taxel 75 mg/m2) à l’AC 60 a inclus 627 patientes, mais a il dû
être interrompu en raison de deux décès toxiques et d’une péri-
tonite sur perforation en neutropénie fébrile dans le bras AT.
Le taux de neutropénie fébrile était de 41 % dans le bras AT
versus 7 % dans le bras AC (p < 0,001) [Brain, abstract 3046].
L’essai B28 du NSABP a comparé, chez 3 060 patientes N+,
4cures d’AC à 4 cures d’AC suivies de 4 cures de paclitaxel
toutes les 3 semaines (Mamounas, abstract 3064). Avec
64 mois de suivi, il existe un bénéfice significatif en faveur du
paclitaxel en survie sans récidive (p = 0,006) mais pas de diffé-
rence en survie globale. La survie globale était de 85 % ± 2 %
dans les deux groupes.
Le risque cumulatif de développer une leucémie aiguë ou une
myélodysplasie est de 0,37 % pour des doses d’épirubicine de
moins de 720 mg/m2et de cyclophosphamide de moins de
6300 mg/m2(dose inférieure à celle de 6 FEC 100) ; mais il est de
près de 5 % pour des doses supérieures (Praga, abstract 3044).
Bien que déjà connue, la publication au cours de l’année d’essais
étudiant l’impact de l’intensification de la chimiothérapie avec
autogreffe de moelle en situation adjuvante dans le cancer du
sein de mauvais pronostic confirme l’absence de bénéfice de
cette approche dans une série de 785 patientes atteintes de can-
cers du sein (> 10N+) [Peters, abstract 3073] et dans une série
de 281 patientes (> 4N+) [Coombes, abstract 3033].
Hormonothérapie adjuvante
L’essai BIG 1-98, randomisé en double aveugle et mené sur
8028 patientes ménopausées ayant un cancer du sein RH+,
comparait 4 modalités d’hormonothérapie différentes, soit 5 ans
de tamoxifène, soit 5 ans de létrozole, soit 2 ans de tamoxifène
suivi de 3 ans de létrozole, soit 2 ans de létrozole suivi de 3 ans
de tamoxifène. L’analyse en survie sans récidive, présentée
pour la première fois au congrès de Saint-Gall en janvier 2005,
montrait un bénéfice en faveur du létrozole. En raison du faible
recul, l’analyse avait été réalisée sur les 4 bras de l’étude, mais
en censurant les données à 2,5 ans après le switch pour les deux
bras qui comportent une alternance dans la séquence d’hormo-
nothérapie. Le taux de récidive était significativement diminué
dans le bras létrozole, avec un taux de récidive à 5 ans de
10,2 % versus 13,6 % (dans le bras tamoxifène), (RR : 0,81
[0,70-0,93] ; p = 0,0002). Avec le létrozole, on constate signifi-
cativement moins d’accidents thrombo-emboliques
(p < 0,0001), de bouffées de chaleur (33 versus 38 %), de sai-
gnements vaginaux, de sueurs nocturnes et de cancers de
l’endomètre (6 versus 15 ; p = 0,08). En revanche, on observe
plus de fractures osseuses, de douleurs articulaires, d’hypercho-
lestérolémie (43,5 versus 19,1 %) et d’accidents cardiaques tels
que des infarctus du myocarde (p = 0,013) [Thurlimann, abs-
tract 3076].
L’analyse combinée de deux essais prospectifs (ABCSG 8 et
ARNO 95), comparant 5 ans de tamoxifène versus 2 ans de
tamoxifène suivis de 3 ans d’anastrozole chez 3 224 patientes,
retrouve une amélioration significative de la survie sans événe-
ments en faveur de l’inhibiteur de l’aromatase, avec un suivi de
28 mois (Jakesz, abstract 3061). De même, l’actualisation de
l’essai ITA sur 488 patientes avec un recul moyen de 36 mois
confirme le bénéfice du switch de l’hormonothérapie adjuvante
par anastrozole après 2 à 3 ans de tamoxifène par rapport au
tamoxifène pendant 5 ans (Boccardo, abstract 3041). La diffé-
rence en survie sans événement était largement significative
(RR 0,35 ; p = 0,002). En revanche, il n’y avait pas de diffé-
rence en survie globale. Une actualisation de l’essai MA17, qui
comparait, après 5 ans de tamoxifène adjuvant, la surveillance
à 5 ans de létrozole, confirme le bénéfice en survie sans réci-
dive en faveur de l’inhibiteur de l’aromatase (IA) et montre un
avantage en survie globale dans le sous-groupe des patientes
avec atteinte ganglionnaire (Goss, abstract 3020), cela sans
dégradation de la qualité de vie liée au traitement (Whelan,
abstract 3019).
L’actualisation à 5 ans de l’essai ATAC, qui compare 5 ans de
tamoxifène à 5 ans d’anastrozole ou à 5 ans de la combinaison
des deux, confirme le bénéfice en survie sans récidive de
l’anastrozole, mais ne montre toujours pas de différence en
survie globale (Howell, abstract 3130). Une analyse en sous-
groupe, non planifiée initialement, met en évidence une supé-
riorité de l’anastrozole sur le tamoxifène en termes de survie
sans récidive dans le sous-groupe des patientes exprimant les
récepteurs aux estrogènes (RE+) mais non pas ceux à la pro-
gestérone (RP-) (p < 0,0001), alors que la différence n’est pas
significative pour les RE+ RP+ (Dowsett, abstract 2996).
Tout bien considéré, les IA ont confirmé leur intérêt dans le
traitement adjuvant du cancer du sein par rapport à une hormo-
nothérapie simple par 5 ans de tamoxifène. Cependant, selon le
consensus de l’ASCO 2004, il n’existe pas actuellement de
données pour savoir si le traitement par 5 ans d’IA d’emblée
est supérieur et mieux toléré que le traitement séquentiel de
tamoxifène pendant 2 à 3 ans suivi d’IA (Winer, abstract
3015). Une modélisation des différents essais disponibles mon-
trerait une réduction de 6 % du risque relatif de récidive par la
séquence tamoxifène 2,5 ans puis 2,5 ans d’AI (switch) par
rapport à 5 ans d’emblée d’AI (Punglia, abstract 3014).
Cependant, ces données doivent être confirmées par le suivi
des essais actuellement terminés tels que le BIG 98 ou celui de
l’essai en cours TEAM.
TRAITEMENT NÉOADJUVANT
Hormonothérapie néoadjuvante
L’étude IMPACT randomise – en situation néoadjuvante chez
des femmes ménopausées présentant une tumeur du sein locali-
sée RH+ – l’anastrozole versus le tamoxifène versus l’associa-
tion, selon le même schéma que l’étude ATAC (Smith, abstract
2998). Dans l’analyse en intention de traiter, il n’y a pas de dif-
férence en termes de réponse objective entre les trois bras
(37 %, 36 %, 39 %). Le taux de réponse objective chez les
patientes dont la tumeur surexprime HER2 (n = 38) est de
58 % pour l’anastrozole et de 22 % pour le tamoxifène (NS ;
p= 0,18). L’intérêt d’un tel essai est renforcé par les études
biologiques et, dans cette population hormonosensible, le taux
de réponse clinique ne représente peut-être pas un critère de
jugement valide. Une diminution du Ki67, marqueur de proli-
fération, a été observée chez la majorité des patientes, et de
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 6 - novembre-décembre 2005
CANCERS DU SEIN