UNIVERSITÉ OUVERTE 2013-­‐2014 Du neurone au cerveau: Une promenade dans la complexité du système nerveux Jean-­‐Pierre Henry Laboratoire Ma@ère et Systèmes Complexes, Université Paris Diderot hNp://www.msc.univ-­‐paris-­‐diderot.fr/ ~henry/ jean-­‐pierre.henry@univ-­‐paris-­‐diderot.fr Cours 4 Les réseaux de neurones: Comment ils fabriquent des propriétés nouvelles, la mémoire cellulaire Jeudi 28 novembre 2013 Résumé des cours précédents (1) • Le fonc@onnement du cerveau implique la circula@on d’informa@on entre un grand nombre de cellules (neurones) • L’informa@on est d’abord électrique, sous la forme d’une vague de poten@el circulant depuis l’extrémité dendri@que jusqu’à la terminaison synap@que (poten)el d’ac)on), à l’intérieur du neurone • Le passage de l’informa@on d’une cellule à l’autre est assuré par la libéra@on de molécules (neurotransme1eurs), à travers l’espace synap@que • La libéra@on du neurotransmeNeur (Exocytose) est déclenchée par une augmenta@on du Ca2+ dans la terminaison induite par l’arrivée du poten@el d’ac@on Résumé des cours précédents (2) • Le neurotransmeNeur libéré se fixe sur des récepteurs présents sur le neurone cible • Certains récepteurs sont des canaux que la liaison du neurotransmeNeur ouvre (récepteurs ionotropes) • CeNe ouverture modifie le poten@el de repos du neurone, déclenchant un poten@el d’ac@on (neurone excitateur) ou verrouillant sa genèse (n. inhibiteur) • D’autres agissent sur le métabolisme cellulaire (récepteurs métabotropes) par l’intermédiaire de protéines de signalisa@on (protéines G) • Dans ce cas, les effets sont divers: modifica@on de l’ac@vité de protéines, démarrage du programme géné@que) Comment les neurones travaillent ensemble • Comment une « mémoire » peut apparaître chez un invertébré • Et chez nous! • Le cerveau vu comme un réseau de neurones Comment les neurones travaillent ensemble • Comment une « mémoire » peut apparaître chez un invertébré • Et chez nous! • Le cerveau vu comme un réseau de neurones Comprendre un réseau de neurones • D’abord définir « une fonc@on » ou « un comportement » • Définir les neurones impliqués (anatomie) • Déterminer les signaux portés par ces neurones et comment ils circulent dans le réseau • Analyser les éléments cellulaires et synap@ques impliqués dans le fonc@onnement de ces neurones • Relier ces informa@ons à la situa@on in vivo • Est-­‐ce possible? Eric Kandel (Prix Nobel 2000): Les neurones et l’appren@ssage chez l’Aplysie • Kandel, ini@alement psychanalyste, suit le conseil: • “If you want to understand the brain you’re going to have to take a reduc@onist approach, one cell at a @me.” • Il a étudié l’appren@ssage chez l’Aplysie, gastéropode marin Son hypothèse de base La « mémoire » est un renforcement de circuits synap)ques au niveau des synapses hNp://www.nobelprize.org/nobel_prizes/ medicine/laureates/2000/kandel-­‐lecture.html A la recherche de la mémoire: une nouvelle théorie de l’esprit, Odile Jacob éditeur Le réflexe de « rétrac@on des branchies » L’appren@ssage • Quand le siphon est touché, le bord des branchies se déplace • Si l’expérience est répétée, l’animal s’habitue et la rétrac@on devient limitée (habitua)on) • Si on associe avec ce reflexe, un choc fort sur la queue, on récupère un reflexe fort • Après appren@ssage (Sensibilisa)on), l’effet est vu même sans toucher la queue • C ’est un reflexe associa@f Le réflexe de « rétrac@on des branchies » La mémoire • La réponse observée après un choc se main@ent pendant une durée d’environ une heure • Si le condi@onnement est répété sous forme de trains de s@mula@ons électriques, la réponse se main@ent au delà d’une semaine! Définir les neurones impliqués (1) un système favorable Ganglion abdominal: contrôle du comportement étudié • Ce travail (de bénédic@n) a été possible car l’aplysie n’a pas de cerveau et un nombre limité de neurones (20 000) • Les