Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 6, novembre/décembre 2005
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Urgences
en endocrinologie, diabétologie
et maladies métaboliques
en endocrinologie, diabétologie
et maladies métaboliques
trope chez des patients atteints de
dépression endogène ou de psy-
chose chronique ;
✓
traitement spécifique de l’étio-
logie : antibiothérapie en cas de
pneumopathie, exérèse chirurgicale
d’une tumeur sécrétrice d’ADH
après correction (au moins partielle)
de l’hyponatrémie si cette dernière
est symptomatique.
En cas de forte suspicion d’insuf-
fisance corticotrope (présence de
signes d’insuffisance antéhypophy-
saire, antécédent de corticothérapie,
d’adénome et/ou de chirurgie hypo-
physaire), il est indispensable d’ad-
ministrer, sans délai, de l’hydrocor-
tisone par voie parentérale (lire le
chapitre consacré à l’insuffisance
surrénale aiguë) après avoir effec-
tué un prélèvement veineux pour
dosage ultérieur de la cortisolémie.
De même, l’hypothyroïdie profonde
avec hyponatrémie de dilution sera
prise en charge selon les modalités
décrites dans le chapitre consacré au
coma myxœdémateux.
Le traitement de l’hyponatrémie sera
mené selon les modalités suivantes :
✓
lorsque l’hyponatrémie est peu ou
pas symptomatique, la restriction
hydrique modérée à sévère (1 200 à
500 ml/j), éventuellement associée à
un apport sodé oral ou parentéral,
permet en règle générale la normali-
sation progressive de la natrémie ;
✓
si l’hyponatrémie est symptoma-
tique, il est nécessaire de perfuser
du chlorure de sodium isotonique,
voire hypertonique, notamment en
cas de manifestations neurologiques
graves. La vitesse de remontée de la
natrémie peut être initialement éle-
vée (2 mmol/l/h pendant les quatre
premières heures). Par la suite, le
rythme de perfusion du chlorure de
sodium devra être ralenti pour que
l’augmentation de la natrémie ne
dépasse pas 12 à 15 mmol/l au
terme des 24 premières heures et
25 mmol/l au bout de 48 heures (7).
L’apport en sel est associé à une res-
triction hydrique lorsque la régres-
sion des symptômes neurologiques
permet la reprise de l’alimentation ;
✓
lorsque l’association restriction
hydrique/apport sodé ne permet pas
d’obtenir une natrémie supérieure à
130 mmol/l, le recours au furosé-
mide à petite dose (40 à 60 mg/j en
deux prises) peut être proposé en
compensant les pertes électroly-
tiques. L’urée administrée par voie
orale (30 g/j dilués dans 100 ml
d’eau) a également fait la preuve de
son efficacité. Elle permet en effet
d’entretenir une diurèse significative
en générant une charge osmotique
urinaire importante. La déméclocy-
cline (Ledermycine®), une tétra-
cycline qui s’oppose à l’action de
l’ADH, peut être délivrée sur pres-
cription hospitalière lorsque la
natrémie reste inférieure à 125 mmol/l
malgré les mesures thérapeutiques
citées précédemment. La posologie
recommandée est de 900 à 1 200 mg
par jour en deux prises pour les dix
premiers jours, puis de 600 mg par
jour par la suite. Elle nécessite une
surveillance étroite de la fonction
rénale en raison de sa néphrotoxi-
cité. Le lithium, qui diminue la sen-
sibilité du tubule rénal à l’ADH, a
lui aussi été utilisé dans ce cadre,
mais sa toxicité potentielle le rend
difficile à manier. Enfin, des anta-
gonistes du récepteur rénal de
l’ADH (récepteur V2), tels que le
conivaptan et le tolvaptan, sont
actuellement développés par l’in-
dustrie pharmaceutique. Les études
cliniques déjà publiées confirment
l’efficacité de ces molécules dont la
tolérance paraît satisfaisante.
Prévention
Les déficits endocriniens, les insuf-
fisances surrénale et thyroïdienne,
doivent bien sûr être correctement
substitués. Les patients insuffisants
corticotropes doivent, en outre, par-
faitement connaître les mesures de
prévention de l’insuffisance surré-
nale aiguë (lire le chapitre “Insuffi-
sance surrénale aiguë chez l’adulte”
p. 212). Chez les patients atteints de
maladies chroniques potentiellement
responsables de SIADH ou traités
au long cours par un médicament
stimulant la sécrétion ou les effets
de l’ADH, il est logique de proposer
une limitation des apports hydriques
pour maintenir la natrémie dans les
valeurs normales.
Références
1.
Anderson RJ, Chung HM, Kluge R et al. Hypo-
natremia: a prospective analysis of its epidemio-
logy and the pathogenetic role of vasopressin. Ann
Intern Med 1985;102:164-8.
2.
Oelkers W. Hyponatremia and inappropriate
secretion of vasopressin (antidiuretic hormone) in
patients with hypopituitarism. N Engl J Med
1989;321:492-6.
3.
Hirshberg B, Ben-Yehuda A. The syndrome of
inappropriate antidiuretic hormone secretion in
the elderly. Am J Med 1997;103:270-3.
4.
Berl T. Treating hyponatremia: damned if we
do and damned if we don’t. Kidney Int 1990;
37:1006-18.
5.
Sterns RH. The treatment of hyponatremia:
first, do no harm. Am J Med 1990;88:557-60.
6.
Decaux G, Soupart A. Treatment of symptoma-
tic hyponatremia. Am J Med Sci 2003;326:25-30.
7.
Arieff AI. Management of hyponatremia. Brit
Med J 1993;307:305-8.