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Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 6, juin 2001
ces hypertendus
Ces hypertendus difficiles
Une hypertension sévère qui
débute par un OAP
Monsieur D., 41 ans, est Camerounais, où il
y vit, et fait du commerce international. Il
est en parfaite santé, fumeur depuis l’âge de
20 ans, et reconnaît un antécédent familial
d’hypertension artérielle chez son père.
En février 2001, Monsieur D. est hospitalisé
pour un œdème aigu du poumon dans un
contexte d’hypertension sévère. Au cours de
l’hospitalisation à Douala, aucune étiologie
cardiaque n’est retrouvée pour expliquer la
décompensation cardiaque, mais l’échogra-
phie cardiaque qui a retrouvé une hypertro-
phie ventriculaire gauche et une dysfonction
diastolique conduit à incriminer l’hyperten-
sion artérielle sévère comme la cause de
l’OAP. Un traitement comprenant un IEC au
furosémide est prescrit. Quelques mois plus
tard, Mr D. consulte lors d’un passage en
France à l’hôpital Broussais. Sous IEC et
diurétique, la pression artérielle n’est pas
parfaitement équilibrée (150/100 mmHg en
consultation), l’interrogatoire retrouve la
notion de céphalées postérieures associées à
des troubles visuels non spécifiques depuis
une année.
Devant cette hypertension survenant chez
un sujet jeune de façon brutale et compli-
quée, un bilan étiologique est entrepris. Un
traitement par inhibiteur calcique est prescrit
afin de permettre l’interprétation des
dosages hormonaux. L’automesure sur
quatre jours retrouve des chiffres tension-
nels élevés à 168/110 mmHg et une fré-
quence cardiaque moyenne à 80 batt/min.
Le bilan biologique constate une créatininé-
mie à 95 µmol/l et une hypokaliémie à
3,2 mol/l avec une kaliurèse inadaptée.
L’ e xamen clinique est normal. L’adminis-
tration de 1 mg/kg de captopril n’induit
qu’une baisse modérée de la pression arté-
rielle. Il n’est pas noté d’hypotension
orthostatique.
Quel diagnostic suspecter chez ce
patient ?
Une hypertension chez une
femme asthénique qui prend du
poids
Madame L., 39 ans, est adressée par son
médecin traitant pour une HTA récente
dépistée à l’occasion d’une asthénie. Elle
n’a pas d’antécédents médicaux person-
nels, mais ses deux parents sont hyperten-
dus.
Le bilan réalisé a confirmé la permanence
de l’hypertension par une MAPA (pres-
sion artérielle à 159/101 mmHg sur 24
heures sans traitement). Le bilan biolo-
gique est strictement normal.
Un traitement médicamenteux par ARA2
est institué, mais sans grande efficacité. Il
est rapidement renforcé par l’association
d’un diurétique et d’un bêtabloquant.
L’ e xamen clinique retrouve un bon état
général, mais Mme L. se dit très asthé-
nique. Une prise de poids de 10 kg en
6mois est annoncée avec une surcharge
pondérale à répartition facio-tronculaire.
Il est noté une aménorrhée depuis 8 mois
associée à une acnée et une hypertrichose
du visage et des bras.
Devant la résistance aux traitements, le
bilan est complété et une échographie
rénale couplée à un doppler des artères
rénales est réalisée. Une sténose des
artères rénales est éliminée mais il est
retrouvé une masse hypo-échogène de
28 mm de la surrénale droite. Le scanner
surrénalien confirme l’existence d’un
syndrome de masse de 29 mm prenant le
contraste de façon hétérogène.
Quel diagnostic suspecter chez cette
patiente ?
Hypertension résistante,
hypokaliémie et anomalie sur
le doppler des artères rénales
Monsieur B., 41 ans, présente une hyper-
tension artérielle sévère (220/120 mmHg
et évoluant depuis au moins 5 ans. Malgré
l’escalade thérapeutique allant jusqu’à
une pentathérapie, les chiffres tensionnels
restent élevés. Le seul facteur de risque
est un tabagisme à 40 cigarettes par jour.
Le bilan étiologique réalisé en ville a mis
en évidence une hypokaliémie à 2,7 mmol/l
et sur un doppler des artères rénales une
sténose post-ostiale serrée de l’artère
rénale droite. Les deux reins étaient de
taille symétrique et normale. Devant ce
tableau évocateur d’une hypertension
rénovasculaire, une artériographie pour
dilatation de la sténose de l’artère rénale
droite est proposée sans bilan d’imputabi-
lité préalable.
Monsieur B. est hospitalisé mais l’artério-
graphie se révèle normale, ne retrouvant
pas de sténose de l’artère rénale droite.
Quel diagnostic suspecter chez ce
patient ?
Hypertensions résistantes d’origine surrénalienne
César Séjourne, Frédéric Villeneuve, Xavier Girerd*
Histoire 1 Histoire 2 Histoire 3
* Hôpital Broussais, service de médecine interne,
Paris.