neurones sont organisés en ganglions • Ils sont de grande taille et de couleurs variables • Ils sont iden@fiables individuellement Définir les neurones impliqués (2) Repérage du circuit • A l’aide d’électrodes intracellulaires, le neurone sensoriel (sur le siphon) a été iden@fié (neurone à glutamate) • Puis, le neurone moteur (cholinergique), innervant les branchies • L’innerva@on du motoneurone contracte les branchies, celle du neurone sensoriel donne un poten@el d’ac@on et s@mule le motoneurone • Une s@mula@on répétée donne des trains de poten@els Déterminer les signaux portés par ces neurones et comment ils circulent dans le réseau (1) • Le réseau comporte un neurone sensoriel s@mulant (glutamate) le neurone moteur soit directement soit à travers un interneurone • Le choc passe par un neurone modulateur à sérotonine qui renforce le circuit Déterminer les signaux portés par ces neurones et comment ils circulent dans le réseau (2) • Le poten@el d’ac@on du neurone sensoriel induit sur le neurone moteur une réponse qui diminue avec le temps (habitua@on) • Un choc sur la queue rétablit une réponse forte • Correspondance avec la réponse comportementale Analyser les éléments cellulaires et synap@ques impliqués dans le fonc@onnement de ces neurones • Kandel va s’efforcer de déchiffrer les effets métabotropes du neurone à sérotonine qui expliquent la sensibilisa@on • Il va appliquer la sérotonine sur le neurone sensoriel • Il va injecter du cAMP ou de la kinase (enzyme de phosphoryla@on) dans le neurone sensoriel • Tous ces traitements « sensibilisent » ce neurone, qui produit des effets plus marqués sur le neurone moteur Résumé des mécanismes de sensibilisa@on à court terme Sensibilisa@on à long terme Étude sur des cultures de neurones (1) • Images d’une culture contenant un neurone sensoriel et un moteur • À gauche : culture contrôle; à droite, 5 applica@ons de sérotonine, puis incuba@on 24 h • Encadré: réponse électrique du neurone moteur après s@mula@on du neurone sensoriel: la sensibilisa@on est là • Le marquage fluorescent du neurone moteur montre des modifica@ons structurales (flèches): développement des synapses (le neurone sensoriel n’est pas marqué) (Bailey et al (1992) Neuron,9, 749) Sensibilisa@on à long terme Étude sur des cultures de neurones (2) • Le renforcement de la synapse implique d’abord un meilleur fonc@onnement: appari@on de vésicules • Dans un second temps, modifica@ons structurales: forma@on de nouvelles synapses • CeNe dernière étape requiert une synthèse de protéines et l’ac@va@on de gènes (Bailey et al (2008) Prog Brain Res, 169, 179) La « mémoire » de l’aplysie • Les travaux de Kandel montrent qu’un comportement impliquant appren@ssage et mémoire est déchiffrable en termes de neurones • L’élément clé est la synapse et l’appren@ssage apparaît comme un renforcement d’une synapse • Ce renforcement est dû à un dialogue entre la synapse et les gènes • La mémoire à long terme implique une inscrip@on dans les gènes • Ces mécanismes sont-­‐ils généralisables aux vertébrés ? Comment les neurones travaillent ensemble • Comment une « mémoire » peut apparaître chez un invertébré • Et chez nous! • Le cerveau vu comme un réseau de neurones Organisa@on générale du cerveau Comment s’y retrouver ? Le cerveau est l’extrémité d’un tube! (1) • Au cours de la gesta@on, le système nerveux apparaît comme un tube dont l’extrémité antérieure va se différencier pour former le cerveau • À gauche, vue latérale; à droite, vue de dessus • À ce stade, la par@e creuse est bien visible • Des structures se forment par stric@on et repliement Le cerveau est l’extrémité d’un tube! (2) • À un stade ultérieur, on voit apparaître des structures paires (vésicules op@ques, qui vont donner la ré@ne; télencéphale) • La par@e rouge va donner le tronc cérébral et le cervelet • La par@e verte (mésencéphale) le raphé, la substance