d’un panel de cytokines par RT-PCR en
temps réel permet de caractériser le rejet
(2). De même, l’analyse sur puce
Affymetrix
®
des ARN extraits du sang
total a montré des variations d’expres-
sion de différents gènes répartis en clus-
ters distinguant le rejet aigu de l’absence
de rejet ou du rejet résolu (3). Dans cette
étude, l’analyse a été poursuivie en RT-
PCR quantitative et a montré des chan-
gements significatifs d’expression d’un
gène impliqué dans l’inhibition de
l’apoptose et d’un autre impliqué dans
l’activation des leucocytes (superoxyde
dismutase 2), tous deux augmentés au
cours du rejet. Actuellement, le diagnostic
de rejet cardiaque reste donc supporté
par la biopsie endomyocardique.
En raison de la latence clinique, élec-
trocardiographique et échographique
du rejet cardiaque, la biopsie endomyo-
cardique n’est habituellement pas indi-
quée à l’occasion d’anomalies de ces
trois indicateurs. Elle est pratiquée de
façon systématique pour détecter le
rejet cardiaque selon un échéancier qui
entre dans un protocole et qui tente de
couvrir au mieux la période la plus pro-
bable de survenue d’épisodes de rejet.
Ainsi de nombreuses équipes prati-
quent-elles des biopsies endomyo-
cardiques systématiques toutes les se-
maines pendant les deux premiers
mois, toutes les deux semaines jusqu’à
la fin du quatrième mois, puis tous les
mois jusqu’à la fin de la première
année, et enfin tous les six mois. Ce
programme est en accord avec la notion
statistique montrant que les épisodes de
rejet sont plus fréquents pendant les six
premiers mois après la transplantation.
Cependant, des crises de rejet aigu peu-
vent survenir à tout moment, même de
nombreuses années après la transplan-
tation. Devant la très faible incidence
du rejet aigu tardif, certaines équipes
s’interrogent sur l’utilité de pratiquer
une biopsie endomyocardique des
années après la transplantation.
La technique de biopsie endomyocar-
dique en transplantation cardiaque
consiste en une biopsie du ventricule
droit réalisée par voie transveineuse, le
plus souvent jugulaire interne, pratiquée
par une pince à biopsie de taille 7F ou
8F (figure 1). La biopsie est dirigée
sous contrôle radioscopique contre le
septum du ventricule droit près de la
pointe : il faut éviter impérativement de
biopsier la paroi libre du ventricule
droit, qui est fine, exposant au risque de
perforation par biopsie transfixiante.
Cependant, sur le cœur transplanté qui
est un cœur opéré, les adhérences limi-
tent considérablement le risque d’hémo-
péricarde. Le nombre de fragments
requis pour assurer une bonne sensibi-
lité de dépistage de rejet aigu cellulaire
est d’environ quatre. L’échantillonnage
minimum est fixé à trois fragments. Les
fragments biopsiques intéressent l’en-
docarde et le myocarde sous-jacent. Ces
fragments sont fixés dans le formol
dilué pour réaliser une étude histolo-
gique standard nécessitant des coupes
sur plusieurs niveaux afin de détecter un
processus pathologique cellulaire focal.
Il est nécessaire d’ajouter un prélève-
ment supplémentaire non fixé qui sera
congelé si l’on suspecte un rejet humo-
ral : l’étude en immunofluorescence de
coupes au cryostat est alors indispen-
sable. Pour les trois ou quatre fragments
biopsiques reçus fixés dans le formol et
inclus en paraffine, les différents
niveaux de coupe sont colorés par une
coloration standard hématoxyline-éosine.
Les colorations spéciales n’ont généra-
lement aucune utilité. L’étude immuno-
histochimique sur tissu fixé peut être
utile pour détecter des macrophages
endovasculaires (ce qui est un marqueur
du rejet humoral).
L’essentiel de la pathologie de la trans-
plantation cardiaque est établi depuis
longtemps. Cependant, ces dernières
années, deux faits principaux ont modi-
fié la pratique en anatomie pathologique
de la transplantation cardiaque :
✓une nouvelle proposition de classifi-
cation du rejet pour essayer de répondre
aux difficultés d’utilisation de la classi-
fication du rejet aigu cellulaire car-
diaque proposée en 1990 ;
✓la prise en compte du rejet aigu
humoral comme phénomène patholo-
gique réel et possiblement très grave,
ainsi que la mise à la disposition des
pathologistes d’outils pour le diagnostic
de rejet humoral.
RÉVISION DE LA GRILLE
POUR LA STANDARDISATION
DE LA NOMENCLATURE
DANS LE DIAGNOSTIC DE REJET
CARDIAQUE
(tableau I)
Les aspects histologiques lésionnels
définissant les lésions élémentaires du
rejet cardiaque ainsi que leur gradation
ont été décrits dans les travaux pion-
Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n
o
1 - janvier-février-mars 2006
11
DOSSIER
thématique
Figure 1. Pince
à biopsie
endomyocardique
7F jetable
et les fragments
de myocarde
biopsiés (vus sur
lame histologique
après coloration
par l’hématoxyline-
éosine). Échelle
millimétrique.