C ongrès ● réunion F. Saliba* 56th Congress of the A merican A ssociation for the S tudy of L iver D isease ( AASLD ) [1] AASLD Actualités sur la transplantation hépatique cription et 41 % le jour de la transplantation présentaient un score de MELD ≤ 17. Survie avant TH MELD < 15 100 80 MELD 15-25 80 60 MELD 26-30 40 MELD 31-35 20 A Survie après TH 100 0 * Centre hépato-biliaire, hôpital Paul-Brousse (AP-HP), université Paris Sud, Villejuif. [1] San Francisco, 11-15 novembre 2005. N.R. Barshes et al. ont analysé 9 136 patients adultes transplantés entre février 2001 et décembre 2003, et ils ont évalué la survie avant et après transplantation en fonction du MELD. Soixantetrois pour cent des patients transplantés avaient un score de MELD ≤ 25. Les auteurs confirment la valeur pronostique du MELD sur liste d’attente (figure 1A). À l’inverse, ils ont observé que la survie des patients à un an n’était significativement diminuée qu’à partir d’un score de MELD supérieur à 30. Cependant, la survie après TH restait excellente, même chez les patients les plus sévèrement atteints : 81,2 % pour un MELD 31-35 et 78,3 % pour un MELD supérieur à 35 (figure 1B). Le bénéfice de la transplan- Survie (%) Le score de MELD prédit la mortalité avant mais pas après transplantation (d’après N.R. Barshes et al., Houston, États-Unis, abstract 384) L’utilisation du score de MELD a permis aux États-Unis de rationaliser la gestion de la liste d’attente, afin de “prioriser” les patients en fonction de la gravité de leur hépatopathie. L’analyse de 12 996 malades (Merion AM. Am J Transplantation 2005;5:307-13) mis sur liste d’attente aux États-Unis a montré que 72 % d’entre eux au moment de l’ins- Cette étude a démontré qu’il y a une augmentation significative de la mortalité chez les patients transplantés ayant un score de MELD de 6-11 (OR : 3,64) et de 12-14 (OR : 2,35). Chez ceux ayant un score se situant entre 15 et 17, il n’existait pas de bénéfice de survie entre les transplantés et les malades non transplantés (OR : 1,21). Le bénéfice de survie n’était observé que chez les malades ayant un MELD > 17, avec une diminution du risque de mortalité de 38 %. Cette étude a montré que 40 % des patients transplantés aux États-Unis ne tirent aucun bénéfice de survie à un an de leur transplantation. Ce chiffre suggère qu’une proportion élevée de malades sont transplantés aux ÉtatsUnis sans bénéfice de survie par rapport à leur histoire naturelle avec, de surcroît, une augmentation du risque de mortalité en cas de MELD < 15. Survie (%) es dernières années, la transplantation hépatique (TH) a occupé une place de plus en plus importante au sein du Congrès de l’AASLD. Une journée de formation médicale continue (PostGraduate Course), riche en conférences de haut niveau, avec des controverses, était consacrée aux grandes thématiques actuelles de la transplantation hépatique. De nombreuses communications (présentations orales et posters) ont occupé les salles les deux premiers jours du congrès. La représentation médicale française d’année en année est de plus en plus forte. Nous résumons ci-dessous les principaux thèmes du congrès qui peuvent avoir un impact clinique. C Certains auteurs ont suggéré que l’usage du MELD comportait le risque d’une perte élevée de greffons s’ils n’étaient proposés qu’aux patients “priorisés” en raison d’un MELD très élevé. MELD < 15 60 40 MELD 31-35 20 MELD 36 Stade IV, NS 0 2 4 6 8 Mois 10 12 MELD 15-25 MELD 26-30 0 B MELD 36 0 2 4 6 8 10 12 Mois Figures 1A et B. Étude rétrospective évaluant la prédictibilité du MELD chez 9 136 patients transplantés entre 2001 et 2003. Le MELD prédit la mortalité avant mais pas après TH (d’après N.R. Barshes et al.). 59 Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006 C ongrès réunion tation augmente avec l’élevation du score de MELD. À titre d’exemple, pour les patients qui ont un score de MELD de 26-30, la survie à un an de la transplantation (86,1 %) était comparable à celle des patients transplantés avec un score de MELD de 15-25 (86,8 %), mais leur bénéfice de survie en “année de vie” était trois fois supérieur. En conclusion, le MELD prédit la mortalité sur liste d’attente, mais n’est pas un bon critère pour identifier les patients ayant un risque élevé de décès après TH. Transplantation pour cirrhose virale C : risque plus élevé d’insuffisance rénale après transplantation (d’après S. Asfandiyar et al., Detroit, États-Unis, abstract 725 actualisé ; B.M. McGuire et al., Birmingham, GrandeBretagne, abstract 724 actualisé) L’insuffisance rénale (IR) favorisée par les inhibiteurs de la calcineurine (ciclosporine ou tacrolimus) est une complication fréquente après transplantation. Elle évolue souvent vers une insuffisance rénale chronique, augmentant ainsi la morbidité et la mortalité à long terme. L’IR post-greffe semble être plus présente chez les patients diabétiques