222 | La Lettre du Pneumologue • Vol. XI - n° 6 - novembre-décembre 2008
10 ANS
INTERVIEW
Dr Daniel Piperno – Centre médical Parot, Lyon
Réhabilitation respiratoire
Le principe de la réhabilitation respiratoire est
➤
celui d’une prise en charge globale de la maladie
pulmonaire du patient, associant au traitement
bronchodilatateur, à l’oxygénothérapie et au
sevrage tabagique le réentraînement à l’exercice,
la gymnastique, la maîtrise du souffle, l’éducation
thérapeutique ainsi qu’une aide nutritionnelle et
psychologique. L’intérêt pour ce type de démarche
est relativement récent, puisque ce n’est véritable-
ment qu’à partir de 1996, au vu des résultats d’une
méta-analyse canadienne (1), que l’on a assisté à la
montée en puissance de la réhabilitation respiratoire.
En France, si le groupe ALVEOLE* a été fondé dès
1990, puis intégré en tant que groupe de travail au
sein de la Société de pneumologie de langue française
(SPLF), ce n’est que depuis un peu plus de 10 ans
qu’une réelle sensibilisation a débuté en direction
des pneumologues, des médecins généralistes et de
nos organismes de tutelle. En 2003, la conférence
d’experts sur la réhabilitation respiratoire a permis
d’aboutir pour la première fois à un référentiel de
La réhabilitation respiratoire peut être définie comme un programme multi-
disciplinaire de prise en charge des patients atteints de maladies respiratoires
chroniques. Il doit être adapté à chaque individu, pour optimiser ses capacités
physiques, psychologiques et éducatives, ainsi que son insertion sociale et son auto-
nomie. Ces programmes – dont les deux piliers sont le réentraînement musculaire
et l’éducation thérapeutique – sont appelés à se développer dans les années à venir
compte tenu de leur efficacité remarquable dans la prise en charge des patients
atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Les besoins en
termes de structures spécifiquement consacrées à ce type de programmes demeu-
rent très importants.
Ce qu’il faut retenir de ces 10 dernières années
la SPLF (2). Plus récemment, le plan quinquennal
2005-2010 potant sur la prise en charge de la BPCO,
sous la direction du Pr Philippe Godard, l’a égale-
ment incluse dans ses objectifs. Dans la préface de
ce plan, signée par Xavier Bertrand, l’accent est mis
à la fois sur le diagnostic précoce de la BPCO et sur
la réhabilitation respiratoire…
Les dix dernières années ont ainsi été marquées
➤
par la reconnaissance scientifique des bénéfices de
la réhabilitation respiratoire en termes tant d’amé-
lioration de la dyspnée et de la qualité de vie que
de réduction du nombre d’exacerbations et d’hospi-
talisations et de diminution du coût de la prise en
charge. Parallèlement, de nombreux travaux ont
été réalisés sur les manifestations systémiques
extrarespiratoires de la BPCO et sur l’importance
de l’atteinte musculaire, en partie liée à la séden-
tarisation des patients. Cette atteinte spécifique
paraît non seulement quantitative mais aussi
qualitative (inversion des fibres de types I et II),
ce qui explique l’endurance moindre des patients.
Les nombreuses manifestations systémiques (on
parle aujourd’hui d’une véritable “inflammation”
systémique) associées à la BPCO (ostéoporose,
atteinte cardio-vasculaire, troubles cognitifs, etc.)
justifient, quant à elles, la notion plus globale de
maladie chronique, au même titre que l’insuffisance
cardiaque ou le diabète.
La réhabilitation respiratoire et le réentraînement
➤
à l’effort ont d’autant plus d’intérêt chez le patient
atteint de BPCO que l’atteinte musculaire consécu-
tive à l’obstruction bronchique est un phénomène
très réversible, avec des résultats qui sont rapide-
ment quantifiables. La plus grande difficulté réside
sans doute dans la mise en pratique de ces tech-
niques du fait du problème de leur mode de finan-
cement. La carence de moyens est en effet soulignée
par le rapport de l’HAS de l’été 2007, qui considère
pourtant le “service attendu comme suffisant pour
justifier une prise en charge” (3). Plusieurs moda-
lités de prise en charge existent à l’heure actuelle
– centres de réhabilitation spécifiques ou SSR (soins
de suite de réadaptation), structures ambulatoires
ou prise en charge à domicile, qui se heurtent toutes
au problème de l’absence de cotation.
* Ce groupe publie un nouveau Guide pratique de réhabilitation
respiratoire (éditions Imothep) qui reprend les différentes sessions
de formation des ateliers d’Aix. Il sera distribué lors du prochain
congrès de pneumologie de langue française, en janvier 2009.