ACTUALITÉS THÉRAPEUTIQUES
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 4 - juillet-août 2005
A
vec 41 845 nouveaux cas estimés en 2000 en
France, le cancer du sein se situe par sa fréquence
au premier rang de tous les cancers. Il représente
35,7 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancers chez la
femme (1).
Avec 11 367 décès par an, le cancer du sein est au premier rang
des décès par cancer chez la femme (20,2 %) et au troisième
rang des décès par cancer hommes et femmes réunis, après le
cancer du poumon et du côlon-rectum (1).
L’application des taux d’incidence par tranche d’âge aux effec-
tifs correspondants permet d’estimer le nombre de cancers du
sein chez les femmes ménopausées à environ 26 000 nouveaux
cas par an en France (2).
Parmi ces cas, 1 300 à 2 600 sont d’emblée diagnostiqués au
stade métastatique et environ 9 600 correspondent à des
rechutes métastatiques (2).
Le tamoxifène était, jusqu’à présent, le traitement de référence
du cancer du sein hormonosensible de la femme ménopausée,
que le cancer du sein soit localisé ou métastatique. En adju-
vant, un traitement par tamoxifène administré pendant 5 ans
réduit de 47 % le risque de rechute et de 26 % le risque de décès
par rapport au placebo (3).
La mise à disposition des inhibiteurs de l’aromatase de troi-
sième génération et, notamment, de l’anastrozole en 1995, s’est
accompagnée d’importantes études cliniques comparant l’effi-
cacité et la tolérance de cette molécule à celles du tamoxifène
en première ligne métastatique, en néoadjuvant et en adjuvant.
Ces études ont conduit à changer les modalités de prise en
charge du cancer du sein hormonosensible de la femme méno-
pausée. Leurs principaux résultats sont présentés dans cet
article.
ANASTROZOLE : RAPPEL PHARMACODYNAMIQUE
L’anastrozole est un puissant inhibiteur de troisième génération
de l’aromatase (4). Hautement sélectif, actif par voie orale, cet
inhibiteur non stéroïdien réduit très significativement la concen-
tration d’estrogènes chez la femme ménopausée en diminuant
l’activité de l’aromatase in vivo de 96,7 % (5).
Son absorption est rapide (concentrations plasmatiques maxi-
males observées deux heures après la prise) et son élimination
est lente (demi-vie plasmatique variant entre 40 et 50 heures).
L’état d’équilibre est atteint après sept prises quotidiennes dans
environ 90 à 95 % des cas (6).
La pharmacocinétique de l’anastrozole est indépendante de l’âge
et aucune adaptation posologique n’est recommandée chez les
patientes présentant une insuffisance rénale ou une insuffisance
hépatique légère à modérée (6).
ANASTROZOLE EN NÉOADJUVANT
(7)
L’étude IMPACT, étude randomisée, en double aveugle, a com-
paré l’efficacité de l’anastrozole 1 mg/jour + placebo (n = 113)
à celle du tamoxifène 20 mg/jour + placebo (n = 108) et à celle
de l’association anastrozole 1 mg/jour + tamoxifène 20 mg/jour
(n = 109) en néoadjuvant chez 330 patientes ménopausées avec
une taille de tumeur hormonosensible de 2 cm ou plus et devant
être opérées (chirurgie conservatrice ou mastectomie).
La durée de traitement a été de trois mois et une biopsie a été pra-
tiquée à l’inclusion ainsi que deux semaines après le début du
traitement. Après trois mois, des échantillons provenant de la
pièce d’exérèse étaient prélevés ou, si la patiente n’était pas opé-
rée, une nouvelle biopsie était pratiquée.
Le critère principal d’évaluation était la réponse clinique tumorale
calculée par le produit de ses deux diamètres cliniques maximaux.
Une évaluation échographique était aussi réalisable. Les critères
d’évaluation secondaires étaient, notamment, la diminution du taux
de patientes éligibles pour une mastectomie et la tolérance. Les
résultats sont présentés dans le tableau I.
Place de l’anastrozole dans la prise en charge du cancer
du sein hormonosensible1de la femme ménopausée
Anastrozole in the treatment of postmenopausal women
with hormone receptor-positive breast cancer
J.P. Guastalla*
1
Hormonosensibilité quand il y a expression de récepteurs d’estradiol et/ou
de progestérone dans la tumeur.