et chez ceux qui ont été transplantés pour une cirrhose liée au VHC. L’équipe de Detroit a revu rétrospectivement sa série de 309 patients transplantés, série constituée de 130 patients inclus pour cirrhose liée au VHC et de 179 autres inclus pour des atteintes hépatiques non liées au VHC. La récidive virale du VHC était classée en deux groupes : ceux qui ont développé soit une hépatite modérée (97 patients), soit une hépatite sévère (fibrose en pont) et une cirrhose (33 patients). L’IR était définie par le développement d’une créatinine supérieure à 1,8 mg/dl sur trois bilans successifs ; l’IR terminale l’était par le besoin d’une hémodialyse ou d’une tait à partir du 42e mois. L’IR semble être corrélée à la sévérité de la récidive virale C, mais cela nécessite encore d’être validé. greffe rénale. Les résultats de l’étude montrent que la fréquence de l’IR terminale était significativement plus élevée (p = 0,001) chez les patients VHC+ (13,1 %) que chez les non-VHC (3,9 %). L’influence du VHC demeurait significative dans l’analyse multivariée. L’incidence de l’IR globale était de 25,2 % chez les patients VHC et de 16,8 % chez les non-VHC (p = 0,096). L’incidence de l’IR était de 32,3 % chez les patients atteints d’une récidive d’hépatite C sévère et de 22,5 % chez ceux atteints d’hépatite C modérée. Le test de log-rank était significatif (p = 0,004) entre les trois groupes (figure 2). L’incidence de l’IR terminale était respectivement de 18,2 % et de 11,3 % chez les receveurs atteints d’hépatite sévère ou modérée. Le groupe non VHC est significativement différent des groupes VHC avec hépatite sévère (p = 0,002) et VHC avec hépatite modérée (p = 0,009). En revanche, il n’y avait pas de différence significative entre deux groupes VHC+ (p = 0,84). L’équipe de Birmingham a étudié, de façon prospective, la prévalence de la glomérulonéphrite (GN) chez les patients atteints de cirrhose avancée liée au VHC qui vont subir une transplantation hépatique. Des biopsies rénales ont été effectuées durant l’intervention de transplantation après avoir recueilli au préalable le consentement des patients. Trente-six patients ont signé le consentement, six patients ont été exclus car la biopsie rénale était jugée trop risquée. Les 30 patients inclus avaient une moyenne d’âge de 53 ans (41-73 ans), 69 % étaient des hommes, 83 % avaient un VHC de génotype 1. Cinquante pour cent des cirrhoses étaient mixtes VHC et alcooliques et 20 % étaient diabétiques. Seuls deux patients avaient un syndrome hépatorénal du type 1. Le score moyen de MELD était de 21. En préopératoire, 15 patients avaient des anomalies biologiques présentes (créatininémie élevée [12], hématurie [6], protéinurie [3]) et les 14 autres avaient des tests sanguins et urinaires normaux. En revanche, les résultats histologiques ont Les auteurs concluent que les patients transplantés pour cirrhose liée au VHC ont un risque plus élevé d’IR. La différence de la créatininémie entre les groupes VHC et non VHC se manifes% 100 Non-VHC (n = 179) 80 VHC modérée (n = 97) 60 Figure 2. Incidence d’IR (créatininémie > 1,8 mg/dl) après TH en fonction de la sévérité de l’hépatite C. Étude rétrospective : 309 patients transplantés (1995-2002). (D’après S. Asfandiyar et al.). 40 VHC sévère (n = 33) 20 p = 0,004 (non-VHC versus VHC) 0 0 2 4 6 8 10 Années post-TH 60 Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006 C ongrès réunion montré que sur les 30 biopsies, une était normale ; les 29 autres ont montré différents types de GN : GN membrano-proliférative type 1 (12 patients : 40 %), GN à IgA (7 patients), GN mésangiale non à IgA (6 patients : 20 %), glomérulosclérose focale segmentaire (un patient : 3 %) et anomalies mineures glomérulaires (3 patients : 10 %). Les lésions histologiques étaient analysées en fonction des paramètres sanguins et rénaux non invasifs (créatininémie, hématurie, protéinurie). Quatorze patients sur vingt-cinq (56 %) avaient des tests urinaires normaux. Aucun patient n’avait des cryoglobulines dans le sérum ou le tissu rénal. Enfin, ces résultats pourraient expliquer le taux élevé d’IR rapporté après transplantation. Récidive virale C post-TH : comparaison donneur cadavérique (DC) versus donneur vivant (DV). Importance de l’expérience du centre de transplantation (> ou ≤ 20 TH-DV) (d’après N. Terrault et al., San Francisco, États-Unis, abstract 7) 100 Survie du greffon 100 DC 75 DV > 20 50 25 0 A DV ≤ 20 DC versus DV > 20 ; p = NS DC versus DV ≤ 20 ; p < 0,001 1 2 3 Années après TH Le taux de rejet aigu était chez les transplantés à partir d’un DV et DC de 44 % et 35 % respectivement (p = NS). La survie p = NS 4 Risque cumulatif (%) Survie du greffon (%) Le but de cette étude rétrospective de neuf centres américains (du groupe d’étude des donneurs vivants adultes “A2ALL”) était de comparer la survie du greffon > 90 jours et l’incidence de la