dessous de 35 cm H2O et l’auto-PEP inférieure à 10 cm H2O sont
des recommandations raisonnables. La mesure directe de l’hyper-
insufflation pulmonaire dynamique est aisée chez un patient
relaxé. Maintenir sa valeur en dessous de 20 ml/kg permettrait
de réduire l’incidence d’hypotension ou de pneumothorax (6).
2.Soit d’emblée soit secondairement (après l’intubation trachéale),
le médecin peut laisser s’exprimer la VS du patient. Dans ce cas,
les objectifs de la VI sont de permettre le partage du travail respi-
ratoire entre ventilateur et pompe ventilatoire du patient, sans aug-
menter le travail respiratoire de celui-ci, et la bonne synchronisa-
tion entre efforts respiratoires et cycles mécaniques. À ce stade,
deux modes ventilatoires sont utilisables, volume assisté contrôlé
(VAC) et aide inspiratoire (AI). Aucun des deux n’est réellement
supérieur à l’autre sur des critères physiologiques (7), l’AI étant
associée à un plus grand confort, tout au moins en VNI (8).
Le réglage de la VAC doit permettre un débit inspiratoire suffisant
pour s’adapter à la demande ventilatoire du malade, en général élé-
vée, et pour réduire l’effort inspiratoire en cours d’insufflation
mécanique, c’est-à-dire faciliter la synchronisation patient-
machine. Cela est obtenu par une manipulation du débit inspira-
toire, du VT, du temps d’insufflation (Ti) et d’une pause téléins-
piratoire. Le débit décélérant pourrait être préférable au débit
constant, car il produit plus rapidement un débit inspiratoire maxi-
mal. Il est recommandé de fixer le débit inspiratoire à 60 l/mn,
voire 90 l/mn. Toutefois, chez le sujet normal, l’augmentation du
débit inspiratoire est suivie d’une tachypnée qui, raccourcissant le
temps expiratoire, pourrait faciliter l’hyperinsufflation pulmonaire
dynamique (9). En réalité, chez le patient avec BPCO, l’augmen-
tation du débit inspiratoire est associée au contraire à un allonge-
ment du temps expiratoire et à une diminution de l’auto-PEP (10).
Cet effet semble lié à l’inhomogénéité pulmonaire (10). L’intérêt
de la PEPe sera développé plus loin. En mode VAC, un asyn-
chronisme patient-machine peut résulter d’un décalage entre un Ti
neural trop long par rapport au Ti machine réglé : le patient n’a pas
fini son effort inspiratoire alors que la machine a fini d’insuffler.
Le patient continue son effort inspiratoire, illustré par une dimi-
nution de pression mesurée sur le respirateur en fin d’inspiration.
En aide inspiratoire, le cycle mécanique a quatre phases clés : le
déclenchement de l’inspiration, la vitesse de pressurisation, le
niveau de pression d’assistance, le déclenchement de l’expira-
tion. Rappelons qu’en AI, le VT dépend des variations de la com-
pliance et de la résistance du système respiratoire du patient.
Déclenchement de l’insufflation
Le déclenchement d’un cycle mécanique est assuré par un effort
inspiratoire suffisant pour atteindre le seuil de déclenchement réglé.
L’effort inspiratoire pour déclencher le respirateur est en fait un
élément mineur de l’effort inspiratoire total. L’augmentation de la
pression d’AI, si elle permet de réduire l’effort inspiratoire total,
laisse inchangé l’effort lié au déclenchement du cycle (11). Le
déclenchement du cycle mécanique à la suite d’un effort inspira-
toire peut être fondé sur la détection d’une diminution de la pres-
sion dans le circuit (triggeren pression) ou d’une variation de débit
(trigger en débit). Si l’effort inspiratoire est moindre avec un trig-
ger en débit, l’effort inspiratoire postdéclenchement est identique
entre les deux modes si bien que l’effort inspiratoire total (= trig-
ger + post-trigger) est comparable (12). C’est en effet l’intensité
de la commande qui régule l’effort inspiratoire puisque celui-ci
persiste et ne s’interrompt pas brutalement après le début de l’insuf-
flation mécanique. C’est finalement l’augmentation du niveau d’AI
qui permet de diminuer l’effort inspiratoire total en AI. Vingt-cinq
à trente pour cent des efforts inspiratoires ne sont pas suivis d’un
cycle mécanique. Ces efforts inefficaces contribuent à l’asyn-
chronisme patient-machine et à l’inconfort du malade car sa volonté
MISE AU POINT
214
La Lettre du Pneumologue - Volume V - no6 - nov.-déc. 2002
Tableau I. Réglages du ventilateur en ventilation mécanique invasive chez les malades avec bronchopneumopathie chronique obstructive en
décompensation respiratoire aiguë.
Phase initiale avec sédation requise (bronchospasme-hyperinsufflation pulmonaire importante)
• Mode volume assisté contrôlé • VT 6-8 ml/kg pour pression plateau téléinspiratoire 35 cm H
2
O
• Temps expiratoire le plus allongé possible pour obtenir un débit nul en fin d’expiration et/ou auto-PEP 10 cm H
2
O
• Minimiser espace mort anatomique : pas de raccord annelé (20 ml), utiliser humidificateur chauffant plutôt qu’un filtre échangeur de chaleur et d’humidité
• Monitorage pression et débit en fonction du temps • Mesure pression plateau et auto-PEP après chaque changement de réglage
• Mesure volume trappé à maintenir < 20 ml/kg • FiO
2
pour SpO
2
92 %
Phase ultérieure ou phase initiale si sans sédation
Volume assisté contrôlé
• Réglages VT, débit inspiratoire, temps inspiratoire
pour obtenir un débit inspiratoire 60 l/mn
• Titrer augmentation débit inspiratoire
jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’altération courbe de pression
au cours de l’insufflation
• Débit inspiratoire décélérant si poursuite effort inspiratoire
du patient malgré débit 60 l/mn
Aide inspiratoire
• Réglage initial de la pression d’assistance pour obtenir VT 6-8 ml/kg
avec fréquence respiratoire patient entre 25 et 30 cycles par minute
• Vitesse de pressurisation le plus élevée possible
• Seuil de déclenchement inspiratoire en débit ou en pression à leur valeur minimale
• Si efforts inefficaces, tester effet réduction du niveau d’aide inspiratoire ou PEPe
• Si recrutement muscles abdominaux, tester effet réduction du temps inspiratoire
ou passage en pression assistée contrôlée
• PEP externe 5 cm H
2
O ou en titrant sur efforts inefficaces • Monitorage pression et débit en fonction du temps • FiO
2
pour SpO
2
92 %
VT : volume courant ; PEPe : pression expiratoire positive externe – Auto-PEP : pression expiratoire positive intrinsèque
FiO
2
: fraction d’oxygène dans l’air inspiré – SpO
2
: saturation transcutanée en oxygène