La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 2 - mars-avril 2011 | 69
ONCO-PNEUMOLOGIE
récemment (11, 12), utilisant une technique d’ir-
radiation conventionnelle (de 2 à 4 faisceaux),
hypofractionnée et accélérée (2,5 à 4 Gy par séance,
5 séances par semaine) ou normofractionnée avec
chimio thérapie concomitante (2 Gy par séance,
5 séances par semaine) pour une dose totale de
48 à 66 Gy, semblent montrer des résultats simi-
laires à la RTHS pour des tumeurs T1-T3N0M0.
Le taux de contrôle local à 2 ans est de l’ordre de
55 à 76 % selon le stade tumoral, et le taux de survie
spécifique semble pouvoir atteindre 67,6 % à 2 ans.
Les auteurs admettent cependant que le taux de
survie spécifique a pu être surestimé dans la mesure
où il s’agit d’une étude rétrospective fondée sur les
données disponibles dans les dossiers des patients. Il
est remarquable que ces résultats “encourageants” et
peu différents de ceux obtenus grâce à une technique
complexe de radiothérapie comme la RTHS aient été
obtenus grâce une irradiation conformationnelle
“classique” et simple (2 à 4 champs statiques copla-
naires). Il semble donc qu’une irradiation conforma-
tionnelle hypofractionnée exclusive pour une tumeur
de stade I soit toujours une option thérapeutique
acceptable en 2011.
De manière assez étonnante, la radiothérapie a
évolué en précision et en efficacité au point de
rivaliser avec la chirurgie, en particulier en ce qui
concerne les tumeurs de stade IA (de moins de 3 cm
à leur plus grande dimension). I.S. Grills et al. (13)
ont publié une étude monocentrique comparative
(cependant non randomisée) concernant les résul-
tats obtenus chez des patients opérés par wedge
resection (WR) entre février 2003 et août 2008
et chez des patients traités par RTHS pour cancer
bronchique non à petites cellules (CBNPC) de
stade IA. Tous ces patients sont fonctionnellement
éligibles pour une lobectomie ; parmi ceux qui ont
reçu une RTHS, 95 % sont inopérables en raison
de leurs antécédents et 5 % ont refusé la chirurgie.
Avec un recul médian de 2,5 ans, le taux de survie
sans récidive à 30 mois atteint 77 % pour la RTHS
et 65 % pour la WR (p = 0,16). En termes de récidive
locale à 30 mois, on observe une tendance en faveur
de la RTHS par rapport à la WR (2 % contre 4 %,
p = 0,07) ; en termes de survie spécifique à 30 mois,
on n’ observe aucune différence entre les 2 (93 %
contre 94 %, p = non significatif) ; en revanche, la
survie globale est meilleure après une WR qu’après
une RTHS (87 % contre 72 %, p = 0,01), probable-
ment du fait de l’excès de comorbidités et d’un âge
plus avancé chez les patients irradiés.
Les partisans les plus enthousiastes de la RTHS (1, 14)
en déduisent que celle-ci peut concurrencer la
chirurgie dans cette indication, en particulier pour
des sujets âgés et/ou porteurs de comorbidités,
et des essais thérapeutiques randomisés sont en
cours (l’essai ROSEL en Europe, l’Accuray CyberKnife
Trial dans le monde et prochainement l’essai RTOG
en Amérique du Nord). Les détracteurs de cette
étude (13) soulignent les limites méthodologiques
de la comparaison rétrospective de 2 cohortes de
patients et le fait que la WR n’est pas un traitement
standard (taux de récidive locale attendu : de 25 à
40 %) mais plutôt la segmentectomie (15).
La radiochimiothérapie
concomitante
des stades avancés
Escalade de dose
La récidive locale après radiochimiothérapie reste
une cause majeure d’échec thérapeutique, avec des
taux de contrôle local très inférieurs à 50 % : il paraît
donc nécessaire de délivrer la dose la plus impor-
tante possible afin de limiter ce risque tout en tenant
compte de la toxicité de l’irradiation (en particulier
pulmonaire). Les techniques “classiques” de radio-
thérapie ne permettent pas de délivrer plus de 60 Gy,
en particulier du fait de l’irradiation prophylactique
des ganglions médiastinaux à la dose de 40 Gy, la
dose maximale tolérable délivrée aux poumons
étant souvent atteinte (volume pulmonaire rece-
vant plus de 20 Gy [V20] < 35 % ou dose moyenne
pulmonaire < 20 Gy). La clé de l’escalade de dose
est de délivrer l’irradiation dans un volume restreint
à la tumeur primitive et aux adénopathies sans
irradiation ganglionnaire prophylactique médias-
tinale et/ou sus-claviculaire (appelée “radiothérapie
involved-field”, figure 4, p. 70) [16-18].
L’évolution actuelle des pratiques va vers l’abandon
de l’irradiation médiastinale prophylactique, pour les
tumeurs de stade III inopérables, dans un contexte
général de radiochimiothérapie concomitante dont
le volume cible est déterminé à l’aide du scanner
spiralé injecté mais également à l’aide d’images
TEP-TDM fusionnées. Sur le plan dosimétrique, il en
résulte que l’on peut en moyenne délivrer une dose
supérieure à la tumeur primitive et aux adénopa-
thies sans augmenter significativement le risque de
récidive ganglionnaire ou à distance (17, 18). L’esca-
lade de dose au sein de tumeurs inopérables jusqu’à
des valeurs de l’ordre de 84 Gy permet également
de porter le contrôle local au-delà de 50 % tout en
Techniques innovantes en radiothérapie des cancers bronchiques