fibrose hépatique sévère (≥ F3 du score d’Ishak) chez les patients transplantés pour cirrhose virale C par un greffon provenant d’un donneur cadavérique (DC) et chez ceux transplantés par un greffon provenant d’un donneur vivant (DV). Une analyse additionnelle était faite en séparant les vingt premiers patients transplantés par un DV dans chacun des neuf centres (DV ≤ 20) des autres (DV > 20). Deux cent soixantequinze patients ont été transplantés de janvier 1998 à février 2002 (181 par un DV, 94 par un DC). Au moment de la transplantation, les patients transplantés à partir d’un DV avaient un score MELD moyen (15) significativement (p < 0,0001) plus bas que ceux transplantés à partir d’un DC (20). Le pourcentage de CHC associé était comparable (DV : 20 % ; DC : 29 % ; p = NS). Le traitement immunosuppresseur de base n’était pas significativement différent dans les deux groupes. Il était respectivement, pour les DV et les DC, le suivant : tacrolimus 76 % et 79 %, mycophénolate mofétil (MMF) 62 % et 56 %, corticoïdes à 3 mois 68 % et 65 %. L’âge moyen du donneur était : DV : 36,7 ans, DC : 39,6 ans ; p = NS. Risque cumulatif de fibrose (Ishak) ≥ 3 75 p = NS DC 50 DV 25 0 B 1 2 3 Années après TH 4 Figures 3A et B. Récidive virale C post-TH : comparaison donneur cadavérique (DC) versus donneur vivant (DV) en termes de survie de greffon (A) et risque cumulatif de fibrose (B) pondéré en fonction de l’expérience du centre de transplantation (> ou ≤ 20 TH-DV). Étude rétrospective multicentrique (1998-2003) : 275 patients (181 DV, 94 DC) (d’après N. Terrault et al.). 61 globale du greffon était significativement plus basse chez les patients transplantés à partir d’un DV (p = 0,02). En revanche, la différence disparaît (figure 3A), si on compare la survie du greffon transplanté à partir d’un DC à celle des DV en ne tenant pas compte des 20 premiers DV dans chacun des neuf centres (apprentissage des centres). Enfin, les facteurs prédictifs de la perte du greffon au-delà de 90 jours après la greffe étaient : DV ≤ 20 patients, CHC associé à la cirrhose en prégreffe. Sur le plan de la sévérité de la récidive virale C, une biopsie du greffon était disponible chez 25 % des patients transplantés à partir d’un DV et chez 38 % de ceux transplantés à partir d’un DC (p = NS). À un an après la greffe, le score de fibrose d’Ishak était ≥ 3 chez 15 % des transplantés à partir d’un DV et chez 13 % des transplantés à partir d’un DC (figure 3B). Les auteurs concluent que, dans les centres qui ont effectué plus de 20 transplantations par un DV, la survie du greffon et la sévérité de la récidive virale C ne sont pas différentes chez les VHC transplantés à partir d’un DV et chez ceux qui l’ont été à partir d’un DC. Récidive virale C post-TH : quel traitement immunosuppresseur ? (d’après C.G. Fasola et al., Géorgie, États-Unis, abstract 8 actualisé) De nombreuses études dans la littérature ont rapporté une relation entre le type et la nature du traitement immunosuppresseur et la sévérité de la récidive virale C sur le greffon. L’étude HCV3 est une étude prospective randomisée (1.1.2) multicentrique de 312 patients transplantés pour cirrhose VHC qui a comparé trois stratégies thérapeutiques : – groupe 1 : tacrolimus + corticoïdes [Cs] (bithérapie) ; – groupe 2 : MMF + tacrolimus + Cs (trithérapie) ; – groupe 3 : MMF + tacrolimus + daclizumab (pas de corticoïdes). Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006 C ongrès réunion était significativement plus faible (p < 0,05) dans le groupe 3 (pas de corticoïdes) que dans le groupe 1 (bithérapie) [figure 4A]. Il s’agit de la plus grande étude randomisée qui étudie prospectivement avec des documentations virologiques et histologiques l’impact de l’immunosuppression sur la récidive virale C après transplantation. L’objectif de l’étude est d’évaluer l’efficacité et la tolérance du MMF et d’un traitement sans corticoïdes dans le but de réduire le risque de rejet, la récidive virale C et les effets indésirables de traitement immunosuppresseur après TH. Les résultats intermédiaires à un an ont été présentés. La dose de tacrolimus était de 0,08-0,12 mg/kg/j, celle de MMF de 2-3 g/j, celle de daclizumab de 2 mg/kg à J0 et J3 et de 1 mg/kg à J8, celle de corticoïdes < 10 mg/j à J30 et < 5 mg/j à J90. Des biopsies hépatiques étaient réalisées systématiquement à J0, J90, J365 et J730. L’incidence de récidive histologique (stade Batts-Ludwig ≥ 2 à un an ou ≥ 3 à tout moment) était plus faible dans les groupes 2 et 3 comparativement au groupe 1 (figure 4B). On notait aussi une incidence plus faible mais non significative de l’agressivité de la progression de la récidive (augmentation > 1 stade entre J90 et J365) dans les deux groupes comportant le MMF (groupe 1 : 32 %, groupe 2 : 25 %, groupe 3 : 23 %). Les tests hépatiques étaient significativement meilleurs dans le groupe 3 (p < 0,05). La