C'est, sans doute, cette attitude sans discernement qui est responsable
de la presque totale omission de la pensée orientale dans nos ouvrages de
philosophie et de psychologie – ceci et une autre chose. Les langues
orientales sont difficiles à comprendre pour l'Occident. Non traduites, elles
font que l'écriture orientale semble un étrange jargon dû soit à de la poésie
confuse, soit à une mystification.
Alice Bailey, en écrivant cet ouvrage, a rendu le grand service
d'amener un mental critique à se pencher sur la pensée orientale, un mental
prêt à reconnaître que la pensée orientale, tout comme la pensée
occidentale, ne peut prétendre avoir atteint la sagesse absolue. Elle n'a pas
recours à des méthodes et des attitudes solennelles, priant l'Occidental de
renoncer à ses erreurs grossières et d'adopter une doctrine mystérieuse
d'autant plus merveilleuse qu'à lui elle peut paraître absurde. En effet, elle
[20@10] dit : "Cette pensée orientale consiste en une recherche dans les
problèmes profonds de l'existence. Elle n'est pas nécessairement meilleure
que la pensée occidentale. Elle est différente ; elle aborde les problèmes
sous un angle différent. L'Orient comme l'Occident se sont spécialisés dans
leur manière de penser. Chacun d'eux a donc la vertu de sa propre sincérité
et de sa pénétration particulière. Mais la spécialisation n'a de valeur que si
elle mène à l'intégration. Le temps n'est-il pas venu d'unir l'Orient et
l'Occident dans la zone la plus profonde de leur vie, c'est-à-dire dans leur
pensée philosophique et psychologique ?"
Cet ouvrage est important, ne serait-ce que parce qu'il constitue une
tentative, non seulement de mettre l'Orient à la portée de l'Occident et
vice-versa, mais aussi parce qu'il tente d'harmoniser les deux manières de
penser en une seule. Au lecteur de dire si elle est parvenue à accomplir
cette intégration. Cette tentative est importante et devrait porter les fruits
d'une approche plus intelligente des deux formes de pensée.
Ce qui donne à cet ouvrage une signification particulière est la
comparaison qui, pour la première fois, est faite entre l'étude occidentale
des glandes et l'étude orientale des "centres". Le philosophe occidental
Spinoza, il y a bien longtemps, avait noté le parallélisme indissociable de
ce qu'il appelait le corps et l'âme dans la vie de l'Absolu et dans la vie des
expressions de l'Absolu que nous appelons individus. Si ce parallélisme
existe, nous devons nous attendre à trouver dans chaque manifestation
extérieure la force intérieure ou psychique [20@11] qui se manifeste ainsi.
Jusqu'à présent, nous n'avons considéré cette hypothèse d'intérieur et
d'extérieur que de manière générale. En se concentrant essentiellement sur