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II. Introduction
Le 13 Décembre 2008, la république Centrafricaine (RCA) aura 50 ans. Son histoire depuis
son indépendance en 1960 a été caractérisée par une série de coups d’état, de rebellions et de
mauvaise gouvernance. La RCA souffre également de l’actuelle crise régionale et du flux
d’armes et des incursions armées venant de ses voisins dont le Soudan, la République
Démocratique du Congo (RDC) et le Tchad. Mal gérée par ses présidents et dictateurs
successifs et abandonnée par la Communauté International, la RCA est actuellement un pays
en pleine crise politique, sécuritaire et économique où la pauvreté, le sous-développement et
les violations des droits de l’homme sont le sort de la majorité de la population.
L’histoire politique mouvementée de la RCA
Niché au centre de l’Afrique, ce territoire plus vaste que l’hexagone est avant tout une pure
construction coloniale. Colonisée et administrée dès 1905 par la France au sein de l’Afrique
Equatoriale Française (AEF), l’Oubangui-Chari est aussitôt exploitée par de grandes
compagnies coloniales. La pression coloniale ne se fait pas sans heurts, ainsi en 1928 la
guerre du Kongo-Wara fait rage, les populations s’opposant au travail forcé que l’AEF leur
impose. Dans ce contexte naît une timide prise de conscience politique, qui atteindra son
apogée à travers la création du Mouvement pour l'Évolution Sociale de l'Afrique Noire
(MESAN) de Barthélemy Boganda.
En 1958, Boganda devient le premier président de la République Centrafricaine. Il sera
succédé l’année suivante par David Dacko après la mort de Boganda dans in accident d’avion.
C’est sous Dacko que l’indépendance de la RCA sera proclamée le 13 Août 1960. Si
l’indépendance a été proclamée sur des bases démocratiques, les années qui suivent sont
chaotiques avec des cycles de putschs, entrecoupés d’élections plus ou moins régulières.
L’instabilité chronique de la vie politique centrafricaine est évidemment une autre cause de
stagnation et de régression.
En 1966, Jean-Bedel Bokassa prend le pouvoir par un coup sanglant et instaure un régime
dictatorial et criminel. C’est de cette époque que datent les derniers grands investissements
publics dont les traces visuelles se concentrent à Bangui. Ce sont les quelques grands
bâtiments et hôtels de la ville, le bitumage des routes, l’édification d’infrastructures telles que
l’aéroport Mpoko, le lycée de la ville, les deux hôpitaux (Communautaire et Amitié), la
centrale électrique de Boali II ainsi que l’ébauche d’un réseau d’eau communal dans la
capitale et l’installation de l’éclairage public. Néanmoins, ces réalisations ont toutes souffert
de la déliquescence de l’économie et de l’absence de nouveaux investissements et sont pour la
plupart en ruine.
Dans un deuxième coup soutenu par la France, Dacko revient au pouvoir en 1979, après que
Bokassa ait abolit la Constitution, dissout l’Assemblée Nationale et se soit proclamé
Empereur Bokassa I en 1976. Dacko n’est aux yeux de l’Elysée qu’une solution provisoire et
en 1982 la France soutient le coup d’Etat du Général Kolingba. Celui-ci entreprendra une
réforme constitutionnelle et instaurera des élections libres qu’il perdra en 1993 en faveur de
Ange-Félix Patassé.