Conférencepublique du CAPES sur le thème de l`emploi et de l`auto

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Conférencepublique du CAPES sur le thème de l’emploi et de l’auto-emploi des jeunes
au Burkina Faso
Par Dr Alain SIRI Dans le cadre de l’exécution de son programme annuel, le Centre d’analyse des politiques
économiques et sociales (CAPES) a eu à organiser le vendredi 28 juillet 2012 dans la salle
de conférence du Conseil Burkinabè des Chargeurs, à Ouagadougou, une conférence
publique sur le thème de l’emploi et de l’auto-emploi des jeunes au Burkina Faso.
L’honorable Achille TAPSOBA, alors Ministre de la Jeunesse, de la Formation
Professionnelle et de l’Emploi a était l’animateur de cet échange sur le thème de l’emploi et
de l’auto-emploi des jeunes au Burkina Faso. Cette communication avait pour trame de fond,
l’importante et la préoccupante question de l’insertion professionnelle des jeunes. Dans le
présent compte rendu, nous revenons sur les points saillants de cette conférence pour ensuite
prolonger la réflexion sur les moyens d’accroitre les bénéfices des actions engagés.
Quelle est la situation de l’emploi des jeunes au Burkina Faso ?
La population burkinabè se caractérise par sa jeunesse. Les données issues du recensement
général de la population de 2006 indiquent que la population burkinabè est âgée en moyenne
de 21,8 ans et les moins de 20 ans représentent60% de la population. En tant que telle la
jeunesse de la population, si elle est insérée dans des professions, constitue une bonne chose.
Toutefois, sur ce plan,la situation n’est pas reluisante. En effet, 29,4% des jeunes urbains de
15 à 24 ans sont au chômage et du fait de la brièveté de la saison hivernale, le taux de sousemploi apprécié par la proportion de personnes occupées pendant un temps de travail inférieur
à la norme fixée par la législation du travail est de 26,7% en milieu rural.
Sur le plan structurel, les emplois sont repartis dans trois bassins à savoir, le bassin de
l’emploi rural et les bassins des emplois moderne et informel. Le bassin de l’emploi rural
occupe 85% de la population active dont les ¾ pratiquent uniquement l’agriculture de
subsistance, sans cultures de rente. En outre, seulement 3% de la main d’œuvre est occupée en
saison non hivernale.
Quant au bassin de l’emploi moderne, il n’occupe que 4% de la main d’œuvre du pays dans
des activités de l’économie urbaine structurée ou de l’administration publique. Le bassin de
l’emploi informel occupe quant à lui 11% de la population active du pays et 70% des actifs
urbains dont une forte part est constituée de femmes. L’emploi y est caractérisé par son
organisation traditionnelle et par sa faible productivité.
Le chômage des jeunes et la fragilité de la plupart des emplois de l’économie s’expliquentpar
des facteurs liés à l’environnement économique et démographique età la faiblesse de
l’employabilité des jeunes.
D’un point de vue de la structure de l’économie, le caractère embryonnaire de l’industrie et la
faiblesse du bassin d’emploi moderne ont comme conséquence la forte dominance du secteur
agricole dans la fourniture d’emploisprécaires à la population (85% des actifs). Sur le plan de
la démographique, le taux croissance de la population (+3,17%),génère une forte demande
1 d’emplois modernes dont la borne inférieure est estimée à 140 000 par an, contre une offre
d’emplois équivalent à 20 000 par an à l’horizon 2015.
Relativement à la faiblesse de l’employabilité des jeunes, on peut citer la faiblesse de
l’expérience professionnelle due à un système éducation qui ne sait pas allier l’enseignement
théorique et la formation dans l’entreprise. Font partie de ces causes, l’inadéquation entre la
formation et les besoins du marché du travail et l’insuffisance de la culture entrepreneuriale
des jeûnes diplômés.
Vu que les causes du chômage des jeunes sont à situer à plusieurs niveaux, pour y faire face,
le gouvernement a engagé une série d’actions et déployé plusieurs instruments et mécanismes
de promotion de l’emploi.
Les leviers d’actions de la promotion de l’emploi et les stratégies d’intervention
L’engagement de l’Etat pour l’insertion professionnelle des jeunes s’exprime à travers la
définition et la mise en œuvre de politiques, de mesures et instruments de promotion de
l’emploi. Ainsi depuis l’adoption en 2008 de la Politique Nationale de l’Emploi adoptée en
2008, les leviers d’actions de la politique de promotion de l’emploi s’articulent autour des
axes d’interventions suivants: (i) le renforcement de la prise en compte de l’emploi dans les
politiques sectorielles et transversales, (ii) le renforcement de la création d’emplois, (iii)
l’amélioration de l’employabilité, (iv) l’amélioration de l’organisation et du fonctionnement
du marché de l’emploi.
Dans la poursuite des objectifs de la politique, un certain nombre de mesures et d’instruments
ont été adoptés et mis en œuvre. En vue d’améliorer l’employabilité des jeunes, le vote en
2007 de la loi sur le volontariat et la mise en place en 2012 de l’organe exécutif de la politique
nationale de politique nationale d’enseignement et de formation technique et professionnel.