charge virale C à un an était comparable dans les trois groupes (tableau I). Il n’y avait pas de différence dans l’incidence de diabète, de cancer, d’infections, d’hypertension artérielle et d’hyperlipidémie entre les trois groupes. Les résultats à un an montrent qu’il n’y avait pas de différence en termes de survie entre les trois groupes respectivement (84 %, 88 % et 90 %). L’incidence de rejet aigu histologiquement prouvé A Absence de rejet à un an % 100 * p < 0,05 81 % 93 %* 87 % B % 450 Absence de récidive histologique à un an du VHC p = NS 35 % 22 % 50 0 34 % Tous les patients Bithérapie 0 Trithérapie Tous les patients Pas de Cs Figures 4A et B. Étude HCV3 312 patients, groupe bithérapie : tacrolimus + corticoïdes (Cs), groupe trithérapie : MMF + tacrolimus + Cs, groupe sans Cs : MMF + tacrolimus + daclizumab. Résultats à un an (d’après C.G. Fasola et al.). Tableau I. Étude HCV3 : taux d’ARN-VHC (UI/ml) à un an de la transplantation ; groupe bithérapie : tacrolimus + corticoïdes (C1) ; groupe trithérapie : MMF + tacrolimus + Cs ; groupe sans Cs : MMF + tacrolimus + daclizumab (d’après C.G. Fasola et al.). UI/ml (millions) Groupe 1 Bithérapie (n = 49) [%] Groupe 2 Trithérapie (n = 41) [%] Groupe 3 Pas de Cs (n = 89) [%] Faible ≤ 2,4 67,9 66 68,4 Moyen 2,4-4,7 15,1 21,3 11,2 17 12,8 20,4 Élevé > 4,7 62 Les auteurs concluent que les résultats intermédiaires de l’étude montrent que le traitement associant daclizumab, MMF et tacrolimus était bien toléré et associé à une incidence significativement plus faible de rejet. La récidive virale C dans l’état actuel de l’avancement de l’étude semble être comparable, avec une tendance en faveur des deux groupes comportant le MMF. À noter que la corticothérapie absente du groupe 3 était bien faible dans les deux autres groupes. On doit tout de même attendre les résultats définitifs de l’étude. Traitement de la récidive virale C après transplantation par PEG-IFNα-2a + ribavirine : étude TRANSPEG Analyse intermédiaire à un an (d’après Y. Calmus et al., Paris, abstract 739 actualisé) L’étude TRANSPEG est une étude randomisée multicentrique française. Elle a inclus 101 patients transplantés, entre un et 5 ans après la greffe et ayant une récidive histologique virale C avec un score Métavir ≥ 1. Ces patients ont été traités par PEG-IFNα-2a 90 µg/kg/sem., dose augmentée à 180 µg/kg/sem., et ribavirine 600 mg/j, puis 1 000 mg/j, pendant 12 mois. À 12 mois, les patients étaient randomisés pour poursuivre un traitement complémentaire pendant 12 mois par ribavirine ou placebo. L’objectif principal de l’étude était la réponse virologique à 12 mois (fin de la bithérapie) et à 30 mois (6 mois après la fin du traitement d’entretien). Les patients étaient de génotype 1 pour 73,4 % d’entre eux. Soixante-quinze pour cent des patients avaient un traitement immunosuppresseur par tacrolimus et 25 % par ciclosporine. Seuls les résultats à 12 mois (fin de la bithérapie) ont été rapportés. La réponse virologique était de 61 % en intention de traiter et de 75 % en analyse per-protocole (figure 5A). Elle était, en Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006 C ongrès réunion pour des troubles hématologiques (7 patients), des troubles psychiatriques (2 patients) et pour insuffisance rénale aiguë (2 patients). Ces résultats encourageants n’ont encore jamais été rapportés dans d’autres études, que ce soit en termes d’efficacité ou de tolérance. On attendra avec impatience les résultats définitifs. l’analyse per-protocole, de 100 % pour les génotypes 2 et 3 et de 67 % pour le génotype 1 (p = 0,001) (figure 5B). Il n’y avait pas de corrélation entre la réponse virologique, le score histologique, les paramètres biologiques à l’inclusion et le type de l’inhibiteur de calcineurine. Sur le plan histologique, à 12 mois, l’activité inflammatoire était significativement améliorée ; la fibrose est restée inchangée. Sur le plan biologique, l’hémoglobine a diminué, passant de 13,7 ± 1,5 g/dl à 11,3 ± 1,5 g/dl. Trente-sept pour cent des patients ont dû prendre de l’érythropoïétine et 12 % du G-CSF. Sur le plan de la tolérance, 22 effets indésirables graves ont été observés chez 18 patients. Aucun décès n’a été rapporté. Deux patients ont présenté un rejet aigu et 4 une infection. Le traitement était arrêté chez 11 patients Réponse virologique à 12 mois PCR (%) 100 75 % 61 % 50 0 Intention de traiter Per-protocole B Réponse virologique à 12 mois selon génotype (PP) PCR per-protocole (%) A Traitement par IFN ou PEG-IFN de la récidive virale C après transplantation : risque de rejet chronique (ductopénie) [d’après G. Landry et al., San Francisco, États-Unis, abstracts 720 et 335 actualisés ; C. Stanca et al., New York, États-Unis, abstract 324 ; S. Nair et al., La Nouvelle-Orléans, États-Unis, abstract 337 ; M. Berenguer et al., Valence, Espagne, abstract 341] 100 100 % p = 0,004 67 % 50 