* Département d’oncologie médicale, centre Léon-Bérard, Lyon.
209
La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 4 - juillet-août 2005
L’anastrozole a ainsi démontré une efficacité équivalente au
tamoxifène en tant que traitement néoadjuvant chez des patientes
ménopausées avec cancer du sein infiltrant hormonosensible
devant être opéré.
Chez les patientes initialement éligibles pour une mastectomie,
dans le groupe anastrozole deux fois plus de patientes ont pu
devenir éligibles pour une chirurgie conservatrice que dans le
groupe tamoxifène.
L’étude IMPACT met en évidence l’intérêt d’un traitement
néoadjuvant par anastrozole, notamment lorsque l’intervention
prévue est une mastectomie.
ANASTROZOLE EN ADJUVANT
En initiation chez les patientes nouvellement
diagnostiquées : étude ATAC (résultats à 68 mois)
(8)
L’étude ATAC (Arimidex®, Tamoxifen, Alone or in Combina-
tion), étude randomisée de phase III, contrôlée en double insu,
multicentrique, internationale a comparé l’anastrozole au tamoxi-
fène et à l’association anastrozole + tamoxifène.
Neuf mille trois cent soixante-six patientes ménopausées,
atteintes d’un cancer du sein infiltrant opérable sans métastase et
n’ayant pas reçu d’hormonothérapie préventive ou adjuvante ont
été randomisées en trois groupes : anastrozole 1 mg/jour + pla-
cebo (n = 3 125), tamoxifène 20 mg/jour + placebo (n = 3 116),
anastrozole 1 mg/jour-tamoxifène 20 mg/jour (n = 3 125) (l’asso-
ciation anastrozole + tamoxifène a été arrêtée après l’analyse
principale réalisée à 33 mois en raison de résultats d’efficacité
insuffisants).
Le traitement locorégional a été effectué avant inclusion (une
chimiothérapie adjuvante était autorisée). Plus de 60 % des
patientes ont bénéficié d’une radiothérapie et environ 20 % des
patientes ont reçu une chimiothérapie.
La population était de relativement bon pronostic : dans 60 % des
cas, la tumeur était d’une taille de 2 cm au plus et environ 65 %
des patientes étaient N-. Par ailleurs, les récepteurs hormonaux
(RE+ et/ou RP+) étaient positifs dans 83 % des cas, négatifs sans
8% des cas et inconnus dans 8 % des cas.
Les critères principaux d’évaluation étaient, quant à eux, la
survie sans événement (récidives locales ou à distance,
cancer du sein controlatéral, décès toutes causes confondues) et
la tolérance.
Les critères secondaires d’évaluation étaient la survie sans réci-
dive (récidives locales ou à distance, cancer du sein controlatéral,
décès liés au cancer du sein), l’incidence du cancer du sein contro-
latéral, le temps sans récidive à distance et la survie globale.
Un suivi a été effectué à trois mois, six mois, puis tous les six
mois pendant cinq ans et tous les ans jusqu’à dix ans après le
début de prise du traitement.
Les résultats présentés ci-dessous ont été obtenus après 68 mois
de suivi médian, alors que 92 % des patientes avaient terminé le
traitement.
Dans la population totale, la supériorité du groupe anastrozole
sur le groupe tamoxifène est démontrée en termes (tableau II) :
d’amélioration de la survie sans maladie : 575 événements dans
le groupe anastrozole versus 651 dans le groupe tamoxifène ;
réduction du risque d’événement : 13 % (HR : 0,87 ; IC95 : 0,78-
0,97) ; p = 0,01 ;
Tableau I. Étude IMPACT : résultats
(7)
.
Anastrozole 1 mg Tamoxifène 20 mg Anastrozole 1 mg/
(n = 113) (n = 108) tamoxifène 20 mg
(n = 109)
Réponse Pince clinique 37,2 %* 36,1 %* 39,4 %*
objective Échographie 23,9 %* 20,4 %* 27,5 %*
Possibilité de traiter par chirurgie conservatrice des patientes initialement
prévues pour une mastectomie 45,7 %** 22,2 %** 26,2 %
Tolérance Similaire dans les 3 groupes
Tableau II. Étude ATAC : résultats (population totale)
(8).
