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La Lettre d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 235 - septembre 1998
très rare avant 50 ans et débute en général entre 60 et 70 ans.
Le diagnostic de névralgie faciale ou tic douloureux de la face
se fait sur la clinique. La douleur est paroxystique, en éclair,
unilatérale (il y a seulement 5 % de formes bilatérales), dans
un territoire plus ou moins étendu d’une branche du trijumeau.
La douleur survient au moindre attouchement d’une zone
gachette, en général au niveau de la lèvre supérieure. Les
hommes qui ont une névralgie du V2 évitent soigneusement de
raser le cm2de moustache qui correspond très précisément à
leur zone gachette. Il y a un intervalle libre entre les crises. Il
n’y a pas ou peu de douleurs nocturnes. L’examen neurolo-
gique est en général normal. Les formes symptomatiques de
SEP, de tumeur, de malformation vasculaire (...) ne représen-
tent que 2 % des névralgies du trijumeau. Le traitement est
avant tout médical. Le Tégrétol®(carbamazépine) est habituel-
lement efficace et constitue un excellent test thérapeutique. Il
faut augmenter prudemment les doses, en commençant à 600-
1 200 mg. Une fois la dose active atteinte, le traitement doit
être poursuivi pendant 15 jours avant de commencer à dimi-
nuer les doses 100 mg par 100 mg. Les alternatives sont le Di-
Hydan®(phénytoïne) 300-500 mg, le Rivotril®(clonazépam)
2-6 mg et le Liorésal®(baclofène) 40-50 mg. Les formes
rebelles peuvent bénéficier d’un traitement chirurgical. La sec-
tion à ciel ouvert, type neurotomie rétrogassérienne, est prati-
quement abandonnée du fait de sa morbidité (les patients sont
souvent très âgés). L’injection superficielle d’alcool est efficace
dans 96 % des cas pendant 6 mois à un an et peut éventuelle-
ment être répétée. La dernière possibilité thérapeutique est
l’injection ou la coagulation percutanée de tout ou partie du
ganglion de Gasser.
La névralgie du glossopharyngien est déclenchée par la déglu-
tition (et non la mastication). La zone gachette est souvent
située au niveau de l’amygdale. Fait important, la névralgie du
glossopharyngien a très souvent une cause ORL, et il faut
s’acharner à dépister un cancer dont la névralgie pourrait être
la première manifestation.
Les manifestations douloureuses d’origine ostéo-articulaire,
F. Lioté (Paris).
Certaines manifestations douloureuses comme la dysphagie et les
céphalées postérieures peuvent avoir une cause rhumatologique.
Les dysphagies d’origine rhumatologique surviennent lorsque
l’hypopharynx ou l’œsophage sont comprimés par une saillie
antérieure du rachis. C’est le cas, par exemple, dans la maladie
de Forestier, en cas de volumineux ostéophytes arthrosiques,
plus rarement en cas de hernie discale ou de calcification dis-
cale antérieure. Le diagnostic repose sur les examens radiolo-
giques ou l’examen tomodensitométrique. Une mention parti-
culière doit être faite concernant une affection rare, mais pou-
vant prêter à confusion avec un abcès rétropharyngé : les calci-
fications apatitiques du muscle long du cou. La symptomatolo-
gie en est volontiers aiguë, bruyante, avec fièvre, cervicalgie
haute, dysphagie et raideur cervicale antalgique. Sur une radio-
graphie de profil, on peut apercevoir, dans les parties molles
prévertébrales, des calcifications homogènes, arrondies, régu-
lières, sans corticale osseuse et très caractéristiques. Ces calci-
fications vont disparaître avec les phénomènes inflammatoires
au bout de quelques semaines. Le traitement repose sur le port
d’une minerve et les AINS.
Une céphalée occipitale ou une douleur cervicale haute ne
doit être rapportée qu’avec une extrême prudence à une affec-
tion rhumatologique. Les céphalées cervicogéniques sont en
fait rares, et la cervicarthrose bien banale, dès l’âge de 25 ans.
Les algies vasculaires de la face, C. Thurel (Paris).
Les algies vasculaires de la face ont une symptomatologie très
stéréotypée. La forme typique est celle de l’homme jeune de 20
à 30 ans. Le début est exceptionnel avant 10 ans et après
60 ans. La douleur survient par accès de début brutal, au
niveau de l’angle interne de l’œil, de la tempe ou dans la
région rétro-orbitaire. En deux minutes, la douleur atteint une
intensité effroyable ; elle s’étend à l’œil, au front et à la joue.
Elle dure de 30 à 120 minutes, puis disparaît complètement.
Les signes accompagnateurs sont toujours identiques chez un
même patient : sudation uni- ou bilatérale, rougeur, larmoie-
ment, rhinorrhée, ptosis, myosis. La douleur survient tous les
jours, à une ou deux reprises, souvent la nuit et à heure fixe, et
ce pendant un à deux mois. Les accès surviennent une à deux
fois par an, pendant toute la vie. Il n’y a pas de facteur déclen-
chant, sauf la prise d’alcool pendant les périodes de crises. On
décrit deux formes cliniques : le syndrome de Statt, hémicrânie
paroxystique survenant dix à quinze fois par jour pendant cinq
minutes, et les formes chroniques avec des douleurs quoti-
diennes pendant des mois, voire des années.
Il n’est pas besoin de faire d’examen complémentaire ; l’inter-
rogatoire suffit pour diagnostiquer une algie vasculaire de la
face. Le problème est thérapeutique. Les traitements chirurgi-
caux sont inefficaces. Une fois débutée, rien ne peut enrayer la
crise douloureuse, sauf le sumatriptan (Imigrane®) 6 mg en
sous-cutané, qui est efficace dans 75 % des cas. Le traitement
préventif des crises repose sur les antimigraineux à fortes
doses : dihydroergotamine injectable (Dihydroergotamine San-
doz®), une injection intramusculaire par jour pendant dix jours,
Synacthène retard®(tétracosactide) 1 mg une fois par jour pen-
dant huit jours, vérapamil (Isoptine®, hors AMM) 120 à
240 mg trois fois par jour, méthysergide (Désernil®) en com-
mençant par un demi comprimé par jour et en augmentant pro-
gressivement jusqu’à trois comprimés au maximum (le risque
douleur
neurogène
mixte
composante
paroxystique
anti-
épileptiques
succès
succès
douleur
nociceptive
paracétamol
échec
codéine
échec
morphine
composante
continue
anti-
dépresseurs
douleur
mixte
addition des traitements