0 Génotype 1 ou 4 Génotype 2 ou 3 Le traitement par de l’interféron (IFN) ou par l’interféron pégylé (PEG-IFN) peut, en stimulant le système immunitaire, induire un risque de rejet aigu ou chronique chez les patients transplantés. Le composant principal du rejet chronique est histologiquement une raréfaction des canaux biliaires, appelée aussi “ductopénie”. Quelques articles dans la littérature ont déjà rapporté un risque de rejet aigu en cours de traitement ou après. Quatre études rapportées dans 5 abstracts à ce congrès attirent l’attention sur le risque de ductopénie favorisé par le traitement par IFN ou PEG-IFN. L’incidence varie de 7 % à 20 % (tableau II). G. Landry et al. montrent l’impact de la survenue d’un rejet chronique sur la survie du greffon (figure 6). Le rejet chronique était associé à la perte du greffon quelle que soit l’étiologie de la maladie initiale. La perte du greffon était particulièrement accélérée chez les patients VHC+ comparativement aux patients non VHC. La survie du greffon à 3 ans était de 50 % chez les patients VHC avec rejet chronique et de 63 % chez les patients non VHC. L’hépatite C et l’interféron étaient les deux facteurs de risque indépendants prédictifs de rejet chronique durant la première année post-transplantation pour VHC. Figures 5A et B. Traitement de la récidive virale C après TH par PEG-IFNα-2a + ribavirine. Étude TRANSPEG : 101 patients, réponse virologique à un an (d’après Y. Calmus et al.). Auteurs Type IFN Incidence RC IFN 7/101 patients (7 %) C. Stanca et al. (abstract 324) PEG-IFN 12/70 patients (17 %) S. Nair et al. (abstract 337) IFN PEG-IFN 6/30 patients (20 %)* IFN PEG-IFN 6/67 patients (9 %)** G. Landry et al. (abstracts 720 et 335) M. Berenguer et al. (abstract 341) 100 Survie du greffon (%) Tableau II. Résultats de 4 études rétrospectives étudiant l’incidence du rejet chronique (RC) après traitement par IFN ou PEG-IFN. 90 80 70 RC 60 p < 0,0001 50 * 30 patients traités pendant une durée de 12 mois ** Rejet aigu sévère ou rejet chronique Pas de RC 0 6 12 18 Mois 24 30 36 Figure 6. Impact du rejet chronique (RC) sur la survie du greffon. 63 Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006 C ongrès réunion Dans l’étude de C. Stanca et al., 12 patients sur 70 traités par bithérapie PEG-IFN et ribavirine ont développé un rejet chronique en cours de traitement. Deux patients ont été retransplantés, un est sur la liste d’attente de retransplantation, 2 patients sont décédés et 7 autres sont en cours de traitement de leur rejet chronique. Dans l’étude de S. Nair et al., la survenue d’une ductopénie était plus fréquente chez les répondeurs au traitement de la récidive VHC (5 patients sur 6). Le devenir de ces patients était le suivant : 2 sont décédés, un est en attente de retransplantation et 3 gardent un rejet chronique persistant. Dans l’étude de M. Berenguer, 4 patients ont développé un rejet chronique : un a été retransplanté, 2 se sont améliorés et un est perdu de vue. Pour les deux patients qui ont développé un rejet aigu sévère, l’un est décédé et l’autre s’est amélioré. Réponse virale et résistance à l’adéfovir dipivoxil chez les transplantés hépatiques : intérêt de l’association des analogues (d’après A. Lok et al., Ann Arbor, ÉtatsUnis, abstract 91 actualisé) Cette étude sur la réponse virologique et la survenue de résistances à l’adéfovir a été conduite par le NIH chez les patients en attente de transplantation hépatique ou chez les transplantés hépatiques. Il s’agit de données rétrospectives issues de 81 patients traités par adéfovir (ADV) > 6 mois, avec un suivi médian de 18 mois (6-49 mois). Chez 64 patients, l’ADV était débuté en préTH, 29 patients ont été transplantés (45 %) et chez 17 autres patients l’ADV était débuté en post-TH. Soixante-cinq patients avaient eu un traitement par lamivudine (48 patients lamivudine- résistants). Les résultats montrent que la réponse virologique à l’ADV (10 mg/j) dans cette population est suboptimale, avec 50 % de réponse définie par un ADN-VHB < 4 log copies/ml à 12 mois. Ces résultats sont équivalents à ceux obtenus dans les deux grands essais thérapeutiques chez les sujets AgHBe+ (26 % ADN-VHB < 400 copies/ml) [Marcellin P et al. Adefovir dipivoxil for the treatment of HBe Ag positive chronic hepatitis B. N Engl J Med 2003; 348(9):808-16] et chez les sujets AgHBe(68 % ADN-VHB < 1 000 copies/ml) [Hadziyannis SJ et al. Adefovir dipivoxil for the treatment of hepatitis HBe Ag negative chronic hepatitis B. N Engl J Med 2003;348(9):800-7] ou un peu moins bons. Les facteurs associés à une réponse virologique étaient les sujets de race asiatique et les patients AgHBe négatifs. La survenue d’une résistance à l’ADV est observée après un suivi médian de 18 mois chez 7,4 % des patients avec un risque cumulatif de survenue de la résistance à un et trois ans de 1,5 et 13,3 %. La résistance à l’ADV