Réduction de risque relatif Réduction de risque relatif
dans la population totale pdans la population RH+ p
Événements 13 % 17 %
[HR = 0,87 (IC95 : 0,78-0,97)] 0,01 [HR = 0,83 (IC95 : 0,73-0,94)] 0,005
Récidive 21 % 0,0005 26 %
[HR = 0,79 (IC95 : 0,70-0,90)] [HR = 0,74 (IC95 : 0,64-0,87)] 0,0002
Cancer du sein controlatéral 42 % 0,01 53 %
[HR = 0,58 (IC95 : 0,12-0,62)] [HR = 0,47 (IC95 : 0,25-0,71)] 0,001
Récidive à distance 14 % 16 %
[HR = 0,86 (IC95 : 0,74-0,99)] 0,04 [HR = 0,84 (IC95 : 0,70-1,00) 0,06
* p = NS ; ** p = 0,03 ; RR : 2,05 (IC
95
: 1,03-4,09).
ACTUALITÉS THÉRAPEUTIQUES
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 4 - juillet-août 2005
d’allongement du temps jusqu’à récidive : réduction du risque
de récidive : 21 % (HR : 0,79 ; IC95 : 0,70-0,90) ; p = 0,0005 ;
de réduction de l’incidence du sein controlatéral : 35 événe-
ments dans le groupe anastrozole versus 59 événements dans le
groupe tamoxifène ; réduction du risque relatif : 42 % (HR :
0,58 ; IC95 : 0,12-0,62) ; p = 0,01 ;
de taux de métastases : 324 événements dans le groupe anas-
trozole versus 375 événements ; réduction du risque de récidive
à distance : 14 % (HR : 0,86 ; IC95 : 0,74-0,99) ; p = 0,04.
Dans la population RH+, la supériorité du groupe anastrozole sur
le groupe tamoxifène est démontrée en termes (tableau II) :
d’amélioration de la survie sans maladie : réduction du risque
d’événement : 17 % (HR : 0,83 ; IC95 : 0,73-0,94) ; p = 0,005 ;
d’allongement du temps jusqu’à récidive : réduction du risque
de récidive : 26 % (HR : 0,74 ; IC95 : 0,64-0,87) ; p = 0,0002 ;
de réduction de l’incidence du cancer du sein controlatéral : réduc-
tion du risque relatif : 53 % (HR : 0,47 ; IC95 : 0,25-0,71) ; p = 0,001.
Concernant le taux de métastases, on note que la réduction du
risque de récidive à distance est de 16 % (HR : 0,84 ; IC95 : 0,7-
1,00) ; p = 0,06. Il existe donc une tendance en faveur de l’anas-
trozole, l’absence de significativité pouvant s’expliquer par un
manque de recul sur les événements survenant dans cette popu-
lation de bon pronostic (226 sous anastrozole versus 265 sous
tamoxifène).
L’analyse du pourcentage de récidive dans la population RH+
montre que celui-ci s’accroît significativement régulièrement au
cours du temps dans le groupe tamoxifène par rapport au groupe
anastrozole et perdure après l’arrêt du traitement (différence abso-
lue : à 3 ans de suivi : 1,7 % ; à 4 ans de suivi : 2,4 % ; à 5 ans
de suivi : 2,8 % : à 6 ans de suivi : 3,7 % ; HR : 0,74 ( IC95 : 0,64-
0,87 ; p = 0,0002) (figure 1).
Enfin, on constate que la réduction du taux de décès par cancer
du sein dans le groupe anastrozole par rapport au groupe tamoxi-
fène est de 12 % (IC95 : 0,74-1,05 ; p = non significatif).
En termes d’efficacité, quatre points sont à noter :
la réduction supplémentaire de 26 % du risque de récidive dans
le groupe anastrozole par rapport au groupe tamoxifène vient
s’ajouter à la réduction de 47 % obtenue avec le tamoxifène
observée dans les études en adjuvant (groupe tamoxifène par rap-
port au groupe placebo) ;
l’accroissement de la différence absolue en termes de survie
sans récidive au-delà des cinq ans de traitement suggère qu’il
existe, avec l’anastrozole, un effet de carry-over similaire à celui
retrouvé pour le tamoxifène, au moins à court terme. Cet accrois-
sement est observé dès la première année de traitement et conti-
nue d’augmenter ensuite (figure 1) ;
le taux d’événements observés durant les années 1-3 dans le
groupe tamoxifène est considérablement diminué dans le groupe
anastrozole (figure 2) (9) ;
l’absence actuelle de différence entre les deux groupes en
termes de survie globale peut notamment s’expliquer par le fait
que les patientes incluses étaient de bon pronostic : 5 695 (61 %)
étaient N- et 5 959 (64 %) étaient porteuses d’une tumeur d’une
taille de 2 cm au plus).
