SENAT
— SEANCE DU 29 NOVEMBRE 1971
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Pourtant, le traitement minimum n'atteindra les 1.000 francs
bruts et non pas 1.000 francs nets, dans la zone où le taux de
l'indemnité de résidence est le plus élevé, que le
l
er
octobre 1972,
c'est-à-dire avec un an de retard sur ce que le Gouvernement
avait lui-même admis.
L'accélération de la réforme des catégories C et D, jugée néces-
saire, la veille même des discussions salariales, au conseil supé-
rieur de la fonction publique, par toutes les organisations syndi-
cales, est rejetée.
Certes, la réforme de la catégorie B, dont l'étude d'ensemble
est envisagée, n'est pas sans intérêt. Elle est réclamée depuis
longtemps par les organisations syndicales. Mais on ne peut pas
ne pas souligner que les premières mesures, d'ailleurs timides,
sont renvoyées au
fer
décembre 1972 pour des réalisations éven-
tuelles, en 1973 et les années suivantes. Il apparaît ainsi que
le contrat du 10 octobre 1969 sur les catégories C et D aura
effectivement joué son rôle de blocage des reclassements caté-
goriels généraux pendant plusieurs années.
Indépendamment de ces questions, qui entrent dans le champ
des discussions salariales entre le Gouvernement et les organi-
sations syndicales représentatives, il y aurait beaucoup à dire,
dans un véritable débat général, sur le rôle et le fonctionnement
des organismes paritaires, dont l'examen est constamment différé,
sur les oeuvres sociales de la fonction publique, qui devraient
inciter M. le secrétaire d'Etat à plus de modestie, sur l'exercice
des droits syndicaux et sur bien d'autres problèmes dont l'exa-
men montrerait que la fonction publique est loin d'être privilé-
giée en matière de « concertation » ou de discussions véritables.
Telle est, brièvement résumée, l'opinion que le groupe commu-
niste tenait à formuler à l'occasion de ce débat. Nous ne doutons
pas que l'ensemble des fonctionnaires sauront faire imposer
toutes leurs revendications.
(Applaudissements sur les
travées
communistes.)
M.
le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Philippe Malaud,
secrétaire
d'Etat à la
fonction publique.
Monsieur le président, mesdames, messieurs, je m'efforcerai de
vous donner un certain nombre d'indications aussi complètes
que possible sur le budget du secrétariat d'Etat à la fonction
publique, mais je les ferai précéder de quelques indications sur
un problème particulièrement important, qui a d'ailleurs été
largement évoqué par M. Bousch : celui de la formation profes-
sionnelle.
Je n'insisterai pas sur l'importance de la formation des hom-
mes, facteur décisif de progrès social et de développement
économique, puisque vous avez eu l'occasion d'en débattre
longuement lors de votre dernière session ; celle-ci a, en effet,
permis la discussion et le vote de quatre lois fort importantes
relatives à la formation continue, à l'apprentissage, aux ensei-
gnements technologiques.
En votant ces lois, vous avez clairement affirmé que l'action
entreprise depuis plusieurs années en vue de développer la
formation dans notre pays devait être poursuivie et amplifiée.
Votre rapporteur, M. Bousch, a d'ailleurs parfaitement analysé
les problèmes que pose et que posera le développement prévisible
de la formation professionnelle continue dans les années à venir.
En effet, le VIe Plan prévoit que le nombre
des stagiaires doit
passer de 900.000 à 2 millions. A cet effet, 2 milliards de francs
devront être consacrés par l'Etat au financement d'équipements
d'accueil et le taux de progression des crédits de fonctionnement
devra rester du même ordre que ces dernières années, donc très
supérieur au taux de croissance moyen des dépenses publiques.
Avant d'aborder l'incidence sur l'exercice 1972 de l'effort
prévu par le VIe Plan et sans revenir sur l'ensemble des méca-
nismes institutionnels, juridiques et financiers prévus par la
loi du
16
juillet 1971 sur la formation professionnelle, je souhai-
terais cependant insister sur deux points, particulièrement
importants, qui auront des conséquences tout à fait concrètes
dès 1972. Il s'agit du congé de formation et de l'obligation faite
aux entreprises de participer au financement de la formation
professionnelle.
Avec la politique conventionnelle d'aide au fonctionnement
des stages et le régime de rémunération des stagiaires, qui étaient
déjà inscrits dans les lois de
1966
et de 1968, ce sont les pièces
essentielles du système, celles qui permettront à tous les tra-
vailleurs de bénéficier véritablement d'un droit à la formation.