semble donc légèrement supérieure dans cette population par rapport à ce que l’on observe dans les études chez les patients AgHBe+, avec une résistance à 1, 2, 3, 4 et 5 ans de 0 %, 2 %, 7 %, 15 % (Locarnini, EASL 2005), et chez les patients AgHBe-, avec une résistance à 1, 2, 3, 4 et 5 ans de 0 %, 3 %, 11 %, 18 % et 28 % (Hadziyannis, EASL 2005). Chez les patients résistants à la lamivudine (LAM), le taux de mutation à l’ADV à 3 ans est de 5 % (Brown, AASLD 2004). L’intérêt de ce travail est de montrer que les facteurs de risque de survenue de la résistance sont connus : l’absence de réponse virologique à un an, mais aussi la durée courte d’association LAM + ADV. Ce dernier point est capital et suggère que, chez les patients ayant une résistance à la lamivudine, cette dernière ne doit pas être arrêtée, et 64 que l’association LAM + ADV doit être maintenue longtemps chez les patients présentant une hépatopathie évoluée. Cela milite aussi pour la prescription initiale d’un traitement par association des analogues dans le traitement des hépatites chroniques graves. Carcinome hépatocellulaire : peut-on élargir les critères de Milan ? (d’après C. Duvoux et al., Créteil, abstract 342 actualisé) Initialement, les critères d’indication à la transplantation hépatique pour carcinome hépatocellulaire (CHC) étaient ceux de Bismuth (un nodule ≤ 3 cm ou ≤ 3 nodules ≤ 3 cm chacun). Rapidement, les critères de Milan sont devenus les critères reconnus et admis par la majorité des centres de transplantation ; ce sont : 1 nodule ≤ 5 cm de diamètre ou ≤ 3 nodules ≤ 3 cm de diamètre chacun. Le but de cette étude rétrospective multicentrique française (14 centres) est d’évaluer les résultats de la transplantation hépatique pour CHC en élargissant les critères de Milan (Milan+) : ≤ 5 nodules ≤ 5 cm de diamètre chacun. L’analyse reprend 414 patients transplantés pour CHC entre 1987 et 1998. Elle montre l’absence de différence en termes de survie à 5 ans entre les patients transplantés pour CHC selon les critères de Milan classiques et les critères Milan+ (figure 7A). Le taux de récidive était respectivement de 20 % et de 24 % pour les Milan et les Milan+ (p = NS) (figure 7B). Cependant, les caractéristiques tumorales des patients sur l’imagerie en prégreffe et sur l’histologie du foie détransplanté (nombre, diamètre et taille des nodules, AFP, dédifférenciation tumorale) étaient significativement très différentes. Seule l’invasion vasculaire était comparable dans les deux groupes Milan (23,5 %) et Milan+ (22,6 %). À ce stade, ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006 C ongrès réunion A nodules) n’était pas significativement différent. La médiane de durée de suivi était comparable, mais relativement courte, entre les deux groupes (24 mois versus 24,9 mois). Les résultats en termes de survie des patients étaient comparables dans les deux groupes, et ce que l’on applique les critères de Milan ou ceux de l’UCSF (figures 8A et B). B Survie 60,9 % Récidive (%) Survie (%) 1,0 0,8 0,6 55,1 % 0,4 p = 0,18 0,2 Probabilité de récidive CHC 100 80 60 40 20 p = 0,38 24 % 20 % 0 0,0 0 10 20 30 40 50 60 Mois après TH 0 Milan : 270 patients 10 20 30 40 Mois après TH 50 60 Milan+ : 62 patients Figures 7A et B. Étude française rétrospective multicentrique (14 centres) : comparaison de 270 patients transplantés selon les critères de Milan (1 nodule ≤ 5 cm ou ≤ 3 nodules ≤ 3 cm chacun) à 62 patients hors critères de Milan+ (1 nodule ≤ 5 cm ou ≤ 5 nodules ≤ 5 cm chacun) en termes de survie (A) et de récidive CHC (B) à 5 ans (d’après C. Duvoux et al.). Carcinome hépatocellulaire : les critères (Milan et UCSF) de TH pour CHC sont-ils toujours valides après chimio-embolisation (CE) ? (d’après D.Y. Kim et al., Séoul, Corée du Sud, abstract 353) mio-embolisation intra-artérielle hépatique (CE). Quatre-vingts patients transplantés pour CHC entre 1996 et 2004 ont été revus rétrospectivement et répartis en deux groupes : un groupe transplanté sans CE (groupe TH) et un groupe transplanté après que les patients ont reçu au moins une CE (groupe CE-TH). Dans le groupe CE-TH, 15 patients (37,5 %) ont eu une CE, 16 patients (40 %) ont eu 2 CE et 9 patients (22,5 %) ont eu 3 CE ou plus. Le taux d’AFP n’était pas significativement différent entre les deux groupes (groupe TH : 3 994 ± 20 766 ng/ml, groupe CETH : 247 ± 692 ng/ml ; p = 0,26). Parallèlement, le profil tumoral des deux groupes (nombre et taille, diamètre maximal et diamètre total des Récemment, l’équipe de San Francisco a proposé les critères de l’UCSF (University of California, San Francisco), qui vont au-delà des critères de Milan et qui sont : un nodule ≤ 6,5 cm de diamètre ou ≤ 3 nodules ≤ 4,5 cm de diamètre chacun, avec un diamètre total des nodules ≤ 8 cm. Le but de l’étude est de déterminer si les critères de Milan et de l’UCSF sont toujours valides chez les patients qui ont reçu avant la transplantation une ou plusieurs séances de chiA CE-TH TH p = NS 0 25 50 75 Mois 100 Survie des patients traités selon les critères de l'UCSF 100 80 60 40 Survie (%) Survie (%) 100 80 60 40 20 0 B Survie des patients traités selon les critères de Milan 125 20 0 TH CE-TH p = NS 0 25 50 75 Mois 100 125 Figures 8A et B. Survie en fonction des critères de Milan et de l’UCSF de 80 patients transplantés pour CHC entre 1996 et 2004 répartis en 2 groupes : groupe TH : 40 patients, groupe CE puis TH : 40 patients (d’après D.Y. Kim et al.). 