267
SÉNAT
SECONDE
SESSION
ORDINAIRE
DE
1976-1977
Annexe
au
procès-verbal
de
la
séance
du
26
avril
1977
.
COMMUNICATION
DU
GOUVERNEMENT
SUR
SON
PROGRAMME
LUE
AU
NOM
DE
M.
RAYMOND
BARRE
,
Premier
Ministre
,
Ministre
de
l'
Économie
et
des
Finances
,
PAR
M.
ALAIN
PEYREFITTE
,
Garde
des
Sceaux
,
Ministre
de
la
Justice
.
Politique
économique
.
Communication
du
Gouvernement
.
-2-
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Sénateurs,
M.
le Premier 'Ministre m'a demandé de donner lecture au
Sénat, au cours de sa sé'ancë
·ce·
j out, la déèlafa'tion suivante :
Mesdames,· Messieurs·
lHs·
Sénateurs, conformément au vœu
exprimé
par
M.
le Président de la République et après délibération
du Conseil des Ministres, j'ai décidé de soumettre au vote de
l'Assemblée Nationale
et
du Sénat le programm'e d'action que le
Gouvernement a établi pour les prochains
mois.
Eu égard
l'importance nationale des objectifs proposés, et
tout en me réservant-de les···développer devant vous
l(}rsque
votre
ordre du joûr'app'eliera leu\f·exàmen,d'aksoilhaitê'·queJé Senat puisse
prendre connaissance de la déclaration que je fais en
ce
moment
même devant l'Assemblée Nationale.
Voici
do'tîè
le
texte la· déclaration
· Gouvernemént
':
Mesdames, Messieurs les Sénateurs,
en
nommant, le
28
mars
dernief'! urufhoüveàu Gonvernërnenfi, « choisi et
C(}flÇU
potœ raetio.n
dës dôùze·pfochàihs mois
»,le
Président de la Républiquëiù.i a:assi-
gné une double tâche : poursuivre le redressement économique en
cours, présenter un programme
dl
action qui réponde
par
des mesures
simples aux préoccupations concrètes des Français. C'est
ce
pro-
gramme que
je
présente aujourd'hui au Sénat.
Je
voudrais, dès l'abord, souligner qu'il s'inscrit, par son esprit
et
par
son contenu, dans la ligne de la politique élaborée en sep-
tembre dernier
par
le précédent Gouvernement
et
mise en œuvre
depuis lors.
Lorsqu'ont été exposées, le 5 octobre dernier, au Parlement,
les orientations de politique générale du précédent Gouvernement,
il
a été souligné que son action, qui concentrait
sur
la lutte contre
l'inflation et le redressement économique et financier de la France,
n'était pas technique, mais fondamentalement politique et qu'elle
devait s'inscrire dans la durée.
Pourquoi cette action était-elle politique ? Parce qu'une
écono-
mie forte est la condition du progrès, de la justice sociale et de
l'indépendance nationale.
3
Pourquoi
cette
action
devait
-elle
s'
inscrire
dans
la
durée
?
Parce
que
la
gravité
de
la
crise
,
l'
ampleur
des
déséquilibres
à
surmonter
,
exigeaient
une
politique
s'
étendant
sur
plusieurs
années
,
comme
le
montre
d'
ailleurs
l'
exemple
des
pays
qui
se
sont
,
avant
nous
,
enga
gés
sur
la
voie
du
redressement
.
Fidèle
à
cette
conception
,
le
précédent
Gouvernement
a
conduit
,
avec
l'
approbation
et
le
soutien
de
la
majorité
parlementaire
,
une
politique
globale
de
redressement
économique
et
financier
,
en
dépit
de
difficultés
de
tous
ordres
et
d'
oppositions
a
priori
.
S'
il
a
pu
le
faire
,
c'
est
,
en
fin
de
compte
,
parce
que
les
Français
ont
compris
,
au
fond
d'
eux-mêmes
,
que
cette
politique
était
nécessaire
et
qu'
il
y
avait
un
enjeu
capital
pour
chacun
d'
entre
eux
comme
pour
la
Nation
.