Dans ce contexte, il est trop tôt pour pouvoir observer une diffé-
rence en termes de survie globale ; ainsi, dans l’étude NSABP
B14, il avait fallu au moins sept ans pour montrer un avantage
significatif en faveur du tamoxifène par rapport au placebo (10).
Les réductions significatives des taux de récidives, locales et à
distance, suggèrent qu’une réduction du taux de décès par can-
cer du sein pourrait être observée avec un suivi plus long.
En ce qui concerne les sorties d’essai, elles sont significative-
ment moins nombreuses dans le groupe anastrozole (344 ; 11,1 %)
que dans le groupe tamoxifène (442 ; 14,3 %) (p = 0,0002). Les
effets indésirables sévères liés au traitement étaient moins fré-
quents dans le groupe anastrozole (146 ; 4,7 %) que dans le groupe
tamoxifène (271 ; 9,0 %) (p < 0,0001).
Au total, l’étude ATAC remplit pleinement les critères exigés par
l’evidence-based medicine et ces résultats après cinq ans de trai-
25
20
15
10
5
0
Anastrozole
Tamoxifène
Récidive dans la population RH + (%)
0123456
2 618 2 540 2 448 2 355 2 268 2 014 830
2 598 2 516 2 398 2 304 2 189 1 932 774
Temps (années)
Nombre de patientes
Arimidex®
Tamoxifène
HR (IC95)p
Arimidex®0,74 (0,64-0,87) 0,0002
Tamoxifène
Différence
absolue
1,7 %
Différence
absolue
2,4 %
Différence
absolue
2,8 %
Différence
absolue
3,7 %
Figure 1. Évolution des récidives au cours du temps (8).
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0
Anastrozole
Taux de risque annuel (%)
0123456
Suivi (années)
Tamoxifène
Figure 2. Évolution des événements au cours du temps (9).
L’analyse des décès montre que, sur un total de 831 décès consta-
tés tous groupes confondus, 500 (60 %) sont dus au cancer du
sein et 331 (40 %) sont dus à une autre cause.
Elle montre aussi que les taux de décès sont similaires dans les
groupes anastrozole et tamoxifène.
211
La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 4 - juillet-août 2005
tement confirment l’efficacité de l’anastrozole en première inten-
tion par rapport au tamoxifène chez des patientes ménopausées
avec cancer du sein localisé hormonosensible.
Ces résultats démontrent que l’anastrozole permet d’apporter des
chances supplémentaires à des patientes pouvant potentiellement
espérer une guérison.
Compte tenu des différences constatées en termes de résultats cli-
niques, de sorties d’essai et d’effets indésirables sévères liés aux
traitements, l’anastrozole peut désormais remplacer le tamoxi-
fène en tant que traitement standard de novo de la femme méno-
pausée avec cancer du sein RH+
En substitution chez des patientes en cours de traitement
adjuvant par tamoxifène : études ITA, ABCSG 8 et ARNO
L’étude randomisée ITA (Italian Tamoxifen Anastrozole), de
phase III, contrôlée en double insu et multicentrique a randomisé,
après traitement initial par tamoxifène 20 mg/jour pendant
2-3 ans, 448 patientes ménopausées ayant un cancer du sein
localisé hormonosensible, en deux groupes : un groupe anas-
trozole 1 mg/jour (n = 223) et un groupe tamoxifène 20 mg/jour
(n = 225) (11).
La comparaison a porté sur les critères principaux d’efficacité et
de tolérance de l’anastrozole versus tamoxifène administrés
pendant deux à trois ans.
Les caractéristiques des patientes à l’inclusion étaient bien équi-
librées entre les deux groupes de traitement.
Toutes les patientes étaient N+ et environ 90 % des patientes
étaient RE+. Environ 50 % des patientes avaient été traitées chi-
rurgicalement par mastectomie et après chirurgie, environ 50 %
des patientes avaient été traitées par radiothérapie. Environ deux
tiers des patientes avaient reçu une chimiothérapie adjuvante.
La durée de suivi médian a été de 52 mois.