65 L’auteur conclut que les critères de Milan et de l’UCSF restent valides et montrent une évolution favorable chez les patients ayant reçu une ou plusieurs cures de CE. Transplantation pour CHC sur cirrhose et survie : comparaison donneur cadavérique (DC) versus donneur vivant (DV) (d’après L.M. Kulik et al., Chicago, États-Unis, abstract 9 actualisé) Le but de l’étude rétrospective de neuf centres américains (du groupe d’étude des donneurs vivants [DV] adultes “A2ALL”) était de déterminer s’il existe une différence entre les patients transplantés pour carcinome hépatocellulaire à partir d’un donneur cadavérique (DC) et ceux transplantés à partir d’un DV en termes de récidive de cancer, de survie globale et de survie sans récidive. Cent sept patients ont été étudiés. Quatre-vingt-sept ont été transplantés (DV : 56 patients, DC : 31 patients) entre 1998 et 2003. Le délai entre l’inscription sur la liste d’attente et la transplantation était significativement plus court pour les receveurs de greffons de DV que pour les receveurs de greffons de DC (162 versus 471 jours ; p < 0,01). Malgré le fait qu’il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes au niveau du stade évolutif de la tumeur (sur le foie détransplanté), il a été rapporté une différence significative sur le nodule le plus large (DV : 4,7 cm, DC : 3,1 cm ; p = 0,02), sur le nodule > 5 cm (DV : 30 %, DC : 7 % ; Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006 C ongrès réunion L’anticorps anti-gp 210 est un marqueur d’évolution péjorative de la cirrhose biliaire primitive (CBP) (d’après C. Corpechot et al., Paris, abstract 685 actualisé ; M. Nakamura et al., Omura, Japon, abstract 678 actualisé) p = 0,01) et sur l’invasion vasculaire (DV : 21 %, DC : 7 % ; p = 0,05). Le taux de récidive de cancer à 3 ans était de 0 % pour les DC et de 42 % pour les DV (p = 0,003), ce qui, selon l’auteur, est à mettre en balance avec les patients non transplantés et décédés sur la liste d’attente. Les résultats montrent une absence de différence significative entre les deux groupes sur la survie globale et la survie sans récidive (figures 9A et B). Le type de donneur n’est pas prédictif de récidive ou de décès. Les facteurs prédictifs significatifs de récidive ou de décès étaient l’année de transplantation (19982000 versus 2001-2003) (HR : 0,26 ; p = 0,01), le taux d’AFP (HR : 1,48 ; p < 0,0001) et l’âge du receveur (HR : 1,06 ; p = 0,02). Chez les malades avec CBP, des études préliminaires avaient suggéré que la présence d’anticorps anti-gp 210 pourrait être un marqueur prédictif d’une évolution défavorable. Deux études indépendantes (française et japonaise) ont évalué la valeur pronostique de l’anticorps anti-gp 210 (anticorps nucléaire dirigé contre les pores nucléaires) et de différents types d’anticorps nucléaires. La prévalence des anticorps anti-gp 210 était de 16 % dans la cohorte française et de 32 % dans la cohorte japonaise. Ces deux études réalisées à partir d’échantillons importants de malades avec CBP confirment que les patients avec un anticorps anti-gp 210 ont une évolution plus sévère. Les différences L’auteur conclut que la survie à plus long terme pourrait être affectée par la transplantation, dans le groupe transplantés à partir d’un DV, de patients ayant des tumeurs plus agressives. A B Survie DC 75 DV 50 Survie sans récidive 100 DC Survie (%) Survie (%) 100 25 75 46 % 25 p = 0,62 0 0 p = 0,08 1 2 Années après TH 0 3 0 1 2 Années après TH 3 Effets indésirables (%) Figures 9A et B. Comparaison de la survie à 3 ans (A) et de la survie sans récidive (B) chez les patients transplantés pour CHC sur cirrhose à partir d’un DV (56 patients) et à partir d’un DC (31 patients) (d’après L.M. Kulik). Figure 10. Cohorte de 168 patients français ayant une CBP : progression actuarielle vers la cirrhose ou la transplantation hépatique ou le décès en fonction de la présence d’anti-gp 210 (d’après C. Corpechot et al.). 