noire • Le diencéphale, le thalamus, organe pair • Le télencéphale, les hémisphères cérébraux, qui vont tout recouvrir Le cerveau est l’extrémité d’un tube! (3) • À la fin du second trimestre, la forme générale est acquise • Remarquez la scissure latérale (scissure de Sylvius) et le sillon (sulcus) central qui définiront les aires cérébrales • En coupe, il ne subsiste de la lumière du tube que les ventricules • Sur la coupe, le thalamus (diencéphale) est visible • La couleur plus claire correspond à la « substance blanche » Régionalisa@on du cerveau adulte (1) • Le cerveau (1,3 à 1,4 kg) montre un grand développement des hémisphères cérébraux) • Certains détails morphologiques reproduc@bles permeNent d’iden@fier des régions: Scissure de Sylvius, sillon central (scissure de Rolando), sillon pariéto-­‐occipital) Régionalisa@on du cerveau adulte (2) • On dis@ngue, en avant, cortex frontal (bleu), limité en arrière, par le sillon central et en dessous, par la scissure de Sylvius • En arrière du sillon central et au dessus de la scissure, les cortex pariétaux (orange) • En dessous de la scissure de Sylvius, les cortex temporaux • Derrière le sillon pariéto-­‐ occipital, le cortex occipital Régionalisa@on du cerveau adulte (3) • Coupe du cerveau selon le plan B: les structures vues appar@ennent aux hémisphères (sauf le thalamus) • On dis@ngue la ma@ère grise extérieure et la blanche, interne • Remarquons l’Hippocampe, par@e ventrale du cortex temporal Un autre exemple de « mémoire » la Poten@a@on à Long Terme (LTP) (1) • L’hippocampe est une structure cérébrale impliquée dans la mémoire • Dans un test, on met des rats dans une piscine; il y a des ilots où ils ont pied • Ils apprennent rapidement à trouver ces ilots • Si l’hippocampe est lésé, ils n’apprennent plus! LTP (2) Les circuits neuronaux de l’hippocampe de rat • L’organisa@on neuronale est bien définie; la morphologie des neurones permet des repérages • On effectue des coupes de @ssus qui gardent les neurones fonc@onnels: les réseaux sont analysés in vitro • On étudie les synapses entre les neurones pyramidaux de l’aire CA3 et ceux de l’aire CA1 • Ces synapses sont ionotropes glutamate LTP (3): les circuits neuronaux • On peut s@muler le neurone 1 ou le 2 qui tous deux contactent la même cible • Une s@mula@on unique produit une dépolarisa@on de la cible, iden@que pour les 2 neurones • Si on envoie un train de s@mula@ons (10/s pendant 15s, tétanus) dans un des neurones, la s@mula@on unique suivante produit un effet plus important (poten)a)on), uniquement dans le neurone qui a été tétanisé (Lomo et Bliss, 1973) LTP (4): Durée de la Poten@a@on • La durée de l’effet de poten@a@on après la s@mula@on tétanique est longue • Dans le protocole indiquée, elle est supérieure à une heure • Dans certains cas, elle dépasse une année • Ce phénomène est la LTP, Poten)a)on à Long Terme • Il n’est pas spécifique de ceNe paire de neurones; on le trouve dans d’autres structures cérébrales Pourquoi la LTP est-­‐elle un modèle de stockage de l’informa@on ? (1) • Si on excite par un s@mulus unique (pas de LTP) et si simultanément, on dépolarise électriquement le neurone cible, on observe une LTP • On observe un renforcement (instruc@on) si il y a « coïncidence » temporelle entre les deux effets (fenêtre de ≈ 100 ms) • Ce n’est pas une somma@on simple car l’effet a une durée longue Le modèle de Hebb (1949) une hypothèse sur la stabilisa@on synap@que • Au cours du développement (cours 1), si des neurones déchargent de manière synchrone sur une même cible, les synapses sont renforcées • Si les signaux ne tombent pas ensemble, la synapse dégénère • Ce modèle est très souvent cité pour expliquer le développement mais aussi la mémoire et l’appren@ssage Pourquoi la LTP est-­‐elle un modèle de stockage de l’informa@on ? (2) • Spécificité: si on ac@ve la synapse du chemin 1, la synapse du