La loi du 3 décembre
1966
avait posé le principe du congé
de formation.
Il
appartenait aux partenaires sociaux de définir,
de façon précise, les conditions d'exercice de ce nouveau droit
reconnu aux salariés. Ce fut l'objet de l'accord interprofessionnel
du 9 juillet 1970.
La loi du 16 juillet 1971 a permis d'étendre à tous les salariés
le droit qui venait d'être contractuellement reconnu à dix mil-
lions d'entre eux. L'important, en l'espèce, est donc que désor-
mais ce droit est ouvert à tous et qu'il pourra être effectivement
exercé.
Les stagiaires en formation pourront, sous certaines conditions,
bénéficier d'une prise en charge totale ou partielle par l'Etat.
Mais, bien entendu, l'Etat ne peut assurer seul le financement
des développements attendus et même souhaités par les parte-
naires sociaux. C'est pour cette raison que la loi impose aux
employeurs de prendre leur part de cette obligation nationale.
Il leur est donc demandé de consacrer, dès 1972, au financement
de la formation, des sommes égales à 0,8 p. 100 des salaires. Cet
effort sera progressivement majoré pour rester à la hauteur des
besoins. Ainsi pourront être mobilisées les ressources nécessaires
au plein épanouissement de la réforme, sans aller au-delà des
besoins prévisibles.
Mais, si cette mobilisation doit être progressive, c'est dès le
1" janvier 1972 que la loi doit s'appliquer effectivement et le
Gouvernement entend bien qu'elle entre en vigueur sans retard.
Conformément au voeu du Parlement et aux engagements du
Premier ministre, un effort particulier a donc été fait pour hâter
au maximum la préparation des textes d'application.
C'est ainsi que les projets de décret relatifs au congé de
formation, à la rémunération des stagiaires, à la participation
des employeurs au financement de la formation professionnelle
continue et aux fonds d'assurance formation ont déjà fait l'objet
des consultations nécessaires.
Ces différents textes vont donc pouvoir être publiés dans les
prochains jours. Ils seront suivis dans les meilleurs délais des
autres textes, notamment de ceux qui déterminent les conditions
d'application de la loi dans la fonction publique et de ceux qui
concernent l'apprentissage et la taxe d'apprentissage, ainsi que
l'institution des nouveaux comités départementaux de la forma-
tion professionnelle, de la promotion sociale et de l'emploi.
La mise en place d'un tel système législatif, réglementaire et
contractuel, qui n'a pas actuellement son équivalent dans le
monde, n'a été possible que grâce aux efforts menés depuis plu-
sieurs années déjà, notamment depuis 1968, année qui marque
le véritable démarrage de la politique conventionnelle.
Je n'entrerai pas dans le détail des résultats déjà obtenus par
la politique de formation professionnelle puisqu'une annexe
budgétaire, prévue expressément par l'article 11 de la loi du
16
juillet, vous a été distribuée.
Je crois cependant nécessaire de signaler que la capacité de
formation des centres conventionnés a atteint 310.000 places en
1970 alors que, dans le même temps, 630.000 stagiaires ont été
formés par ailleurs dans le cadre d'actions non conventionnées,
financées également sur des crédits de formation professionnelle
continue.
En 1971, les effectifs conventionnés atteindront, selon les
évaluations actuellement disponibles, environ 370.000 stagiaires,
correspondant à quelque 1.400 conventions.
Un effort particulier a été conduit en faveur des jeunes et des
travailleurs désireux de bénéficier d'une promotion.
Les effectifs de stagiaires de la première catégorie ont presque
doublé à l'occasion, notamment, d'actions spécifiques mises en
place dans les départements où avait été relevée une forte pro-
portion de jeunes demandeurs d'emploi.
Les petites et moyennes entreprises, pour lesquelles la forma-
tion professionnelle constitue un facteur décisif d'évolution et
de modernisation, ont bénéficié notamment d'actions de sensibi-
lisation.
Il a été tenu compte également des besoins en personnel
qualifié du secteur sanitaire et social et un effort tout particu-
lier a été consenti en faveur des éducateurs spécialisés pour
l'enfance inadaptée.
D'une manière générale, on a cherché à mettre en place,
à
côté des actions d'entretien et de perfectionnement des connais-
sances, qui sont souvent les plus attractives, des formations de
longue ou de moyenne durée, propres à assurer un relèvement
du niveau général des qualifications. Il en est résulté un net
accroissement du pourcentage des actions comprises entre
300
et 1.100 heures, notamment en faveur des
catégories profession-
nelles insuffisamment qualifiées.