La Lettre du Rhumatologue - n° 297 - décembre 2003
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REVUE DE PRESSE
La leptine est un petit polypeptide codé par le gène de l’obé-
sité (ob), qui régule l’alimentation et d’autres processus
physiologiques comme l’homéostasie lipidique, la sécrétion d’in-
suline ou la croissance osseuse. L’association obésité-arthrose est
observée aux articulations des membres inférieurs, mais aussi aux
mains, où le rôle mécanique de la surcharge pondérale ne peut être
incriminé. Afin d’évaluer la contribution de la leptine dans la phy-
siopathologie de l’arthrose, une équipe nancéenne a dosé les taux
de leptine dans le liquide synovial et dans le cartilage de onze
patients arthrosiques (1). Les prélèvements faits en peropératoire
(prothèse totale de genou ou arthroscopie) montrent la présence
de leptine dans le liquide articulaire de ces patients arthrosiques
et des taux corrélés à l’indice de masse corporelle. L’expression
de leptine par les chondrocytes, peu importante dans le cartilage
sain (témoins), était importante dans le cartilage arthrosique et
dans les ostéophytes et corrélée à la sévérité
de la maladie et à la
production de facteurs de croissance (IGF-1
et TGFß1). Forts de
cette observation, les auteurs ont ensuite étudié l’effet in vivo de
la leptine sur les chondrocytes de rat, observant que l’adipocyto-
kine stimulait la synthèse des facteurs de croissance sus-cités dans
le cartilage, avec augmentation de production d’ARN messager
de la leptine et de protéoglycanes.
La leptine semble donc être augmentée dans le cartilage arthro-
sique, mais on ne sait pas encore si cette augmentation est un bien
ou un mal (2). Si la leptine est un facteur anabolique, soit direct,
soit par ses effets observés sur la production d’IGF-1 et TGFß1,
alors sa production accrue pourrait être le reflet d’un phénomène
de réparation cartilagineuse. Si, en revanche, la leptine est indi-
rectement responsable de la production d’oxyde nitrique (NO)
par les chondrocytes, comme cela a été rapporté récemment (3),
elle pourrait en fait être délétère pour le cartilage.
Le rôle de la leptine dans la physiopathologie de l’arthrose est
plus que probable, mais il reste maintenant à préciser.
T. Pham, Marseille
Rôle de la leptine dans la physiopathologie de l’arthrose
1. Evidence for a key role of leptin in osteoarthritis.
Dumond H, Presle N, Terlain B et al.
l
Arthritis Rheum
2003 ; 48 : 3118-29.
2. Systemic and local regulation of articular cartilage
metabolism : where does leptin fit in the puzzle ?
Loeser RF
l
Arthritis Rheum 2003 ; 48 : 3009-12.
3. Synergistic induction of nitric oxide synthase type II :
in vitro effect of leptin and interferon
γ
in human chon-
drocytes and ATDC5 chondrogenic cells.
Otero M, Gomez Reino JJ, Gualillo O
l
Arthritis Rheum
2003 ; 48 (2) : 404-9.
Il est bien établi qu’une fracture vertébrale prévalente est
un facteur de risque important de fractures vertébrales ulté-
rieures. Le type et la localisation des fractures le sont également,
comme le montre ce travail issu des données de l’étude euro-
péenne EPOS. Dans cette étude multicentrique, 3 100 hommes
et 3 500 femmes ont eu une radiographie du rachis dorsal et lom-
baire de profil à 3,8 ans d’intervalle en moyenne. Le risque de
fracture vertébrale incidente augmentait avec le nombre de frac-
tures prévalentes, avec un risque relatif (RR) de 3,2 (2,1-4,8) pour
une fracture prévalente, 9,8 (6,1-15,8) pour 2 fractures préva-
lentes et 23,3 (15,3-35,4) pour 3 fractures et plus. Le risque frac-
turaire était différent selon le niveau de la fracture prévalente,
avec un RR plus élevé de T5 à T7 (4,6, 2,9, 2,3) et de L1 à L3
(2,5, 2,1, 2,4). Le risque fracturaire variait également en fonction
de la distance par rapport à la fracture vertébrale initiale. Ainsi,
les vertèbres les plus proches avaient un risque accru de fracture
avec un RR de 7,7 (5,6-10,5) si elles se situaient à trois vertèbres
ou moins, de 4 (2,6-6) si elles étaient plus éloignées. Il n’y avait
pas de différence dans le risque fracturaire entre une vertèbre
biconcave, cunéiforme ou en galette (RR = 3,7, 3,4 et 4,4) (clas-
sification de McCloskey-Kanis). En analysant les diminutions de
hauteur (≥20 %) de la partie antérieure (A), moyenne (M) ou
postérieure (P), le risque fracturaire n’était pas augmenté en cas
de diminution A + P ou M + P ; en revanche, les sujets A + M
avaient un RR de 5,9 (4,1-8,6) de fracture incidente, A + M + P
de 3 (1,8-4,9), M seule de 3,3 (2,3-4,8) et A seule de 1,9 (1-3,4).
La sévérité de la fracture (algorithme de McCloskey-Kanis) aug-
mentait le risque de fracture prévalente avec un RR compris entre
2,2 et 10,9. Il n’y avait pas de différence entre les femmes et les
hommes pour ces facteurs de risque.
Discussion. Si la recherche d’une fracture vertébrale doit faire
partie de l’évaluation du risque fracturaire, sa localisation, son
aspect et sa sévérité ont également leur importance.
P. Guggenbuhl, Rennes
La fracture vertébrale sous toutes les coutures
Characteristics of a prevalent vertebral deformity pre-
dict subsequent vertebral fracture : results from the
European Prospective Osteoporosis Study (EPOS).
Lunt M, O’Neill TW, Felsenberg D et al. and the
European Prospective Osteoporosis Study Group
l
Bone
2003 ; 33 :
505-13
.
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