chemin 2 n’est pas ac@vée • Le neurone cible enregistre séparément les informa@ons 1 et 2 Pourquoi la LTP est-­‐elle un modèle de stockage de l’informa@on ? (3) • Associa)vité: en revanche, si pendant une forte s@mula@on du chemin 1 (donnant une LTP), le chemin 2 est faiblement s@mulé, alors les deux synapses montrent une LTP • Madeleine de Proust Mécanisme moléculaire de la Poten@a@on à Long Terme • A la base, il y a une différence entre les deux types de récepteurs ionotropes du glutamate • En présence de glutamate, le type NMDA perméable au Na+ et Ca2+ est bouché par Mg2+; seuls le type AMPA est ac@f • Si la terminaison est dépolarisée, les ions Mg2+ sont chassés et le type NMDA devient ac@f Mécanisme de la LTP: Différence entre les récepteurs au glutamate Preuves expérimentales Appari@on de récepteurs AMPA Augmenta@on de l’ac@vité kinase • En haut: on mesure le courant passant par les récepteurs AMPA après une s@mula@on fine au niveau des épines dendri@ques • Leur ac@vité est toujours augmentée 120 min après LTP • En bas: on mesure l’ac@vité d’une protéine kinase ac@vée par le Ca2+ • La s@mula@on LTP ac@ve les récepteurs NMDA par lesquels le Ca2+ rentre Modifica@ons morphologiques (1) • À long terme, on observe des modifica@ons morphologiques du neurone cible • Augmenta)on du nombre d’épines dendri)ques sur les dendrites • La modifica@on est du côté post-­‐synap@que • De telles modifica@ons nécessitent une synthèse de protéines et donc une ac)va)on de gènes La Poten@a@on à Long Terme augmente le volume des épines dendri@ques Les marques sont espacées de 30min; le volume du neurone est rempli de la protéine GFP (Matsuzaki et al (2004) Nature,429, 761) La LTP implique une synthèse protéique • L’augmenta@on de volume de l’épine dendri@que (A,B) est induite par l’applica@on de glutamate et une s@mula@on postsynap@que • Elle disparaît si un inhibiteur de la synthèse protéique est ajoutée • Ce traitement fait aussi diminuer la stabilité de la poten@a@on mesurée électriquement (Tanaka et al (2008) Science,319, 1683) Modifica@ons morphologiques (2) Les seconds messagers Ca2+ et cAMP signalent au noyau la nécessité de démarrer la transcrip@on de gènes et la synthèse de protéines Conclusions sur la plas@cité synap@que • Les travaux sur la LTP et l’aplysie ont montré que la synapse est un relai très intéressant pour le stockage de l’informa@on • Les mécanismes sont différents pour le court terme, le moyen et le long terme • Dans ce dernier cas, l’informa@on est stockée dans l’appari@on de nouvelles synapses (modèle de Hebb) • La modifica@on peut commencer du côté pré-­‐ synap@que (aplysie) ou post-­‐synap@que (LTP) Comment les neurones travaillent ensemble • Comment une « mémoire » peut apparaître chez un invertébré • Et chez nous! • Le cerveau vu comme un réseau de neurones L’électroencéphalogramme, une approche globale non invasive (1) • Développé par le psychiatre Hans Berger en 1929 • Le signaux proviennent des couches superficielles (cortex) L’électroencéphalogramme, une approche globale non invasive (2) • Les signaux sont faibles (dizaines de µV), bruyants, altérés par les os crâniens • Ce dernier point jus@fie le développement de la Magnétoencéphalographie (MEG), les champs magné@ques n’étant pas perturbés par l’os • Dans certains états comme le sommeil, des signaux clairs (ondes) sont visibles, impliquant une synchronisa@on des signaux neuronaux Le cerveau et le sommeil (1) • Le sommeil est une succession de phases caractérisées physiologiquement • Le sommeil sans mouvement oculaire (non REM) passe par 4 phases jusqu’au sommeil profond (EEG) • A la fin d’un cycle, on passe par une phase à mouvements oculaires rapides (REM), voisine de la conscience, mais avec une paralysie musculaire • Les rêves sont nombreux dans ceNe phase Le cerveau et le sommeil (2) • Le traitement (Fourier) des signaux permet de dis@nguer