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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. I - mars 2001
Les douleurs pelvi-périnéales
e périnée fait l’objet d’un investissement
lourd sur les plans culturel, affectif, émo-
tionnel et sexuel. Les patient(e)s qui souffrent
de douleurs périnéales chroniques sont sou-
vent en détresse psychologique, en particulier
lorsque aucune cause lésionnelle n’a été identi-
fiée. Nombre de ces patients ont des difficultés
ou des réticences pour parler de leurs symp-
tômes à leurs proches et même, parfois, à leur
médecin. Ils redoutent de s’entendre dire qu’ils
n’ont rien et que la douleur est “psychosoma-
tique”. Si certains de ces patients présentent
une détresse psychologique, une véritable
pathologie psychiatrique, répondant à des cri-
tères psychopathologiques positifs, n’est tou-
tefois en cause que très exceptionnellement.
Une anxiété ou une humeur dépressive sont fré-
quemment mises en évidence : elles sont pro-
bablement plus souvent une conséquence
qu’une cause de la douleur chronique. Elles
s’amendent en général rapidement lorsque le
traitement de la douleur est efficace. Le stress
génère à la fois des contractures musculaires et
une hypertonie sympathique qui peuvent parti-
ciper à une hypertonie urétrale, par exemple,
ou à une dyschésie. En pratique, il importe peu
que les difficultés psychologiques soient consi-
dérées comme une conséquence ou comme
une cause de la douleur ; elles sont là, consti-
tuent ensemble un “système” et doivent donc
faire l’objet d’une réponse de la part d’un
médecin souvent mal formé pour cela.
Face à la douleur d’un être vivant, en pratique
clinique comme en physiologie, faire la part de
la souffrance psychique et de ses manifesta-
tions somatiques ou séparer une agression tis-
sulaire de ses répercussions psycho-affectives
est impossible. Dans un contexte social et cul-
turel qui valorise la “performance”, la douleur
“physique” (si tant est que cette expression ait
un sens car, par définition, la douleur est une
émotion) est vécue par les patients et par les
médecins comme une fatalité : lorsqu’une
cause est identifiée, la “réalité” du symptôme
confère une "légitimité" à la plainte. La cause
du mal est, en quelque sorte, extériorisée. Le
patient qui la subit est disculpé. En revanche,
lorsque la douleur paraît disproportionnée par
rapport à la lésion tissulaire supposée être cau-
sale, le patient est d’emblée suspect, bientôt
coupable : le mal est dans sa tête, c’est-à-dire
fantasmé comme illégitime et socialement inac-
ceptable. Il le sait, et tentera donc de faire
alliance avec le médecin pour éviter une “psy-
chologisation” de la souffrance. Pour le méde-
cin, il est tout à la fois plus facile, moins fati-
gant, plus rapide, plus gratifiant, mieux
rémunéré, toujours mieux accepté par le
patient et généralement plus conforme à sa for-
mation de traquer inlassablement LA cause, en
multipliant les examens complémentaires et les
avis spécialisés, que d’aborder les dimensions
psychologique, émotionnelle, comportemen-
tale et sociale de la douleur. Si cette quête reste
vaine, une double culpabilité risque fort de
s’installer, susceptible d’altérer gravement la
relation médecin-malade : renvoyé douloureu-
sement à son impuissance, le (mauvais) méde-
cin est tenté de rejeter sur le (mauvais) patient
la responsabilité de l’échec du diagnostic et/ou
du traitement. Comme le souligne Gérard
Ostermann, le risque est alors celui d’un rejet
mutuel ou d’une escalade iatrogène dans un
désir commun de soulagement à tout prix. Nous
savons pourtant que la même lésion tissulaire
ne suscite pas la même émotion douloureuse
chez deux patients différents ou chez un même
patient à des moments différents ou dans des
conditions différentes d’environnement. De
nombreux facteurs sont capables de faciliter ou
d’empêcher la transmission des messages noci-
ceptifs, voire de les transformer : l’humeur, les
émotions, le stress, l’équilibre affectif, l’acti-
vité, la qualité du sommeil, l’équilibre hormo-
nal... La mémoire d’expériences antérieures, la
culture, l’état de l’environnement, etc., sont
susceptibles d’avoir une influence sur la noci-
ception. Notre cerveau n’élabore l’émotion
douloureuse à partir d’informations d’origine
Douleurs périnéales :
la relation médecin-malade
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M. Bensignor*
* Unité d’évaluation et traitement
de la douleur, clinique Viaud,
40, rue Fontaine de Barbin, 44000 Nantes.
Tél. : 02 40 37 26 26. Fax : 02 40 37 26 50.
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