
Particularités
dudiagnosticetdubilan
de l’infection VHC
chezlespatients VIH
Toutepersonne porteused’une infec-
tion parle VIH doitbénéficierd’une
recherche d’anticorpsanti-VHC parun
test ELISAde dernièregénération. Il
est égalementtrèsimportantde main-
tenirune surveillancesérologique
régulière,aumoinsannuelle,chezles
sujets négatifsdontl’exposition au
risquepersiste.
La recherche d’une réplication virale
Cparlestests lesplus sensibles(PCR
tempsréel ouTMA)doitêtreeffectuée
systématiquementaucoursde l’infec-
tion aiguë. Celle-cidoitégalementêtre
recherchée cheztoutepersonne dontle
test sérologiqueest négatif etlorsqu’il
existeune élévation inexpliquée des
transaminaseschezdessujets exposés
aurisqueVHC.
La détermination dugénotype duVHC
sefaiten pratiquecourantepardes
techniquesbaséessur l’amplification de
larégion 5’ non codantedugénome
viraloude l’amplification de larégion
NS5b.Lestechniquesde sérotypage
plus simplesmaismoinsprécisessont
déconseilléeschezlespatients infec-
tésparle VIH dufaitd’une moindre
sensibilité[22].
La présenced’une virémie VHC
témoigne de laréplication virale et
doitconduireàune évaluation de
l’atteintehépatique. Ilest important
de rappelerqueladétermination du
génotype duVHC etlaquantification
de lavirémie fournissentdeséléments
d’information indispensablessur les
chancesd’efficacitédutraitementet
en aucuncassur lagravitédel’atteinte
hépatique.
L’évaluation de l’atteintehépatique
chezle patientco-infectéenl’absence
de signe évidentde cirrhosesur le bilan
initial(clinique,biologiqueoud’ima-
gerie) aundouble objectif:d’une part,
discuterl’indication thérapeutiqueet
d’autrepart,diagnostiquerune fibrose
sévèreouune cirrhosequinécessitent
une priseencharge particulière.
Cependant,sil’indication thérapeu-
tiqueest posée d’emblée (parexemple,
silepatientest infectéparungéno-
type 2ou3ous’il existedesmanifes-
tationsextrahépatiques…) ourejetée
d’emblée (en raison d’une contreindi-
cation absolue) cetteévaluation a
moinsd’utilité.
L’évaluation de l’atteintehépatique
reposesur laponction biopsie hépa-
tique(PBH)ousur lestechniquesnon
invasives.
La PBH n’est pasunpréalable au
traitement.Son indication est aussià
nuanceren fonction de lavolontédu
patient.Endehors de l’activité
nécrotico-inflammatoireetde la
fibroseassociée auVHC, laPBH per-
metégalementde rechercherdes
lésionsassociéesen particulierune
stéatoseavecparfoisdeslésionsde
stéato-hépatite(duesauVHC lui-
même et/oufavoriséesdansce
contexteparlesdyslipidémiesoule
surpoids)ouliéesaux traitements anti-
rétroviraux,une toxicitémédicamen-
teuse(en particulierdeslésionsde
cytopathie mitochondriale),deslésions
secondairesàlaprised’alcool oude
drogues,desatypiescellulairesen
faveur d’une tumeur maligne àtype de
carcinome hépato-cellulaire,etplus
rarement,dessignesen faveur d’in-
fectionsopportunistes(analysesspé-
cifiquesen virologie,bactériologie,
voiremycologie).
Lestests non invasifsde fibrose(élasto-
métrie ettests biochimiques)dontles
résultats apportentdesinformations
comparablesàlaPBH en terme de
grade d’activitéetde stade de fibrose,
permettentd’éviterlaPBH chezenvi-
ron lamoitié despatients monoinfectés
parle VHC.
Plusieurs scoresbiochimiquesdirects
ouindirects de fibroseontétéétudiés
chezlespatients co-infectés[23-25]
(TableauI). Cesscorespermettentde
différencierlespatients ayantune
fibrosenulle ouminime despatients
ayantune fibrosemodérée àsévère.
Lesrésultats destests biochimiques
doiventêtreanalysésavecprécision
de façon analytiquedansune dé-
marche de cohérence. Desdéviations
marquéesd’unseulmarqueur (hyper-
bilirubinémie constitutionnelle ou
médicamenteuse,hémolysequelle
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facteur indépendantassocié àune pro-
gression plus rapide de lamaladie dans
laplupart desétudes[2].Deplus,une
étude récentemontrequelavitessede
progression de lafibroseest ralentie
chezlespatients co-infectésbien
contrôlésparlesmultithérapiesanti-
rétrovirales[10].Lecarcinome hépa-
tocellulairesurvientplus précocement
chezlespatients VIH (52vs64ans),
est plus souventsymptomatiqueau
momentdudiagnostic(51% vs 35%)
ets’accompagne plus fréquemment
d’une augmentation de l’alphafoeto
protéine. La survie n’est pasdifférente
de celle despatients VIH négatifs
maisen l’absencedetraitementcura-
tif,lasurvie est diminuée chezles
patients ayantune charge virale VIH
>400 cp/ml [11].
Enrevanche,lesrelationsentrela
charge virale VIH, le taux de CD4etla
charge virale VHC sontimprécises.
Avanttraitement,il n’ypasde corré-
lation entrelacharge virale VIH etla
charge virale VHC dontl’augmenta-
tion aétéobservée aprèsune chute
importantedutaux de CD4. Par
ailleurs,il est importantde retenirque
lacharge virale VHC n’est pascorré-
lée àlaprogression de lamaladie
virale C.
Lessujets co-infectésontparailleurs
d’autresco-facteurs d’aggravation de
lafibrosecomme une surconsom-
mation d’alcool,une stéatoseplus
fréquented’origine souventcomplexe
(métabolique,virale C, médicamen-
teuse),une toxicitéhépatiqueplus
fréquentedesanti-rétroviraux.Ces
co-facteurs expliquentaussique
danscettepopulation,le VHC puisse
êtreresponsable d’untiers desdécès
observés[12].
InfluenceduVHC
sur l’histoirenaturelle
duVIH
Bien quelesrésultats desétudes
publiéessoientcontradictoires,il ne
semble pasyavoirde retentissement
de l’infection parle VHC sur l’évolu-
tion de lamaladie VIH quecesoiten
terme de progression de lamaladie
VIH, de restauration immunitairesous
HAART,oude mortalité[13-21].