La Lettre du Sénologue • n° 42 - octobre-novembre-décembre 2008 | 21
Résumé
du risque de développer la maladie et la connaissance
des aspects génétiques pertinents dans ce contexte
sans accroissement de la détresse émotionnelle,
et en favorisant le choix éclairé entre différentes
options, tant au moment de la décision de procéder
à un test que lorsqu’il s’agit de faire face aux consé-
quences qui découlent du résultat.
Le modèle de la prise de décision médicale informée,
partagée entre clinicien et patient, s’applique tout
particulièrement à ce contexte. En effet, il répond
à une situation de choix entre plusieurs options :
choix d’effectuer ou non un test génétique, d’en
connaître ou non le résultat, de transmettre ou non
les informations reçues, immédiatement ou plus
tard, aux membres de la famille concernés ; choix,
enfin – et il s’agit sans doute de l’une des situations
décisionnelles les plus complexes –, d’opter pour
la simple surveillance ou bien pour une prévention
chirurgicale dans l’objectif de diminuer le risque de
développer un cancer.
Sur ces différents points, et en particulier lorsqu’une
incertitude existe quant au rapport bénéfice/risque
de chacune des alternatives de la décision, il est
essentiel d’impliquer le patient de manière étroite, en
l’aidant à révéler ses valeurs et ses préférences après
avoir vérifié sa bonne compréhension et élaboration
du choix à faire.
La démarche en oncogénétique doit relever d’un
processus pluridisciplinaire associant généticiens,
conseillers en génétique, oncologues, spécialistes
d’organes et psycho-oncologues, afin de mieux
répondre à ses trois dimensions principales : l’édu-
cation (besoin d’information), l’aide à la décision et
le soutien psychologique (aide à l’adaptation). Des
échanges réguliers entre professionnels permettent
la mise en commun des informations et perceptions
en vue d’une meilleure compréhension globale des
attentes, des valeurs, des choix des consultants et
de leurs éventuelles difficultés psychologiques. Des
synthèses écrites figurent dans le dossier des consul-
tants, permettant, là encore, la mise en commun des
informations et des points de vue recueillis par les
différents intervenants professionnels.
Ce processus se veut le garant d’une démarche visant
le respect de l’autonomie de la patiente dans sa
prise de décision.
Rôle du psycho-oncologue
Dans le contexte hautement spécifique de l’onco-
génétique, le psycho-oncologue a un rôle très diffé-
rent de celui qu’il assume dans une consultation de
psycho-oncologie “classique”. Loin de représenter le
traditionnel “psy” menant un entretien ouvert dont
l’objectif serait de favoriser l’expression spontanée
des besoins psychiques du patient et de tenter d’y
apporter une réponse avec ses outils spécifiques de
psychothérapeute, le psycho-oncologue assume,
dans le contexte de la démarche en oncogénétique,
un rôle plus spécifique et adapté à chaque cas.
Tout d’abord, il se prépare à cette consultation en
favorisant les échanges préalables avec l’équipe
d’onco génétique et en lisant attentivement le
dossier médical du patient, où figurent les obser-
vations issues de la première consultation avec
l’oncogénéticien.
Le premier entretien psycho-oncologique, qui a
souvent lieu durant la période de réflexion qui suit
la première rencontre avec le généticien, est l’oc-
casion pour le consultant de faire le point sur sa
motivation à entreprendre la démarche génétique
et d’expliquer ce qu’il en attend. Il permet d’explorer
les représentations que le sujet a du cancer, notam-
ment par rapport à son histoire familiale, souvent
chargée, ainsi que son niveau d’information mais
aussi d’intégration de l’information à l’issue de la
première consultation avec le généticien. Cet entre-
tien aborde ensuite la façon dont le patient perçoit
le risque, sa capacité à anticiper le résultat du test,
son désir de transmettre les informations reçues à
sa famille et, plus globalement, la communication
au sein de la famille. Il évoque les conséquences
psychologiques de la situation de risque génétique,
de même que les éventuels risques de décompen-
sation psycho pathologique liés à cette situation.
Cette consultation aboutit parfois à la décision de
ne pas réaliser le test génétique, ou de le différer,
quitte à proposer un suivi psycho-oncologique plus
intensif pour préparer la démarche oncogénétique,
immédiatement ou une fois la crise psychopatholo-
gique résolue, lorsqu’il s’agit d’un trouble adaptatif
jugé transitoire.
Lorsqu’une mutation est identifiée et que le sujet doit
envisager les différentes possibilités de surveillance
La consultation d’oncogénétique est une situation très spéciale nécessitant une expertise multidisciplinaire. Le conseil
génétique a des répercussions multiples, comme l’identification d’une mutation prédisposant à une forte probabilité de
développer un cancer du sein ou de l’ovaire, la mise en place de mesures préventives allant de la surveillance étroite à
la chirurgie ou l’impact de l’information sur les autres membres de la famille, concernés également par le risque géné-
tique. Cette démarche d’oncogénétique nécessite une approche multidisciplinaire impliquant les psycho-oncologues à
toutes les étapes de la procédure.
Mots-clés
Consultations
d’oncogénétique
BRCA1
BRCA2
Cancer du sein
Cancer de l’ovaire
Psycho-oncologues
Highlights
Cancer genetic counselling
represents a very special situ-
ation of interaction between
the geneticist and the coun-
selee, marked by a number of
specificities that account for
its complexity. Cancer genetic
counselling has multiple reper-
cussions, such as identifica-
tion of a deleterious genetic
mutation associated with a
high probability of developing
breast and/or ovarian cancer,
the implementation of preven-
tive measures ranging from
close surveillance to mutilating
surgical procedures, or the
impact of the information on
the other members of the coun-
selee’s family also concerned
by the genetic risk. This coun-
selling needs the expertise
and collaboration of psycho-
oncologists and geneticists.
Keywords
Cancer genetics counselling
BRCA1
BRCA2
Breast cancer
Ovary cancer,
Psycho-oncologists