Imagerie Pédiatrique et Fœtale
Mis à jour le 13/08/2010 par
SFR
IMAGERIE PEDIATRIQUE ET F Œ TALE
Anne Jouhanneaud (1), Philippe Petit (2)
(1) Service de radiologie, Poitiers
(2) Service de radiologie, CHU la Timone, Marseille
Cette année au RSNA, nous disposions de 121 posters informatiques, 21 séances de communications
scientifiques programmées et 6 séances éducatives de mise au point en imagerie pédiatrique.
DOSIMETRIE EN SCANNER
Le contrôle et l'optimisation de dose en scanographie restent au cœur des préoccupations. Plusieurs
études s'intéressent aux mesures sur fantômes pédiatriques, aux protocoles à intensité et tension
variables, aux filtres et logiciels de modulation de dose (1
-
4).
La majeure partie des communications et posters évalue l'exposition en fonction de la dose effective (en
mSv), dont la mesure est estimée à partir d'un facteur de pondération des tissus et reflète le risque
d'irradiation en terme de carcinogenèse. En France, contrairement, l'index dosimétrique de référence est
le PDL (en mGy.cm) : produit dose longueur, indice de dose cumulée, calculée à partie de l'IDSV (en
mGy).
Les chiffres en IDSL sur une étude de 260 scanners d'enfants de 1 à 18 ans (5) semblent comparables
aux recommandations françaises de la SFIPP (de 1 à 10 ans) :
Pour le thorax : les valeurs vont de 2,1 à 3,9 mGy en basse dose (2 à 4 mGy pour le
«
poumon
basse dose
»
80 kV et 3 à 5,48 mGy pour le poumon standard).
Pour l'abdomen : 2,1
3,9 mGy
SCANNER DOUBLE ENERGIE
Une équipe coréenne a évalué la perfusion pulmonaire avec le scanner double énergie, permettant, sans
irradiation supplémentaire, d'obtenir des données morphologiques contrairement à la scintigraphie. La
série est faible (n = 5) cependant les résultats apparaissent bien corrélés entre les deux techniques (6).
IRM
Les séquences de diffusion
La principale évolution représentée au RSNA 2008 est l'élargissement du champ d'application de cette
technique déjà ancienne, en passe de devenir de pratique quotidienne toutes spécialités d'organe
confondues. Elle connaît une forte expansion en clinique grâce à sa facilité d'utilisation (acquisition très
courte et post traitement rapide), et sa contribution importante dans de nombreuses pathologies. Les
principales limites sont les artéfacts de susceptibilité magnétique. L'utilisation des séquences multishot
propeller permet de réduire ces artefacts notamment dans la région mésogastrique.
Plusieurs études se sont intéressées aux séquences de diffusion corps entier en oncologie, notamment
en la comparant au TEP
-
scan. L'IRM apparaît plus performante pour détecter les lésions cérébrales,
hépatiques et ostéomédullaires, le TEP
-
scan demeurant supérieure pour les lésions ganglionnaires et
pulmonaires (7).
Dans la surveillance de ces patients, le calcul de l'ADC permet d'évaluer la nécrose tumorale en cours de
chimiothérapie permettant de différencier les patients
«
répondeurs
»
des
«
non répondeurs
»
(
8). Celui
-
ci apparaît plus fiable que l'imagerie standard (T1, T2, T1 avec injection de gadolinium) qui surestime la
viabilité tissulaire par extravasation du produit de contraste.
L'IRM corps entier avec séquences de diffusion et perfusion apparaît supérieure au TEP TDM dans
l'évaluation des pathologies oncologiques.
En pathologie abdominale, les séquences de diffusion permettraient de mettre en évidence, et même de
quantifier par stade la fibrose hépatique focale ou diffuse (8). Une étude sur 66 patients a étudié la
corrélation de l'ADC avec le score METAVIR (9). Cette étude unique en pratique pédiatrique est
discordante par rapport aux nombreuses études faites chez l'adulte ; la prudence est de mise. De plus la
valeur de l'ADC dépend de l'âge du patient et varie particulièrement chez l'enfant d'où la grande
variabilité d'un éventuel
«
cut off d'ADC
»
en imagerie pédiatrique.
Imagerie en tenseur de diffusion
L'imagerie des tenseurs de diffusion, en plein développement, devrait permettre de grandes avancées
dans la compréhension de l'organisation et de la maturation de la substance blanche.
La tractographie, basée sur la diffusion anisotropique, explore les anomalies de développement cérébral
et les anomalies de la substance blanche notamment au niveau des sièges difficiles à identifier sur les
séquences morphologiques habituelles : Le bras postérieur de la capsule interne et le corps calleux. Elle
permet d'étudier la trajectoire des fibres (motrices et sensitives), l'organisation axonale, et le volume
de substance blanche ; ce dernier étant corrélé de façon significative avec la fonction motrice. L'intérêt
étant d'adapter une prise en charge précoce (10).
