Le bilan sanguin est le suivant : globules rouges :
5 620 g/L (N : 4 000-5 400 g/L) ; hémoglobine 12,1 g/dL
(N : 12-16 g/dL) ; globules blancs : 6,5 g/L (N :
4-10 g/L) ; natrémie : 141 mmol/L ; kaliémie : 5 mmol/L ;
urée : 5,17 mmol/L, créatinine : 56,3 lmol/L, glycémie :
5,67 mmol/L.
La patiente a été opérée pour recouvrement par le grand
dorsal de la paroi thoracique gauche, sous anesthésie
générale. L’induction de l’anesthésie a été réalisée avec du
fentanyl, de l’hypnomidate et de l’atracurium. L’entretien
de l’anesthésie a été assuré par du propofol au pousse-
seringue électrique. La durée de l’intervention a été de
3 heures. En postopératoire la patiente a reçu une héparine
de bas poids pour la prophylaxie de la maladie throm-
boembolique : (énoxaparine : 40 mg/24 heures en SC), un
antalgique (paracétamol : 1 g/6 heures en IVD), un antihy-
pertenseur (bétaxolol : 20 mg/24 heures), et une réanima-
tion hydroéléctrolytique (sérum salé 0,9 % : 500 mL/
6 heures).
En raison d’une angoisse, d’insomnie et d’antécédents de
trouble de l’humeur, un avis psychiatrique a été demandé
et un traitement à base de fluoxétine 20 mg/j et bromazé-
pam 6 mg/j a été prescrit.
À J+4 la patiente a présenté un syndrome clinique fait de
céphalées, obnubilation et nausées. L’état hémodynami-
que était stable : TA : 150/70 mmHg ; FC : 80 bat/min ;
PVC : 9 mmHg. Un examen neurologique a décelé une
hypoesthésie vibratoire légère du membre inférieur droit.
Il n’y avait pas de signe méningé. Le bilan biochimique
sanguin et urinaire pratiqué sur l’automate (Cobas Integra
400 Roche Diagnostics) a montré : une hyponatrémie
sévère à 115,2 mmol/L (N : 136-145 mmol/L) ; une hypo-
kaliémie à 2,89 mmol/L (N : 3,4-4,5 mmol/L) ; chloruré-
mie : 93,2 mmol/L (N : 98-107 mmol/L), déterminées par
potentiométrie indirecte sur plasma. L’urée est mesurée :
3 mmol/L (N : 1,6-8,25 mmol/L), son dosage a été réalisé
par la méthode enzymatique à l’uréase. La créatininémie :
61,6 lmol/L (N : 62-106 lmol/L), dosée par la réaction de
Jaffé cinétique tamponnée sans déproténisation. La glycé-
mie déterminée par la technique à l’hexokinase est de
5 mmol/L (N : 3,05-6,38 mmol/L). Une hyposmolarité à
244 mOsm/L est observée (N : 295-305 mOsm/L).
L’ionogramme urinaire a montré : sodium : 219 mmol/
24 heures (N : 40-220 mmol/24 heures), potassium :
22 mmol/24 heures (N : 25-125 mmol/24 heures) ;
chlorure : 240 mmol/24 heures (N : 110-250 mmol/
24 heures) ; urée : 4 mmol/24 heures (N : 250-500 mmol/
24 heures) ; osmolarité urinaire : 339 mOsm/L (N : 100-
800 mOsmo/L) ; créatinine : 1,32 lmol/24 heures (N :
10-18 lmol/24 heures).
Un dosage de la cortisolémie est revenu normal à
329 nmol/L (N : 171-536 nmol/L). Le dosage des hormo-
nes thyroïdiennes n’a pas montré d’anomalie. Ces dosages
ont été effectués par la technique d’électrochimilumines-
cence sur l’automate Elecsys2010 (Roche Diagnostics).
Le diagnostic de syndrome de sécrétion inapproprié
d’ADH est suspecté devant l’association d’une hyponatré-
mie, d’hypo-osmolarité plasmatique, d’une natriurèse
conservée, en l’absence d’hypovolémie et d’hypotension
artérielle. Le traitement par la fluoxétine a été arrété. Le
traitement de l’hyponatrémie a consisté en une restriction
hydrique associée à un diurétique (furosémide :
40 mg/24 heures), la perfusion de 2 litres de sérum salé
isotonique sur 48 heures, ainsi qu’une recharge potassique.
L’évolution clinique et paraclinique a été satisfaisante.
L’ionogramme sanguin réalisé à J+6 a montré : natrémie :
137 mmol/L ; kaliémie : 3,98 mmol/L ; urée : 2,67 mmol/L ;
osmolarité sanguine : 291 mOsm/L. L’ionogramme uri-
naire a montré : sodium : 139 mmol/L ; osmolarité uri-
naire : 347 mOsm/L.
Du point de vue étiologique, un bilan pneumologique, un
bilan radiologique comprenant une tomodensitométrie
thoraco-abdomino-pelvienne, un dosage des marqueurs
tumoraux (CA15-3, CA125, NSE, Cyfra21), effectué par
la technique d’électrochimiluminescence sur l’automate
Elecsys 2010 (Roche Diagnostics), a été demandé en
médecine interne à la recherche d’une récidive tumorale,
d’un syndrome paranéoplasique et d’une tuberculose.
Toutes les explorations sont revenues négatives. Le dia-
gnostic le plus probable a été une hyponatrémie par un
SIADH induit par la fluoxétine administrée en situation
post-opératoire.
Discussion
Le SIADH est une urgence médicale de diagnostic diffi-
cile devant une hyponatrémie. La prise en charge en
milieu de réanimation est nécessaire pour corriger les
troubles hydro-éléctrolytiques et adapter la surveillance
hémodynamique et la diurèse. La coopération du réanima-
teur et du biologiste est importante pour poser le diagnos-
tic et le suivi thérapeutique.
Notre patiente a présenté des signes neurologiques avec
céphalées, obnubilation et des signes digestifs à types de
nausées. L’état hémodynamique était stable et la pression
veineuse centrale normale à 9 mmHg. L’ionogramme san-
guin réalisé en urgence a retrouvé une hyponatrémie
sévère, une hypoosmolalité et une hypokaliémie. L’osmo-
lalité urinaire était élevée. Les signes cliniques, quand ils
existent, sont neurologiques et non spécifiques. Leur sévé-
rité dépend de l’importance de l’œdème cérébral osmoti-
que et ainsi de la rapidité d’installation de l’hyponatrémie.
Biologiquement, il s’agit d’une hyponatrémie hypotoni-
que à volume extracellulaire normal ou augmenté, asso-
ciée à une natriurèse élevée, l’osmolalité urinaire étant
supérieure à l’osmolalité sanguine.
pratique quotidienne
Ann Biol Clin, vol. 65, n° 4, juillet-août 2007418
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