conquête se fait évidemment au détriment des zones naturelles et des forêts,
régulatrices du climat et gisements de ressources rares).
Une saturation définitive de l’espace agropastoral à l’horizon d’une seule génération
est à craindre, à moins qu’un sursaut national n’inverse la tendance en mettant
désormais concrètement la priorité sur le développement des compétences en matière de
conservation des eaux et des sols, par la généralisation des techniques de lutte anti
érosive, de maîtrise des eaux pluviales et de protection des sols, de maintien et
d’amélioration de la fertilité des espaces agropastoraux, de reboisement et de
gestion/protection durable des zones naturelles (problématique et actions citées par la
SCADD mais peu visibles car noyées dans l’ensemble).
1.5. Ce défi de la protection des sols et de la maîtrise des eaux est étroitement
lié aux enjeux de la sécurité alimentaire qui ne peuvent que croître avec la
croissance de la population. Et si l’on considère par exemple que le coton est la
principale production d’exportation à haute intensité de main d’œuvre, il y a va aussi
de la sécurité économique de la majorité de la population rurale qui, sans cela,
risquerait de basculer massivement dans la grande pauvreté au fur et à mesure que
les sols disparaitraient. Car alors les ruraux sans terre n’auront pas d’alternative
d’emploi en dehors de l’agriculture, les secteurs non agricoles étant déjà saturés. Par
contre, des ruraux sur des terres protégées, fertiles et retenant mieux les eaux
pluviales, pourraient même doubler la production céréalière et, ainsi, non seulement
assurer la sécurité alimentaire stabilisée du pays, mais contribuer en plus à celle de
la sous-région, tout en faisant régresser la pauvreté monétaire dans les campagnes.
Cela ferait aussi rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, car les exportations
agricoles alimentent substantiellement les finances publiques.
1.6. De même, la disparition des zones de pâturage par la dégradation du
milieu ne serait pas une fatalité si des actions concrètes de protection des sols
non cultivés et de gestion de l’eau, par des aménagements adaptés, étaient
mises en œuvre aussi en zones pastorales, permettant de sauvegarder les pâturages
existants et même de les améliorer (par exemple avec des parcs de production
fourragère). Ce n’est pas seulement l’affaire des compétences des ingénieurs mais
l’affaire des compétences de toute la filière pastorale, et d’abord des compétences
des éleveurs de base, et particulièrement des jeunes massivement confrontés à la
disparition de leur mode de vie et de production si rien n’est fait. Une éducation de
base adaptée orientée vers le développement des compétences des jeunes éleveurs,
comme le démontre l’action novatrice mais partielle des ONG, permettrait sans
doute l’inversion des tendances.
Des forêts et des lacs à mettre en valeur de manière durable
1.7. Dans le même ordre d’idées, le rétrécissement de l’espace forestier pourrait
être combattu par des actions audacieuses de reboisement qui devraient se