En
témoignant
de
leur
clairvoyance
et
de
leur
civisme
,
en
apportant
au
redressement
économique
du
pays
,
chacun
à
son
niveau
,
une
contribution
active
,
ils
ont
permis
d'
enrayer
l'
aggra
vation
des
déséquilibres
qui
nous
menaçaient
et
d'
obtenir
des
progrès
réels
et
significatifs
.
Pourtant
,
chacun
peut
observer
qu'
un
sentiment
de
malaise
et
même
d'
inquiétude
persiste
dans
notre
pays
.
Le
nouveau
Gouver
nement
est
conscient
de
ce
trouble
,
qui
ne
s'
explique
pas
seulement
par
des
raisons
électorales
ou
politiques
.
La
France
n'a
-
t
-
elle
pas
enregistré
de
plein
fouet
les
conséquences
d'
une
crise
mondiale
sans
précédent
depuis
trente
ans
?
Comment
ne
pas
éprouver
de
l'
inquiétude
lorsque
,
tout
à
coup
,
le
prix
du
pétrole
est
multiplié
par
cinq
,
lorsque
le
cours
des
denrées
que
nous
consommons
quotidiennement
,
comme
le
café
,
est
multiplié
par
six
,
lorsque
le
plein
emploi
,
auquel
le
pays
s'
était
habitué
depuis
de
très
nombreuses
années
,
apparaît
comme
un
souvenir
du
passé
,
lorsque
s'
intensifie
une
concurrence
internatio
nale
qui
exige
de
nos
entreprises
un
effort
considérable
d'
adaptation
,
lorsque
l'
ombre
du
protectionnisme
s'
étend
sur
un
monde
dont
la
prospérité
tenait
,
pour
une
grande
part
,
à
la
libération
croissante
des
échanges
?
N'
est
-il
pas
naturel
que
cette
prise
de
conscience
des
problèmes
mondiaux
et
nationaux
engendre
craintes
pour
l'
avenir
et
doutes
sur
la
capacité
de
notre
pays
à
surmonter
ces
problèmes
?
— 4 —
Comment
ne
pas
être
sensible
aux
difficultés
qu'
affrontent
les
Français
les
plus
modestes
et
les
plus
vulnérables
,
qui
ont
été
les
principales
victimes
de
l'
inflation
et
du
désordre
économique
et
qui
portent
aujourd'hui
leur
part
de
l'
effort
national
?
Faut
-il
alors
s'
étonner
des
soucis
,
des
interrogations
,
des
appréhensions
,
mais
aussi
de
la
tentation
de
céder
à
certaines
illu
sions
et
de
se
laisser
séduire
par
les
promesses
d'
un
changement
qui
prétend
abolir
,
comme
par
miracle
et
par
sa
seule
vertu
,
les
rudes
contraintes
du
présent
?
Pourtant
,
un
pays
comme
le
nôtre
,
habitué
aux
épreuves
,
mais
toujours
prêt
à
l'
effort
,
ne
doit
se
laisser
conduire
ni
à
un
fatalisme
résigné
,
ni
à
une
fuite
en
avant
désespérée
.
Le
Gouvernement
conduira
,
dans
cette
période
difficile
,
une
action
de
remise
en
ordre
profonde
de
l'
économie
.
Il
le
fait
parce
que
c'
est
à
cette
seule
condition
que
pourront
progresser
les
conditions
de
vie
des
Français
,
que
pourra
être
sauve
gardé
l'
avenir
de
la
France
.
Cette
politique
doit
être
menée
dans
un
esprit
de
solidarité
nationale
,
qui
doit
s'
exprimer
à
l'
égard
des
hommes
et
des
femmes
qui
ne
trouvent
pas
d'
emploi
,
à
l'
égard
des
Français
dont
les condi
tions
de
vie
sont
les
plus
durement
touchées
par
les
difficultés
économiques
.
Redressement
et
solidarité
:
voilà
les
deux
axes
fondamentaux
de
la
politique
du
Gouvernement
au
cours
des
mois
à
venir
.
L'
effort
engagé en
septembre
dernier
,
vous
l'
avez
soutenu
et
approuvé
,
car
vous
avez
compris
que la
situation
économique
dans
laquelle
se
trouvait
la
France
à
l'
été
1976
appelait
une
action
vigou
reuse
,
globale
et
cohérente
.