De même, le programme national de volontariat est en cours de mise en œuvre. En outre afin
de mieux organiser les formations aux métiers assurées en général des centres
d’apprentissage, à statut informel ou artisanal, la Commission nationale de certification a été
créée en 2011.
En vue de faciliter l’accès à l’emploi et à l’information sur l’emploi et la formation
professionnelle, l’Office Nationale la Promotion de l’Emploi a été restructuré en 2004 pour
devenir l’Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi, avec des attributions plus étendues.
L’Office National de l’Emploi et de la Formation qui fournit l’information sur l’emploi et la
formation professionnelle a été renforcé.
La communication du Ministre est aussi revenue sur les résultats en termes de financements
distribués, d’emplois créés et de personnes formées de certains instruments de promotion de
l’emploi et de l’employabilité des jeunes. Il s’agit entre autres, du programme d’appui à
l’insertion socioprofessionnel des jeunes diplômés, des programmes de formation aux
métiers, de formation à l’entreprenariat et du programme permis de conduire. Font parties des
instruments directs de promotion de l’emploi des jeunes, certainsprogrammes agricoles
2 incluant des composants emplois et des programmes de Travaux à hauts intensité de main
d’œuvre exécutés dans le passé.
Il existe en outre un mécanisme de financement de la formation professionnelle et de
l’apprentissage et des fonds ciblant des secteurs, activités et personnes spécifiques et le but est
la promotion de l’emploi à travers le soutien à la création et au développement de micros et
petites entreprises. Les fonds ont trait au Fonds d’appui au secteur Informel, au Fonds d’appui
à la promotion de l’emploi et au Fonds d’appui aux initiatives des jeunes, etc.
Les instruments nouveaux et en perspective sont relatif au Programme spécial de création
d’emploi, du Président du Faso qui fédérera les mesures nouvelles ayant un fort effet de levier
sur l’emploi ainsi que les instruments d’appui à la promotion de l’emploi bénéficiant du
soutien de partenaires techniques et financiers.
Comme on le voit, les instruments de promotion de l’emploi sont nombreux et l’activisme de
la politique économique en la matière s’est également renforcé au fil du temps. Cependant, si
l’accès à l’emploi se pose de plus en plus avec acuité chez de nombreux jeunes, la question se
pose de savoir commencer améliorer les résultats en termes de création d’emplois, de
l’ensemble des instruments et actions en engagées. Le choix est ici fait d’avancer quelques
stratégies pouvant permettre d’améliorer significativement et qualitativement l’employabilité
de la jeunesse burkinabè d’une part et d’autre part d’accroître la création d’emplois par le
canal des petites entreprises.
Par quelles mesures nouvelles peut-on améliorer l’employabilité de la jeunesse qui passe
surtout par le renforcement de la formation professionnelle et technique ? Sur le bassin de
l’emploi moderne, à travers l’institutionnalisation de la maitrise de la seconde langue
internationale du pays par tous les apprenants des écoles techniques, professionnelles et
supérieures. A court terme, la maitrise de l’anglais par tous les apprenants a l’avantage
d’élargir les possibilités de coopération qui s’offrent au pays dans l’enseignement technique,
professionnel et scientifique. Cela permettra de réduire la tension sur les ressources de la
coopération francophone en la matière et offre à la jeunesse des possibilitésplus larges de
formation. A moyen et long terme, la maitrise de l’anglais offre à la jeunesse, la possibilité
d’occuper des emplois à l’international. D’ailleurs, ce serait se duper que de croire en la
possibilité de l’économie burkinabè jadis exportatrice de main d’œuvre, d’absorber l’afflux de
ces demandeurs d’emploi que l’excès de croissance démographie et le tassement de la
migration vers l’extérieure impose au pays. Il s’agit d’une piste qui aurait dû être empruntée
depuis longtemps car les bénéfices que tire le Sénégal de sa diaspora installée dans les
développésexcèdentde loin, les recettes annuelles, que la culture du coton procure au Burkina
Faso. Et que dire des revenus que tire leLiban de l’expatriation de ces citoyens ?
Dans le bassin de l’emploi informel, développer la certification des connaissances acquises
par apprentissage. Cela passerait par l’assistance de l’Etat aux entreprises pour l’amélioration
des outils et des méthodes d’enseignement par la pratique. Dans un premier temps, les
promoteurs d’entreprises disposant d’une qualification pourraient être accompagnés en
attendant de pouvoir étendre une telle assistance. Il y a de quoi agir dans ce sens, si l’on
souhaite transformer les emplois informels dans les métiers de l’artisanat en emplois décents
3 (mécanique, soudure, maçonnerie, menuiserie, etc.). Le danger à éviter est celui de croire en
la capacité des ressources de l’Etat de construire, d’équiper et de faire fonctionner
suffisamment de centres de formation technique et professionnelle pour répondre aux besoins
de la jeunesse.
Concernant la promotion de la création directe des emplois ou de l’auto-emploi, les réformes
entreprises se trouvent au niveau des inflexions à introduire dans le code des investissements
pour par exemple alléger la fiscalité des grandes entreprises en fonction des objectifs
d’emplois réalisés. Pour les petites entreprises, il s’agit également d’introduire des
allègements fiscaux compatibles avec le développement de ce type d’entreprise.
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