des régimes différents dans les EEG • Veille et sommeil REM: ac@vité β: signaux rapides (15-­‐60 Hz), faible amplitude (30 µV) • Sommeil: stade 1: ondes θ (4-­‐8Hz, 50-­‐100µV); stade 2: signaux rapides (fuseaux, spindles, 10-­‐12Hz, 50-­‐150µV); stade 3 et 4: ondes δ (0,5-­‐4 Hz, 100-­‐150 µV) • Comment expliquer ce1e synchronisa)on? L’enregistrement extracellulaire (1) • Pour mesurer l’ac@vité électrique de réseaux complexes, in vivo ou sur des tranches, on u@lise des électrodes extracellulaires, souvent quatre (dessin) mais parfois jusqu’à 100 (nanotechnologies) • Chaque électrode enregistre des choses différentes • Deux types de signaux: des pics rapides (rouges) et des « oscilla@ons » correspondant les uns, à des poten@els d’ac@on et les autres, aux ondes de l’EEG (Figure: Karim Benchenane, ESPCI) L’enregistrement extracellulaire (2) • Les électrodes extracellulaires récupèrent toute l’ac@vité électrique environnante: plus de 100 neurones dans un rayon de 50 μm • L’ac@vité lente est aNribuée à la somme des varia@ons de poten@els de repos (excitateur ou inhibiteur) • Électroniquement, on peut isoler les poten@els rapides (ac@on) et les ondes lentes (LFP, Local Field Poten@al, Poten@el du Champ Local) (Figure: Karim Benchenane, ESPCI) L’enregistrement extracellulaire (3) • Par les enregistrements extracellulaires, on dis@ngue dans différentes aires du cerveau et dans différentes condi@ons, toutes sortes de rythmes • en par@culier, on retrouve les ondes détectées par EEG dans les différents états de veille et de sommeil • L’EEG est une mesure (dégradée) du Poten@el de Champ Local le plus proche: celui des neurones cor@caux pyramidaux (Figure: Karim Benchenane, ESPCI) Ac@vités coordonnées et sommeil (1) • Chez le rongeur endormi, avec ceNe technique, on mesure les ondes lentes δ en surface du cortex (trace rouge lente) ou en profondeur (trace noire) • On détecte aussi les poten@els d’ac@on des neurones (bleu, vert jaune et rouge) pendant une phase des ondes (up phase) • CeNe rythmicité disparaît à l’état de veille (Harris and Thiele (2011) Nature Rev Neurosc, 12, 509) Ac@vités coordonnées et sommeil (2) • Sur des pa@ents opérés (épilepsie), on enregistre pendant leur sommeil: EEG, EOG, mouvements des yeux; EMG, ac@vité musculaire; par des électrodes intracraniennes (D), l’EEG profond et des ac@vités neuronales mul@ples • (F): rouge et bleu: EEG; MUA: mul@ples unit ac@vi@es; noir: ac@vités individuelles (Nir et al (2011) Neuron, 70, 153) Ac@vités coordonnées et sommeil (3) • Enregistrement réel d’un pa@ent en sommeil profond • Rouge: Scalp EEG; bleu: EEG profond • Noir: ac@vité individuelle au niveau d’une électrode • Les zones grisées marquent les périodes « up », ac@ves • Certains groupes de neurones (cortex, hippocampe) peuvent se décharger de manière coordonnée • Remarque: pas de coordina@on sur tout le cortex Significa@on du sommeil (1) • Le sommeil profond est indispensable à la santé; il est présent chez les animaux depuis la mouche jusqu’à l’homme • Pendant le sommeil profond, l’ac@vité neuronale est diminuée pendant les phases « down » des ondes δ, ce qui peut poser des problèmes de vigilance à de nombreux animaux • Le dauphin résout ce problème en dormant d’un seul hémisphère à la fois • Pourquoi dort-­‐on ? Significa@on du sommeil (2) (Xie et al (octobre 2013) Science,342, 373) • Selon un travail récent, le sommeil permeNrait le « lavage » des neurone et l’excré@on des sous produits par le liquide céphalo-­‐ rachidien (LCR) • On injecte dans le LCR de souris des colorants fluorescents • Vert pendant le sommeil; il pénètre profondément • On réveille la souris et injecte un marqueur orange: il diffuse très mal • Dans l’expérience complémentaire, on injecte l’orange pendant la veille, puis on anesthésie la souris et injecte le rouge Conclusions sur le sommeil • Au cours du sommeil profond, des