100 p = 0,0256 75 Anti-gp 210- 25 0 En conclusion, la recherche d’anticorps cerclés (principalement anti-gp 210) devra faire partie du bilan initial de la CBP. Des études ultérieures devront analyser l’intérêt pronostique d’autres profils sérologiques (anti-MND ou association anti-centromère et antigp 210). Tableau III. Facteurs prédictifs indépendants de progression vers la cirrhose, la transplantation hépatique ou le décès (d’après C. Corpechot et al.). Anti-gp 210+ 50 L’étude japonaise suggère que les patients avec double positivité anti-gp 210 et anti-centromère pourraient avoir une évolution plus péjorative que ceux ayant des anticorps anti-gp 210 isolés (40 % versus 23 %), bien que la différence ne soit pas significative (p = 0,2), en raison probablement d’effectifs insuffisants. L’étude française menée sur 168 patients suggère que les anticorps de type MND (multiple nuclear dot pattern) pourraient être associés à une évolution péjorative. La progression actuarielle vers la cirrhose ou la transplantation hépatique ou le décès en fonction de la présence d’anti-gp 210 est illustrée dans la figure 10. Les facteurs prédictifs indépendants de progression vers la cirrhose, la transplantation hépatique ou le décès figurent dans le tableau III. 79 % DV 50 principales entre les deux études française et japonaise étaient les suivantes : une différence de sensibilité des techniques utilisées pour la détection des anticorps ou des différences ethniques entre les deux cohortes, qui pourraient contribuer aux différences de prévalence entre les deux études. 0 5 10 Années 15 66 20 Risk-ratio IC95 p Bilirubine > 17 µmol/l 2,15 (1,05-4,50) 0,037 TP < 80 % 3,15 (1,29-7,27) 0,013 Anti-gp 210+ 1,73 (1,21-2,47) 0,003 Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006 C ongrès réunion Cancer de novo après transplantation hépatique (d’après M. Gautam et al., San Francisco, États-Unis, abstract 348 actualisé) L’incidence de cancer de novo rapportée après transplantation hépatique (TH) varie de 3 % à 26 %. Le but de cette étude rétrospective cas/contrôle est d’évaluer l’incidence et surtout l’impact du cancer de novo sur la survie à long terme après TH. Cinquante patients sur 1 043 transplantés entre 1988 et 2000 ont développé 53 cancers de novo, dont le détail est donné dans le tableau IV. Les cinq autres types de cancer étaient des cancers ORL (3 patients) et urinaires Tableau IV. Cancer de novo : 50 patients/ 1 043 patients (4,8 %) ont eu 53 cancers de novo (d’après M. Gautam et al.). Type de tumeur Nombre (%) Cutané 17 (32) Digestif 11 (21) Hématologique 9 (17) Gynécologique 6 (12) Poumon 5 (9) Autres 5 (9) (2 patients). La médiane de suivi après transplantation était de 6,7 ans (extrêmes : 2,5 mois-13,9 ans) et, pour les cas contrôles, elle était de 7,8 ans (extrêmes : 21 jours-13 ans). Les résultats de l’étude montrent que la survie des patients qui ont développé un cancer cutané était comparable à celle dans le groupe contrôle, mais significativement différente de celle des patients qui ont développé un cancer non cutané (p = 0,0001 ; hazard-ratio 4,9 ; p = 0,004) (figure 11). La médiane de survie après le diagnostic de cancer était de 3 mois pour le cancer du poumon, de 8,5 mois pour le cancer digestif et de 27 mois pour le cancer hématologique. Causes de mortalité tardive après transplantation (d’après M.A. Heneghan et al., Londres, Grande-Bretagne, abstract 330 actualisé) L’équipe du King’s College Hospital de Londres rapporte les causes de décès des patients transplantés ayant survécu entre 5 ans et 10 ans et au-delà de 10 ans après la greffe. Il s’agit d’une étude rétrospective de 713 patients transplan- (%) 1,0 Cutané* 0,75 0,50 Figure 11. Survie en fonction du type de cancer versus contrôles appariés (d’après M. Gautam et al.). 0,25 0,0 * p = 0,0001 0 Contrôles Non cutané* 5 10 Années après TH 67 15 Tableau V et VI. Causes de mortalité tardive après transplantation chez 713 patients transplantés de 1988 à 1995 (d’après M.A. Heneghan et al.). Causes de décès entre 5 et 10 ans (n = 26) Cancer 7 (27 %) Cardiaque 4 (15 %) Cérébrovasculaire 4 (15 %) Sepsis 4 (15 %) Défaillance du greffon 3 (12 %) Suicide 1 (4 %) Autres 3 (12 %) Causes de décès > 10 ans (n = 11) Sepsis 5 (46 %) Cardiovasculaire 2 (18 %) Défaillance du greffon 2 (18 %) Récidive de maladie 1 (9 %) Hémorragie 1 (9 %) tés entre 1988 et 1995 (adulte : 81 %, enfants : 19 %). Le taux des patients survivants entre 5 et 10 ans était de 67,8 % et celui des patients survivants au-delà de 10 ans était de 63,2 %. Soixante-treize pour cent des causes de décès entre 5 et 10 ans et 55 % des causes de décès au-delà de 10 ans sont liées aux conséquences du traitement immunosuppresseur au long cours (accident cérébral et cardiovasculaire, cancer et sepsis) et plus faiblement à la défaillance du greffon ou à la récidive de la maladie initiale (tableaux V et VI). Cela amène à réfléchir et à tenir compte dans les stratégies de traitement immunosuppresseur actuelles des risques de l’immunosuppression à long terme : immunosuppression à la carte, épargne des corticoïdes, des inhibiteurs de la calcineurine, arrêt de l’immunosuppression, marqueurs de tolérance… ■ Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n o 1 - janvier-février-mars 2006