Figure 1. Carcinome infiltrant constitué par une
stromaréaction fi breuse prédominante (coloration
à l’hématoxyline-éosine-safran [HES], × 100). La
composante infi ltrante formée de tubes et de travées
est minoritaire, intriquée avec la composante intra-
canalaire d’architecture massive.
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 8 - octobre 2012 | 385
Résumé
L’hormonosensibilité est aujourd’hui évaluée en routine au diagnostic de carcinome infiltrant par l’expres-
sion des récepteurs hormonaux en immunohistochimie. Le seuil de positivité a été défini initialement à
10 % de cellules marquées, car il s’agit de la valeur qui assure la meilleure corrélation avec la méthode
biochimique. Une étude récente, qui ne fait pas l’unanimité, suggère que le seuil d’efficacité clinique est
à 1 %. Il a été évalué à partir d’un matériel tissulaire, peu représentatif et différent de celui qui est utilisé
en routine. Des études publiées sur les tumeurs dont l’expression pour les RH est comprise entre 1 et 10 %,
on peut retenir qu’elles sont rares et touchent moins de 1 % de la population, que leurs caractéristiques
histologiques, cliniques et évolutives les rattachent au groupe des tumeurs RH négatives et que l’hormo-
nothérapie n’apporte pas de bénéfice significatif.
Mots-clés
Cancer du sein
Tumeurs du sein
Récepteurs
hormonaux
Pronostic
Facteur prédictif
Hormonothérapie
Summary
The hormone sensitivity is
today routinely evaluated
at the time of the diagnosis
of invasive cancer by means
of immunohistochemical
method. Initially the threshold
of positivity, 10% of positive
cancer cells, was defined as
the threshold best correlated
with results of the biochemical
method. A recent and contro-
versial publication suggests a
different threshold, 1%, based
on the correlation with clinical
response. However it was
established on a special mate-
rial, less representative and
different from those usually
used. Two new publications
studied features of tumor with
expression between 1 and 9%:
these tumors represent a very
small group of tumors, less than
1% of the whole population,
and their histologic, clinical
and evolutive features are
very similar to the RH negative
group, and the hormonal treat-
ment brings no survival benefi t.
Keywords
Breast cancer
Breast neoplasm
Hormonal receptors
Prognosis
Predictive factor
Cependant, elles ont également d’importantes
contraintes car elles nécessitent un fragment de
tumeur congelée, ce qui implique un circuit particu-
lier de gestion des fragments biopsiques ou chirurgi-
caux. La prise en charge des prélèvements doit être
immédiate, dès leur réalisation, pour éviter la dégra-
dation des protéines, qui survient très rapidement.
Il est nécessaire de disposer d’un circuit de froid à
−80 ou à −180 °C pour conserver avant le test le
fragment de tumeur que le pathologiste aura prélevé
de la pièce d’exérèse chirurgicale et macrodisséqué.
Outre la diffi culté de réunir les conditions techniques
et de rassembler l’équipe (disponibilité), il faut que
la tumeur soit facilement identifi able et de taille
suffi sante pour qu’un fragment représentatif puisse
être prélevé pour le test sans danger pour l’analyse
diagnostique de la pièce d’exérèse. Avec le succès
du développement du dépistage organisé et indivi-
duel du cancer du sein, les tumeurs sont de plus en
plus petites et ne sont généralement plus palpables,
ce qui ne permet pas toujours au pathologiste de
les identifi er sur le prélèvement chirurgical ou de
prélever un fragment suffi sant pour cette analyse.
Il n’y avait généralement pas de contrôle micro-
scopique du fragment utilisé, qui pouvait n’être
que peu cellulaire, être nécrosé ou incomplète-
ment représentatif, constitué majoritairement par
la composante in situ ou la stromaréaction.
Enfi n, l’analyse s’effectuait à partir d’un broyat tissu-
laire, et la mesure prenait donc en compte l’ensemble
des cellules présentes − cellules infl ammatoires, vais-
seaux et fi broblastes du stroma, tissu épithélial et
conjonctif normal et cellules carcinomateuses infi l-
trantes − mais aussi in situ (fi gure 1). En cas de tumeur
de petite taille, peu cellulaire ou de stroma abondant,
les cellules normales ou les éléments infl ammatoires
sont majoritaires par rapport aux cellules tumorales,
minimisant artifi ciellement la mesure par dilution.
La seconde méthode qui s’est progressivement déve-
loppée et qui a remplacé la méthode biochimique
comme référence, ou gold standard, est l’immuno-
histochimie (IHC). Cette technique était alors large-
ment répandue dans les laboratoires de pathologie
pour le diagnostic, notamment la caractérisation des
tumeurs. Elle présente différents avantages en plus
de l’accessibilité de la technique implantée dans la
plupart des laboratoires.
➤
Le test peut être réalisé sur un fragment fi xé
et inclus en paraffi ne et utiliser le matériel qui a
permis de poser le diagnostic. Il n’est plus néces-
saire de disposer d’un circuit particulier (chaîne de
froid, congélation) ni d’user un fragment supplé-
mentaire et spécifi que pour l’analyse, qu’il devient
diffi cile d’obtenir avec la diminution de la taille des
tumeurs. Il est aussi possible de réaliser l’analyse de
façon rétrospective en cas de tumeurs de découverte
fortuite.
➤L’analyse porte uniquement sur la composante
infiltrante, indépendamment de la quantité de
tumeur et de stroma présente, puisqu’il s’agit d’une
technique morphologique. Il est possible de séparer
l’expression des composantes in situ et infi ltrante,
dont l’expression diffère parfois (fi gure 1).