En termes de résultats, une amélioration significative est retrou-
vée dans le groupe anastrozole par rapport au groupe tamoxifène
(tableau III).
Le pourcentage de patientes ayant présenté un effet indésirable
est de 40 % dans le groupe anastrozole et de 46 % dans le groupe
tamoxifène (p = 0,2). Cependant, six cancers d’endomètre ont été
diagnostiqués dans le groupe tamoxifène versus un dans le groupe
anastrozole.
Les études ABCSG 8 et ARNO, études randomisées de phase III,
ont été menées afin d’évaluer si, après deux ans de traitement par
tamoxifène, il est plus efficace de substituer l’anastrozole au
tamoxifène pendant trois ans ou de continuer à traiter par tamoxi-
fène (12). Il était d’emblée prévu que les données issues de ces
deux études fassent l’objet d’une analyse poolée.
Trois mille deux cent vingt-quatre patientes ménopausées avec un
cancer du sein localisé hormonosensible ont été incluses et répar-
ties comme suit : 1 618 dans le groupe anastrozole, 1 606 dans le
groupe tamoxifène. Le critère principal était la survie sans rechute.
La durée de suivi médian a été de 28 mois. L’ensemble des résul-
tats issus des données poolées est présenté dans le tableau IV.
L’analyse combinée des deux études montre que la substitution
vers l’anastrozole :
réduit de 40 % le risque de survenue d’événements (p = 0,0009) ;
réduit essentiellement le risque de survenue des rechutes à dis-
tance (75 dans le tamoxifène versus 46 dans le groupe anastrozole) ;
est efficace quels que soient le statut ganglionnaire de la
patiente et le grade histologique de la tumeur ;
réduit de 39 % le risque de progression à distance (HR : 0,61 ;
IC95 : 0,42-0,87 ; p = 0,0087) ;
est bien tolérée.
Les études ARNO et ABCSG démontrent que la substitution de
l’anastrozole au tamoxifène améliore significativement la survie
sans événement et la survie sans rechute à distance, indépen-
damment du statut ganglionnaire et du grade histologique.
En adjuvant étendu après 5 ans de traitement par tamoxifène :
étude ABCSG-6a
L’étude randomisée ABSCG-6a de phase III, contrôlée en double
insu et multicentrique a randomisé, après traitement initial par
Tableau III. Étude ITA : résultats
(11).
Suivi médian : Réduction Suivi médian : Réduction
36 mois du risque p52 mois du risque p
HR (IC95)HR (IC95)
Survie sans événement 0,35 (0,20-0,63) 65 % 0,0002 0,42 (0,26-0,66) 58 % 0,0001
Survie sans progression 0,35 (0,18-0,68) 65 % 0,001 0,43 (0,25-0,73) 57 % 0,001
Survie sans progression locale 0,15 (0,03-0,65) 85 % 0,003 0,13 (0,03-0,59) 87 % 0,002
Survie sans progression 0,49 (0,22-1,05) 51 % 0,06 0,57 (0,32-0,02) 43 % 0,06
à distance
Tableau IV. É
tudes ARNO-ABCSG 8 (12).
Tamoxifène Anastrozole
(n = 1 606) (n = 1 618)
Survie sans événement 92,7 % 95,8 %
Événements*
Total 110 67
Locorégionaux 24 20
Cancer du sein controlatéral 16 12
Rechutes à distance 75 46
Survie globale
Décès 59 45
Survie globale à 3 ans 96,4 % 97,1 %
p = 0,0009
p = NS**
* Les événements survenant simultanément sont inclus deux fois.
** NS = non significatif.
ACTUALITÉS THÉRAPEUTIQUES
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 4 - juillet-août 2005
tamoxifène 20 mg/jour ± aminogluthémide 500 mg/jour pendant
5 ans*, 856 patientes ménopausées, avec cancer du sein localisé
hormonosensible, en deux groupes : un groupe anastrozole
1mg/jour (n = 387) et un groupe sans traitement (n = 469) admi-
nistrés pendant 3 ans (13, 14).
Le critère principal était la survie sans événements (rechute loco-
régionale, à distance, cancer du sein controlatéral) (14).
Plus de 60 % des patientes présentaient une tumeur de taille infé-
rieure à 2 cm. Plus de 60 % des patientes étaient N0. Plus de 80 %
des patientes présentaient une tumeur de grade 1-2. Plus de 90 %
des patientes étaient RE+ (13). La durée de suivi médian a été de
60 mois (13).
