es résultats de l’étude GFEA 05 récemment publiés
dans Journal of Clinical Oncology en février 2001
alimentent cette question et justifient que l’on s’y
attarde (1). En effet, cette étude comparant 6 cycles de FEC 50
à 6 cycles de FEC 100 comme chimiothérapie adjuvante du
cancer du sein avec envahissement ganglionnaire de mauvais
pronostic (soit N > 4, ou N 1-3 avec SBR ≥II et RH négatifs)
démontre un bénéfice à 5 ans à la fois en survie sans rechute
(SSR : 54,8 % vs 66,3 %, p = 0,03) et en survie globale (SG :
65,3 % vs 77,4 %, p = 0,007) en faveur du FEC 100. Alors que
penser du FEC 50 ? Est-il sous-dosé ? À notre avis, la réponse
est : non. La littérature en apporte des preuves importantes.
En situation métastatique, le récente méta-analyse d’Ottawa,
de l’Ontario Group, conclut à l’équivalence entre FAC 50 et
FEC 50 (2). Cette équi-efficacité avait déjà été démontrée dans
deux études conduites parallèlement en France (GFEE 01) et
en Italie, associée à une meilleure tolérance hématologique,
digestive et cardiaque en faveur du schéma avec épirubicine
(3, 4). Il existe un effet-dose de l’épirubicine entre 50 et
100 mg/m2en termes de taux de réponses objectives (RO) sans
impact sur la SG (5, 6). L’effet-dose n’a pas pu être démontré
avec la doxorubicine en raison d’une toxicité trop importante
des doses supérierures à 50 mg/m2.
En adjuvant, l’actualisation de la méta-analyse de 1998 présen-
tée par Peto en septembre 2000, confirme l’impact des sché-
mas à bases d’anthracycline sans distinction entre doxorubi-
cine et épirubicine (7). Nous savons que de l’autre côté de
l’Atlantique, nos collègues américains préfèrent le schéma AC
(doxorubicine-cyclophosphamide). L’étude NSABP B-15
comparant 4 cycles d’AC à 6 cycles du CMF classique (cyclo-
phosphamide, méthotrexate, 5 fluoro-uracile) démontre une
équivalence entre ces deux associations : la plus courte durée
du traitement par 4 AC explique que ce protocole soit devenu
le standard aux États-Unis (8). Coombes et son équipe ont éva-
lué, dans une étude randomisée, 6 FEC 50 et 6 CMF selon
deux modalités d’administration différentes (FEC1 vs CMF1
ou FEC2 vs CMF2) : les deux bras sont considérés comme
“non-différents” (9). Il n’existe pas de travaux publiés ayant
comparé de façon directe nos 6 FEC 50 aux 4 AC américains.
Il est peu probable que ce type d’étude sera entrepris, dans la
mesure où l’on peut anticiper que sa conclusion serait l’équi-
valence des traitements. C’est du moins ce que suggère la
comparaison indirecte des résultats observés dans les études
précédemment citées. Les conférences de consensus du NIH et
de Saint-Gallen ne semblent pas favoriser tel ou tel schéma à
base d’anthracycline, mais recommandent une durée de traite-
ment de 4 à 6 mois (10, 11).
Le FEC 50 a été (et à juste raison ) le bras de référence de plu-
sieurs études réalisées par notre groupe coopérateur, le Groupe
français d’étude adjuvant (essais GFEA 01, 02, 05, 07) (1, 12-
14). Dans l’étude GFEA 01, nous avons comparé 6 FEC 50
(A) à 3 FEC 50 (B) et 3 FEC 75 (C). Les résultats à 8 ans mon-
trent que 6 FEC 50 améliorent significativement la SSR
(55,5 % vs 46,1 % vs 47 %, p = 0,04) avec une supériorité de 6
FEC 50 sur les deux autres bras (A vs B : p = 0,018 et A vs C :
p = 0,04). L’actualisation à 10 ans des données confirmera
sans doute ces chiffres.
Si le FEC 100 démontre un bénéfice de survie à 5 ans par rap-
port au FEC 50 dans l’essai GFEA 05, chez des patientes de
mauvais pronostic, ceci n’est sans doute pas dû à un artifice de
«sous-dosage du bras de référence », mais bel et bien en rai-
son, encore une fois, de l’effet-dose de l’épirubicine qui
s’exprime dans cette étude.
Alors, jusqu’à preuve du contraire, longue vie au FEC 50,
schéma qui n’est pas sous-dosé en métastatique, mais qui doit
être remplacé par le FEC 100 en adjuvant ! ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. French Adjuvant Study Group. Benefit of a high-dose epirubicin regimen in
adjuvant chemotherapy for node-positive breast cancer patients with poor pro-
gnostic factors : five-year follow-up results of FASG 05 randomized trial. J Clin
Oncol 2001 ; 19 (3) : 602-11.
2. Findlay BP, Walker-Dilks C. Epirubicin, alone or in combination chemothe-
rapy, for metastatic breast cancer. Provincial Breast Cancer Disease Site
Group and the Provincial Systemic Treatment Disease Site Group. Cancer Prev
Control 1998 ; 2 (3) : 140-6.
3. French Epirubicin Study Group. A prospective randomized phase III trial
comparing combination chemotherapy with cyclophosphamide, fluorouracil and
either doxorubicin or epirubicin. J Clin Oncol 1988 ; 6 : 679-88.
4. Italian Multicentre Breast Study with Epirubicin. Phase III randomized study
of fluorouracil, epirubicin, and cyclophosphamide vs fluorouracil, doxorubicin,
and cyclophosphamide in advanced breast cancer: an Italian multicentre trial. J
Clin Oncol 1988 ; 6 : 976-82.
5. Focan C, Andrien JM, Closon MT et al. Dose-response relationship of epiru-
bicin-based first-line chemotherapy for advanced breast cancer : a prospective
randomized trial. J Clin Oncol 1993 ; 11 : 1253-63.
ÉDITORIAL
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La Lettre du Cancérologue - volume X - n° 4 - juillet-août 2001
Chimiothérapie du cancer du sein :
non, le fec 50 n’est pas sous-dosé
●P. Fumoleau*
* Centre René-Gauducheau, bd Jacques-Monod, 44805 Nantes Saint-Herblain
cedex.
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