ÉCHANGE THÉRAPEUTIQUE
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La Lettre du Cancérologue - Volume XV - n° 3 - mai-juin 2006
Références bibliographiques
Références bibliographiques
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10. Résumé des Caractéristiques produit Arimidex.
Le point de vue de l’oncologue
(Dr Eric-Charles Antoine, Neuilly)
Chez cette patiente, le risque de mortalité à 10 ans est de 8,8% sans traitement,
d’après
Adjuvant Online
.
Le bénéfice absolu de la chimiothérapie est de 2,6 % ; celui de l’hormonothérapie
est de 3,7 % et il est de 5,2 % lors d’un traitement combiné
(5)
. On peut discuter
de l’intérêt de ces deux traitements adjuvants compte tenu du pronostic relative-
ment bon de cette tumeur.
En ce qui concerne la chimiothérapie, les carcinomes lobulaires infiltrants sont moins
chimiosensibles que les carcinomes canalaires qui sont quasi résistants à la chimiothé-
rapie, fait établi par différentes études
(6, 7)
. Les bénéfices de la chimiothérapie sont
plus importants chez les patientes RH+. De même, dans une étude de l’IGR ayant
regroupé 2 essais menés chez 937 patientes avec ou sans envahissement ganglionnaire
traitées par une chimiothérapie à base d’anthracyclines ou n’ayant fait l’objet que d’une
simple observation, l’impact de la chimiothérapie est très fortement corrélé à l’index
mitotique élevé, alors qu’il est quasiment nul en cas d’index mitotique bas
(8)
. Compte
tenu de l’index mitotique bas et du statut RH+ de cette patiente, la chimiothérapie
semble a priori inefficace et le traitement par hormonothérapie est à privilégier. Ainsi,
elle recevra une hormonothérapie exclusive d’emblée par un inhibiteur de l’aromatase
et, dans ce cas, on tiendra compte du facteur prédictif majeur que représente l’hormo-
nosensibilité de la tumeur. En effet, chez les patientes ménopausées hormonosensibles,
l’anastrozole prévient le risque de rechute en comparaison au tamoxifène
(9)
. Cette
démonstration est confortée par les résultats de l’essai ATAC, qui ont démontré le béné-
fice de l’administration de l’anastrozole d’emblée par rapport au tamoxifène.
Il s’agit d’une étude internationale randomisée de phase III, contrôlée, en double
insu et multicentrique menée chez des femmes ménopausées RH+/RH- ou au sta-
tut inconnu, avec un cancer du sein invasif opérable localisé et qui n’ont pas reçu
d’hormonothérapie préventive ou adjuvante.
Les 9 366 patientes étaient réparties en 3 bras : tamoxifène 20 mg/j + placebo
(n = 3 116) ; anastrozole 1 mg/j + placebo (n = 3 125) ; anastrozole 1 mg/j +
tamoxifène 20 mg/j (n = 3 125), pour une durée totale de traitement de 5 ans.
L’association anastrozole + tamoxifène étant contre-indiquée, les résultats n’ont pas
été exploités.
Les critères d’évaluation principaux étaient la survie sans événement (récidives locales ou
à distance, cancer du sein controlatéral, décès toutes causes confondues) et la tolérance.
Les critères d’évaluation secondaires étaient la survie sans récidive (récidives
locales ou à distance, cancer du sein controlatéral, décès liés au cancer du sein),
l’incidence du cancer du sein controlatéral, le temps sans récidive à distance et la
survie globale.
Dans cette étude, les résultats à 68mois montrent que l’anastrozole apporte un bénéfice
significatif en termes de survie sans récidive par comparaison au tamoxifène (1,7 % à
3 ans et 3,7 % à 6 ans). Ce bénéfice s’accroît avec le temps. Le traitement par anastrozole,
comparativement au traitement par tamoxifène, s’est soldé par un bénéfice significatif en
termes de survie sans événement avec 575 versus 651 événements, respectivement (HR =
0,87, IC
95
: 0,78-0,97 ; p = 0,01), et de délai jusqu’à la récidive (HR= 0,79, IC
95
: 0,70-0,90 ;
p = 0,0005). Un avantage accru a été observé dans la population RH+ : réduction du
risque de survie sans événement de 17 % (HR = 0,83, IC
95
: 0,73-0,94 ; p = 0,005), béné-
fice de 26 % en termes de délai jusqu’à la récidive (HR = 0,74 ; IC
95
: 0,64-0,87;
p = 0,0002) et réduction du risque de rechute à distance de 16 % (HR = 0,84; IC
95
: 0,70-
1,0 ; p = 0,06 [NS]).
Le profil de tolérance est dans l’ensemble différent de celui du tamoxifène et plutôt
en faveur de l’anastrozole, notamment en ce qui concerne les effets et symptômes
gynécologiques et vasculaires vitaux. Les événements cérébrovasculaires isché-
miques sont en faveur de l’anastrozole (2,8% versus 2 %, réduction de 29 % ;
p = 0,003) et les événements cardiovasculaires ischémiques sont présents dans
3,4 % et 4,1 % des cas respectivement pour le tamoxifène et l’anastrozole (NS); les
événements thromboemboliques veineux sont également en faveur de l’anastrozole
(4,5 % versus 2,8%, réduction de 38% ; p = 0,0004). Sur le plan gynécologique,
les bouffées de chaleur ont été moindres sous anastrozole (35,7 % versus 40,9 %,
p = 0,0001), de même que les pertes et les saignements vaginaux, et ce, de
manière significative.
Enfin, le risque de cancer de l’endomètre est très significativement réduit de 75 %,
avec une incidence de 0,8% pour le tamoxifène et de 0,2 % pour l’anastrozole
(p = 0,02)
(10)
.
Le risque de majoration d’une ostéoporose est réel compte tenu de la castration
chimique majeure que déclenchent les inhibiteurs de l’aromatase, avec 11 % ver-
sus 7,7 % de fractures pour le tamoxifène (p < 0,0001). Cependant, une prophy-
laxie ou un traitement efficace est recommandé chez les patientes déjà atteintes
d’ostéoporose
[1]
.
En conclusion, chez cette patiente, le traitement choisi d’un commun accord entre
les différents membres de la RCP a ainsi comporté une irradiation de clôture sur
la glande mammaire, la chaîne mammaire interne et le creux sus-claviculaire.
Une hormonothérapie adjuvante exclusive par anastrozole a constitué le seul trai-
tement annoncé et expliqué à la patiente.
[1]
Les autres effets indésirables signalés dans l'étude ATAC et dans la RCP sont : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale et raréfaction des cheveux.
Détermination du risque de mortalité. Étude ATAC : survie sans récidive dans la population RH+.
Diminution de 26 % du risque de récidive.
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