Une amélioration significative est retrouvée dans le groupe anas-
trozole par rapport au groupe sans traitement. En effet, la réduc-
tion du risque relatif de survenue d’événement est de 36 % (HR :
0,64 ; IC95 : 0,412-0,999 ; p = 0,0477) dans le groupe anastrozole
par rapport au groupe sans traitement (14).
L’incidence des différents événements est présentée dans le
tableau V (14).
Il n’existe aucune différence en termes de survie globale entre
les deux groupes (13).
L’analyse de la tolérance est encore en cours. Compte tenu des
données déjà disponibles sur la tolérance de l’anastrozole, il
paraît licite de penser qu’il ne devrait pas y avoir d’autres effets
indésirables que ceux déjà répertoriés dans d’autres études (14).
ANASTROZOLE EN PREMIÈRE LIGNE MÉTASTATIQUE
Trois études de phase III, études 0027,0030 et Milla-Santos, ont
permis d’évaluer l’efficacité et la tolérance de l’anastrozole par
rapport au tamoxifène (15-18).
Les principales caractéristiques de ces études et leurs résultats
sont présentés dans le tableau VI.
Ces trois études confirment l’intérêt de l’anastrozole chez les
patientes ménopausées avec cancer du sein avancé hormono-
sensible.
Tableau VI.
Protocoles et résultats des études 0027, 0030 et Milla-Santos (15-18).
Étude 0027 (15, 17) Étude 0030 (16, 17) Étude Milla-Santos (18)
Randomisée, double aveugle Randomisée, double aveugle Randomisée, double aveugle
668 patientes ménopausées RE+ 353 patientes RE+ et/ou RP+ ou inconnu : 228 patientes ménopausées RE+ :
et/ou RP+ ou inconnu : anastrozole 1 mg/jour(n = 171) ; anastrozole 1 mg/jour (n = 121) ;
Protocoles anastrozole 1 mg/jour (n = 340) ; tamoxifène 20 mg/jour (n = 182) tamoxifène 10 mg/jour (n = 117)
tamoxifène 20 mg/jour (n = 328) Patientes avec récepteurs positifs : 88,2 % Durée médiane de suivi : 13,3 mois
Patientes avec récepteurs positifs : 45,3 % Durée médiane de suivi : 17,7 mois
Durée médiane de suivi : 14,7 mois
Critères d’évaluation Réponse objective (RO) Réponse objective (RO) Bénéfice clinique (BC)
Temps sans progression (TSP) Temps sans progression (TSP) Réponse objective (RO)
Tolérance Tolérance Temps sans progression (TSP)
Survie globale
Tolérance
Résultats combinés
Résultats ATRO : 36 % (A) versus 26 % (T) (p = NS**)
RO* 0027 : 32,9 % versus 32,6 % (p = NS**)
0030 : 21,1 % versus 17,0 % (p = NS**) BC : 83 % (A) versus 56 % (T) (p < 0,001)
TTP* 0027 : 8,2 mois versus 8,3 mois (p = NS**)
0030 : 11,1 mois versus 5,6 mois (p = 0,005)
TSP médian chez patientes avec bénéfice
Bonne tolérance dans les deux groupes clinique : 18 mois (A) versus 7 mois (T) (p < 0,01)
Survie globale (cut-off des données)
40 % (A) versus 11 % (T)
* Anastrozole versus tamoxifène. ** NS = non significatif.
* L’étude ABCSG-6a fait suite à l’étude ABCSG-6, étude de substitution de
phase III qui a randomisé en deux groupes, après traitement initial par tamoxi-
fène 20 mg/jour pendant 2 ans, 1 986 patientes ménopausées avec cancer du
sein localisé hormonosensible : un groupe tamoxifène 20 mg/jour + aminoglu-
thémide 500 mg/jour et un groupe tamoxifène 20 mg/jour pendant 3 ans.
L’étude ABCSG-6 n’a pas mis en évidence de différence entre les groupes en
termes de pronostic (14).
Tableau V.
Incidence des événements (14).
Groupe Groupe Total
Événements anastrozole sans traitement
(n = 387) (n = 469) (n = 856)
Rechute locorégionale 10 15 25
Métastases à distance 16 35 51
Cancer du sein
controlatéral 61016
Total* 30 56 86
* Premier événement seulement.
1 / 7 100%
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