THÉORIE DES MESURES ET
INTÉGRATION
M28-SMA5 - CHAPITRE 4 :
MESURE DE LEBESGUE
ALLAL GHANMI
(2016 - 2017)
Chapitre 4
Mesure de Lebesgue
Il s’agit de prouver l’existence d’une mesure sur la tribu borélienne B(R)de Rde
sorte que la mesure d’un intervalle soit égale à sa longeur.
4.1 Un théorème de prolongement
Soit Aune algèbre sur un ensemble non vide X(i.e. contenant X, et stable par com-
plémetation et réunion finie).
Les éléments de l’algèbre Asont dits ensembles élémentaires de (X,A).
Une fonction élémentaire sur (X,A)est toute combinaison linéaire de fonctions
caractéristiques d’ensembles élémentaires de (X,A).
Une mesure sur Aest la donnée d’une application µ:AR+vérifiant µ() =
0 et
µ G
n
An!=
n
µ(An)
pour toute collection (An)nd’éléments de Adeux à deux disjoints et vérifiant
SnAnA.
Une mesure µsur Aest dite σ-finie, s’il existe (En)nAtelle que
X=[
n
Enet µ(En)<+pour tout n.
Théorème 4.1.1 (Théorème de prolongement de Caratheodory).Toute mesure σ-finie sur
une algèbre Ase prolonge de manière unique en une mesure σ-finie sur σ(A), la tribu engendrée
par A.
Preuve : A admettre.
Un bref aperçu sur la preuve :
Unicité : Soient e
µ1,e
µ2deux mesures sur σ(A)telles que e
µ1|A=e
µ2|Aet montrons
que e
µ1=e
µ2sur σ(A). Ceci est équivalent à
σ(A)⊂ {Aσ(A);e
µ1(A) = e
µ2(A)}=f
A.
Théorie des Mesures et Intégration - FSR 16-17
Il est clair que Af
Apuisque e
µ1(A) = µ1(A) = µ2(A) = e
µ2(A)pour toute AA. De
plus f
Aest une tribu (à vérifier).
Existence : On se sert de l’application µ:P(X)R+définie par
µ(A) = inf
n(An)nA
nAnAo(
n
µ(An)).
Alors, µvérifie
1. µ() = 0.
2. µest monotone : Si A,BXavec AB, alors tout recouvrement de Bpar des
parties dans Aest aussi un recouvrement de A.
3. µest σ-sous additive : Soit (An)⊂ P(X)et montrons que
µ([
n
An)
n
µ(An).
Par la propriété caractéristique de l’inf, pour tout nfixé et tout ε>0, il existe une
suite (An
k)kAvérifiant
An⊂ ∪kAn
k
et
µ(An) + ε
2n
k
µ(An
k).
D’autre part
[
n
An[
n [
k
An
k!;An
kA.
Alors par la définition de µ, on a
µ(nAn)
n,k
µ(An
k)
n,k
(µ(An) + ε
2n)
n
µ(An)!+ε
pour tout ε>0 arbitraire.
Définition 4.1.2. Toute application φ:P(X)R+vérifiant 1), 2) et 3) est dite mesure
extérieure.
Suite de la preuve du théorème : L’application µvérifie aussi µ|A=µ(i.e., µpro-
longe µ). En effet, pour AA, on a
µ(A) = inf
n(An)nA
nAnAo(
n
µ(An))
n
µ(An),
A. Ghanmi Mesure de Lebesgue 2
Théorie des Mesures et Intégration - FSR 16-17
pour toute (An)nA;A⊂ ∪nAn, et en particulier pour (An)ntelle que A0=Aet
An=;n=1. Alors,
µ(A)µ(A).
Pour AAquelconque, soit (An)nAavec SnAnA. Alors,
µ(A) = µ [
n
(AAn)!(car A=[
n
(AAn))
n
µ(AAn) ( µest σ-sous-additive sur Aet AAnA;n)
n
µ(An) ( par monotonie de de la mesure µ).
Alors
µ(A)inf
n(An)nA
nAnAo(
n
µ(An))=µ(A).
Question : Peut-on construire une tribu Msur Xvérifiant
Aσ(A)⊂ M
et sur laquelle µest une mesure?
Tribu des parties µ-mesurables :
Définition 4.1.3. Une partie A X est dite µ-mesurable si pour tout E ∈ P(X), on a
µ(E) = µ(EA) + µ(EAc).
Exercice : Soit M={AX;Aest µ-mesurable}
1. Montrer que Mest une tribu.
2. Montrer que A⊂ M.
3. Montrer que µest σ-additive sur M.
4.2 Mesure de Borel et mesure de Lebesgue
Définition 4.2.1 (Ensembles négligeables).Soit (X,M,µ)un espace mesuré. Une partie F
X est dite µ-négligeable, s’il existe A M tel que F A et µ(A) = 0. On note l’ensemble des
parties µ-négligeables par Nµ.
Proposition 4.2.2. Nµest stable par union au plus dénombrable.
Preuve : Soit (Fn)n⊂ Nµ. Alors pour tout n, il existe An M tel que FnAnet µ(An) =
0. Par suite, on a
[
n
Fn[
n
Anavec [
n
An∈ M et µ [
n
Fn!=0,
A. Ghanmi Mesure de Lebesgue 3
Théorie des Mesures et Intégration - FSR 16-17
puisque
µ([
n
Fn)
n
µ(Fn) = 0.
Définition 4.2.3 (Tribu complète).Soit (X,M,µ)un espace mesuré. La tribu Mest dite
complète pour la mesure µsi toute µ-négligeable est mesurable, i.e., Nµ⊂ M.
Remarques 4.2.4.
1. L’adjonction de NµàMélargit la tribu M.M ∪ Nµest stable par toute réunion dénom-
brable.
2. L’application e
µdéfinie sur M ∪ Nµpar e
µ(AN) = µ(A)est σ-additive.
3. e
µest une mesure sur l’algèbre engendrée par Met Nµet elle est σ-finie si µl’est.
En appliquant le théorème de prolongement, on obtient le résultat suivant
Théorème 4.2.5. Soit (X,M,µ)un espace mesuré de mesure σ-finie. Alors, il existe une et une
seule mesure sur la tribu engendrée par (M ∪ Nµ)prolongeant e
µet donc µ.
Définition 4.2.6. M=σ(M ∪ Nµ)est dite tribu complète et e
µest dite la mesure complètée
de µ.
Remarque 4.2.7. Mest complète pour e
µpar construction.
On désigne par I(R)l’ensemble des intervalles de Ret on note
U=(N
[
n=1
In,In∈ I(R)).
Alors, Uest une algèbre sur Ret on a σ(U) = B.
Considérons l’application λ:U R+définie sur Upar
λ([
n
In) =
n
l(In),
l(In) = |In|(longeur de In) = +; si Inn’est pas borné,
bnan; si In= (an,bn)est borné.
Alors, λest une mesure sur U(voir TD). De plus λest σ-fini sur U, puisque
R=[
n=1
]n,n[avec µ(] n,n[) = 2n<+.
En appliquant le théorème de prolongement, il existe e
λ:σ(U) = BR+tel que e
λest
σ-finie et e
λ(I) = λ(I) = |In|pour tout I∈ I(R).
Définition 4.2.8. e
λqu’on note encore λest dite mesure de Borel sur B.
Définition 4.2.9. Le prolongement de λà la tribu compléte de Best dite mesure de Lebesgue sur
Ret elle est notée encore λ.
A. Ghanmi Mesure de Lebesgue 4
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