La
dépréciation
rapide
du
franc
,
le
grave
déséquilibre
de
la
balance
commerciale
,
l'
accélération
de
la
hausse
des
prix
,
le
déficit
budgétaire
,
les
hausses
de
rémunérations
sans
rapport
avec
la
pro
ductivité
nationale
,
tout
cela
conduisait
inéluctablement
à
l'
asphyxie
de
notre
économie
,
à
une
baisse
du
niveau
de
vie
,
à
un
chômage
durable
,
à
l'
isolement
de
la
France
.
Aujourd'hui
,
les
facteurs
clés
de
l'
inflation
sont
contrôlés
,
même
s'
ils
ne
sont
pas
complètement
maîtrisés
.
La
progression
de
la
masse
monétaire
a
été
ramenée
de
20
%
à
la
fin
de
1975
à
12
%
à
la
fin
de
1976
.
-
5
Depuis
octobre
dernier
,
la
baisse
du
franc
a
été
arrêtée
et
son
cours
a
été
stabilisé
par
rapport
au
dollar
,
monnaie
dans
laquelle
nous
payons
nos
importations
de
pétrole
et
de
matières
premières
.
La
bonne
tenue
de
notre
monnaie
a
permis
,
depuis
deux
mois
,
une
diminution
progressive
des
taux
d'
intérêt
favorable
aux
investis
sements
.
Ce
résultat
a
été
obtenu
tout
en
augmentant
le
niveau
de
nos
réserves
de
change
.
Certes
,
la
France
a
recourir
,
depuis
1974
,
à
l'
endettement
extérieur
pour
financer
le
déficit
de
sa
balance
des
paiements
.
Mais
,
je
le
rappelle
à
ceux
qui
critiquent
cet
endettement
,
il
n'
y
avait
pas
d'
autre
moyen
d'
éviter
une
baisse
profonde
de
notre
taux
de
change
ou
une
réduction
draconienne
de
notre
activité
écono
mique
et
de
notre
niveau
de
vie
.
Cet
endettement
n'
est
pas
excessif
si
on
le
rapporte
à
nos
réserves
et
aux
capacités
de
notre
économie
.
Le
crédit
international
de
la
France
reste
intact
.
Enfin
,
la
progression
des
revenus
commence
,
depuis
le
dernier
trimestre
de
1976
,
à
s'
infléchir
de
façon
sensible
,
sans
que
le
pouvoir
d'
achat
des
rémunérations
soit
amputé
comme
dans
des
pays
euro
péens
voisins
.
Déjà
apparaissent
les
premiers
fruits
de
nos
efforts
.
Notre
commerce
extérieur
s'
améliore
progressivement
,
mais
régulièrement
.
Nous
pouvons
espérer
que
notre
balance
commer
ciale
sera
équilibrée
à
la
fin
de
l'
année
.
La
hausse
des
prix
en
1976
a
été
contenue
en-deçà
de
10
%
.
Pour
1977
,
le
taux
d'
inflation
sera
de
nouveau
réduit
.
Si
les
indices
de
prix
des
mois
de
mars
et
avril
seront
élevés
,
c'
est
parce
qu'
ils
subiront
l'
incidence
de
trois
facteurs
considé
rables
:
la
hausse
des
prix
des
matières
premières
,
qui
a
été
de
95
%
au
cours
des
douze
derniers
mois
;
la
hausse
des
rémuné
rations
,
qui
a
été
,
l'
année
dernière
,
de
l'
ordre
de
15
%
,
hausse
la
plus
élevée
de
tous
les
pays
industrialisés
à
l'
exception
de
l'
Italie
;
enfin
,
l'
augmentation
,
au
1
er
avril
,
des
tarifs
publics
qu'
imposait
le
déficit
de
certaines
entreprises
nationales
.
Il
y
aura
,
bien
entendu
,
de
bons
esprits
pour
conclure
à
l'
inef
ficacité
de
l'
action
gouvernementale
.
Mais
il
est
vrai
qu'
en
ce
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !