou deux temps de
la prothèse (7).
Le lavage-débridement de la prothèse, associé à une
antibiothérapie, peut être envisagé s’il s’agit d’une
infection détectée rapidement après la contamina-
tion périopératoire ou hématogène. En effet, le taux
d’échec augmente avec le délai de prise en charge,
classiquement dépassé après 3 semaines.
Le changement de la prothèse peut se faire en un
ou deux temps. Ce choix repose sur les habitudes de
chaque équipe, la réalisation d’études comparatives
étant méthodologiquement difficile, puisque de
nombreux facteurs conditionnent le résultat (type
de germe, terrain, délai de prise en charge, qualité
du débridement chirurgical, etc.). On propose clas-
siquement :
le changement en deux temps dans les situations
➤
où l’infection est due à un germe multirésistant,
lorsqu’il s’agit d’une récidive septique ou s’il existe
des dégâts osseux ;
le changement en un temps en cas d’infection
➤
bactériologiquement documentée avant l’interven-
tion, sans germe multirésistant, sans destruction
osseuse, et si l’excision chirurgicale est considérée
de bonne qualité.
En cas de changement en deux temps (figure 3),
un espaceur sera mis en place pendant la durée
de l’intervalle libre, associé à une antibiothérapie
adaptée au germe. Une fenêtre thérapeutique de
15 jours est classiquement réalisée avant la mise
en place de la nouvelle prothèse, pour permettre la
réalisation de nouveaux prélèvements et l’adaptation
de l’antibiothérapie (8).