ondes lentes (0,5-­‐4 Hz) apparaissent dans les aires cor@cales • L’ac@vité des neurones pyramidaux du cortex est alors rythmique avec des phases silencieuses • Le sommeil (et ces rythmes) sont indispensables et correspondent à une période de récupéra@on • Plusieurs hypothèses ont été proposées • Selon l’une d’elle, les espaces accessibles à un lavage passeraient de 14% (veille) à 22% (sommeil) permeNant l’excré@on de produits de l’ac@vité neuronale Y a –t-­‐il des rythmes en dehors du sommeil? Les ondes θ dans l’hippocampe • Chez la souris en phase d’explora@on, des électrodes extracellulaires permeNent de montrer l’existence d’ondes dans l’hippocampe, une structure du cortex temporal • Le rythme est de 4 à 7 Hz, correspondant aux ondes θ (Figure: Karim Benchenane, ESPCI) « Les cellules de lieu » • Si on enregistre l’ac@vité de neurones de l’hippocampe, on constate qu’un neurone ne s’ac@ve que quand la souris est dans une posi@on donnée • Chacune des images de droite correspond à un neurone; la couleur correspond aux posi@ons de la souris qui allument ce neurone • La souris a une carte de son environnement dans son hippocampe: ces neurones sont des cellules de lieu (Figure: Karim Benchenane, ESPCI Les cellules de lieu et ondes θ • Une cellule de lieu émet des poten@els d’ac@on quand la souris est dans un lieu par@culier • L’ensemble des cellules de l’hippocampe oscille sur un rythme θ • les poten@els d’ac@on apparaissent-­‐ils à des instants par@culiers du cycle? (Figure: Karim Benchenane, ESPCI) Rela@on entre poten@el d’ac@on et cycle un phénomène curieux • La tache rouge correspond au territoire dans lequel la cellule de lieu étudiée répond • Le poten@el d’ac@on est figuré par le trait ver@cal • Plus la souris approche du centre de la tache rouge, plus la fréquence des poten@els d’ac@on augmente • On regarde la posi@on des poten@els d’ac@on sur le cycle θ (Figure: Karim Benchenane, ESPCI) Rela@on entre poten@el d’ac@on et cycle un phénomène curieux • On se rapproche du centre: la fréquence augmente • L’ac@vité n’est pas dans la même posi@on sur le cycle: les pics apparaissent plus tôt Rela@on entre poten@el d’ac@on et cycle un phénomène curieux • Le phénomène est régulier: les pics apparaissent de plus en plus tôt Rela@on entre poten@el d’ac@on et cycle un phénomène curieux • On s’éloigne du centre • La fréquence des pics diminue • Mais le décalage con@nue dans le même sens Rela@on entre poten@el d’ac@on et cycle un phénomène curieux • Les neurones de lieu envoient une double informa@on • En plus de l’indica@on de lieu, ils renseignent sur le sens du déplacement par rapport au centre du champ • CeNe indica@on est codée dans la fréquence des poten@el d’ac@on et dans la « phase » des pics par rapport au rythme Réseau neuronal et code neural • Le grand nombre de neurones et de leurs contacts rend difficile le passage de l’informa@on entre une cellule A et une cellule B • Pour qu’un message arrive à son des@nataire, il doit être codé d’une manière compréhensible par ce dernier • Le codage peut prendre des formes mul@ples de structura@on temporelle que les chercheurs essayent de décoder: nombre des poten@els, écarts entre eux,.. • Les rythmes peuvent apporter des éléments de structura@on des messages Conclusions • Après avoir cheminé parmi les caractéris@ques électriques et chimiques des neurones, nous avons exploré comment elles engendraient de nouvelles propriétés quand les neurones s’organisaient en réseaux • Des phénomènes de renforcement et de mémoire apparaissent quand la synapse u@lise la biologie cellulaire et son métabolisme • Sur des réseaux complexes, les propriétés électriques permeNent un raffinement dans les échanges de signaux • Le sommeil est un exemple frappant de coordina@on des ac@vités neuronales Cours 5 Comment aborder le fonc@onnement du cerveau Les organes sensoriels Jeudi 5 décembre 2013