Une étude concernant 10 grands prématurés avec atteinte clinique sévère a démontré que les lésions
prédominaient dans les régions pariétales ainsi qu'au niveau des capsules internes où il existe une
anisotropie plus faible (11).
La spectroscopie
L'utilisation de la spectroscopie en pratique courante est encore limitée en raison de sa lenteur
d'acquisition, le plus souvent sur un voxel unique, de son faible rapport signal/bruit intrinsèque et du
caractère souvent peu spécifique des anomalies observées.
Dans le cadre des traumatismes non accidentels, une étude s'est intéressée à l'intérêt de l'IRM précoce
avec séquences de diffusion pour juger de l'étendue des lésions, ainsi que la spectroscopie pour estimer
la sévérité (pic de lactate signant la nécrose et pic du rapport glutamate/glutamine corrélé à l'oedème
cytotoxique). La mise en évidence de l'augmentation du glutamate extracellulaire, neurotransmetteur
excitateur impliqué dans
«
la cascade ischémique
»
permet d'espérer un traitement neuroprotecteur
futur par antagoniste du récepteur de glutamate (12).
L'imagerie corps entier STIR
Une étude a comparé l'IRM corps entier STIR à la surveillance radiologique dans le dépistage des
fractures métaphysaires chez les enfants victimes de traumatisme non accidentel.
Celle
-
ci se heurte aux mêmes limites que la scintigraphie avec une sensibilité de 64 %. Le principal
signe diagnostique serait l'hypersignal périphysaire asymétrique avec une spécificité de 100 % (13).
L'intérêt de l'IRM corps entier est aussi souligné dans le bilan d'ostéite chronique multifocale
récidivante, où la séquence STIR apparaît supérieure aux séquences T1 sans et avec injection de
gadolinium. Elle permet de révéler les multiples foci inflammatoires, y compris cliniquement latents
ainsi que les lésions accompagnantes : myosite, arthrite (14, 15).
IRM 3 Tesla
Par rapport à 2007, pas de grande nouveauté. Cette technique est encore en développement. Son champ
d'exploration reste actuellement restreint avec comme principale indication en neurologie : l'exploration
des épilepsies, angioMR, et en ORL : l'étude de l'oreille interne. L'excellente résolution spatiale permet
aussi une étude approfondie en ostéo
-
articulaire. Le gain en temps d'examen apparaît intéressant en
pédiatrie, permettant une adaptation de la sédation face à la diminution des artefacts de mouvement.
Le principal écueil est lié aux nombreux autres artefacts (déplacement chimique, susceptibilité
magnétique) ce qui rend l'exploration médullaire et abdominale limitée (16).
IMAGERIE ET GROSSESSE
Imagerie abdominale
L'intérêt de l'IRM en ce qui concerne la pathologie abdomino
-
pelvienne, notamment aiguë dans ce cadre
clinique est à rappeler. Examen non irradiant, ne nécessitant pas d'injection elle présente une bonne
sensibilité (90 %) et une excellente spécificité (98 %). Les principales indications sont tout d'abord
celles mettant en jeu le pronostic vital fœtal : les urgences abdominales (appendicite aiguë, occlusion,
torsion d'annexe, pathologie des voies biliaires) mais aussi l'exploration des maladies inflammatoires
chroniques idiopathiques, l'hydronéphrose douloureuse, les néoplasies (17, 18).
Des travaux récents ont étudié la pharmacocinétique des chélates de gadolinium chez la souris,
prouvant que celui
-
ci passe la barrière placentaire, diffuse dans la circulation fœtale, mais est
redistribué en retour dans la circulation maternelle, évitant ainsi l'accumulation fœtale. D'autre part la
plupart des études chez l'animal n'a pas retrouvé d'effet tératogène (19).
Imagerie placentaire
Une étude anglo
-
américaine a étudié les courbes de rehaussement du placenta par IRM dynamique 3D
après injection de gadolinium (1,5T) dans le cadre des retards de croissance intra
-
utérin. Comparée aux
grossesses normales, celle
-
ci montre des différences significatives : un retard et une diminution du pic
de rehaussement témoignant d'une dysfonction avec réduction du flux sanguin au niveau des villosités
(20).
CONCLUSION
La RSNA 2008 aura été, en radiopédiatrie, pauvre en nouveautés, avec un décalage perdurant entre
l'arrivée dans la spécialité de techniques validées ou récusées en pratique d'adulte.
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