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américain. L’accent est mis sur les traite-
ments symptomatiques (douleurs, fati-
gue, troubles sphinctériens) et sur la
prise en charge pluridisciplinaire asso-
ciant neurologue, rééducateur, infirmiè-
re référente spécialisée dans la SEP,
psychothérapeute, ergothérapeute, assis-
tante sociale, association de malades.
Ainsi, quel que soit le stade de sa maladie,
le patient n’est pas abandonné et cela
représente sans aucun doute l’un des
meilleurs traitements de fond qui soit.
Les patients concernés
Ils représentent in fine la majorité des
sclérosés en plaques. En effet, 50 % des
malades passent en forme secondaire-
ment progressive après dix ans d’évolu-
tion, 90 % après 25 ans. Si les formes
bénignes sont classiquement dans la pro-
portion de 30 % à 10 ans, elles ne repré-
sentent plus que 10 % à 22 ans.
Cinquante pour cent des formes d’em-
blée progressives ont un EDSS à 6 après
10 ans d’évolution et à 8 après 22 ans.
Quelle que soit l’évolution, 10 % ont un
EDSS à 8 après 10 et 15 ans et dans
34 % des cas après 30 ans. Ils souffrent
alors de difficultés motrices, de troubles
de la coordination, visuels, neuro-
psychologiques et sphinctériens. Alors
qu’auparavant, ils mettaient en avant à la
fois leur crainte d’invalidité mais aussi
leurs espoirs dans les thérapeutiques
nouvelles, avec le temps, les patients
expriment de plus en plus d’agressivité
vis-à-vis de la maladie mais aussi de leur
médecin. Comme ils le disent, leur
maladie les prive autant de leurs jambes
que de leurs rêves. Diminués, ils ont
perdu toute autonomie et sont totalement
dépendants de leur entourage. Le handi-
cap physique est rapidement générateur
d’un handicap social. L’atteinte des dif-
férentes fonctions entraîne une incapaci-
té de travail, source de perte financière
pour le malade et sa famille, mais aussi
pour la collectivité par le biais des diffé-
rentes prestations, indemnités, alloca-
tions versées. La SEP provoque égale-
ment un retrait de la vie sociale et asso-
ciative, le handicap confinant progressi-
vement les patients à domicile.
L’incidence sur l’entourage n’en est que
plus importante, puisque l’état du
patient peut conduire à une aide pluri-
quotidienne dont l’ampleur s’accroît
avec le handicap.
La solution : une nouvelle
prise en charge
De plus en plus, la prise en charge des
sclérosés en plaques, quel que soit le
stade de la maladie, va devenir ambula-
toire. Beaucoup des raisons qui pous-
saient encore à hospitaliser récemment
les patients deviennent caduques,
puisque les diagnostics, le traitement des
poussées ou l’instauration d’un interfé-
ron peuvent relever totalement de la
compétence et être dans les attributions
des neurologues de proximité. En revan-
che, pour ces patients au stade avancé,
affectés dans plusieurs de leurs fonc-
tions, l’approche pluridisciplinaire va
très vite devenir incontournable.
C’est dire tout d’abord l’importance des
réseaux de soins construits autour du
patient, regroupant certes les neurologues
(libéraux, hospitaliers, universitaires)
mais aussi les autres professionnels de la
santé impliqués dans la prise en charge
globale de la SEP, ainsi que les associa-
tions de malades.
C’est dire aussi l’importance des consul-
tations pluridisciplinaires permettant,
d’une part, d’organiser une prise en
charge adaptée des problèmes à la fois
sensorimoteurs, thymiques, cognitifs et
sociaux et, d’autre part, d’éduquer les
patients aux différentes thérapeutiques.
Durant quelques heures, les patients,
loin d’être délaissés, vont être vus par
plusieurs spécialistes : le neurologue, le
rééducateur prenant en charge le handi-
cap, la spasticité, les troubles génito-
sphinctériens – en collaboration éven-
tuellement avec les stomathérapeutes –,
la douleur et la fatigue, le psychologue
dont le rôle n’est plus à démontrer, l’in-
firmière spécialisée dans cette maladie
et tous ses traitements, l’assistante
sociale enfin, en relation avec l’ergo-
thérapeute et d’autres personnes pouvant
intervenir directement au domicile afin
d’adapter au mieux l’habitat, la salle de
bains et les moyens de transport au han-
dicap du patient. Cette consultation peut
déboucher sur la programmation d’une
“hospitalisation d’un jour”, comme disent
les Canadiens, afin de réaliser certaines
investigations complémentaires : écho-
graphie, examen urodynamique…, de
prescrire certaines thérapeutiques,
comme la toxine botulique ou le baclo-
fène intrarachidien, de réaliser certains
bilans kinésithérapiques spécifiques à la
SEP pour la spasticité, l’équilibre ou la
motricité, d’éduquer les patients aux
autosondages si le syndrome cérébelleux
n’est pas trop gênant ou à la neurostimu-
lation transcutanée. Le neurologue de
proximité va participer ensuite active-
ment à la mise en œuvre et au suivi des
traitements symptomatiques en collabo-
ration avec le médecin généraliste, le
kinésithérapeute et l’infirmière.
De nombreux symptômes sont tout de
même accessibles aux traitements médi-
camenteux. D’autres peuvent même par-
fois représenter une épine irritative à la
maladie elle-même. Est-il encore toléra-
ble de voir des patients non suivis régu-
lièrement sur le plan urinaire, alors que
l’on connaît l’influence des difficultés
mictionnelles et des infections qui en
découlent irrémédiablement sur les
symptômes préexistants et sur la fré-
quence des poussées ? Est-il encore per-
mis de négliger des symptômes comme
la douleur, la fatigue, les troubles
sexuels et la dépression, quand on sait à
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