É D I T O R I A L La BPCO : diagnostic précoce, pharmacothérapie et réadaptation COPD: early diagnosis, pharmacotherapy and readaptation ● C. Préfaut* e 3e Symposium international sur la réadaptation cardiorespiratoire s’est déroulé au Centre des congrès de Québec (Canada), du 11 au 13 mai 2003. Au cours de ce séminaire, François Maltais est intervenu pour souligner la nécessité d’un diagnostic et d’une prise en charge précoce de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Une partie de son exposé est publiée dans cette Lettre du Pneumologue. L’objectif général de ce symposium était de montrer que l’ensemble des pratiques de la réhabilitation cardiorespiratoire est fondé sur des preuves scientifiques. Toutes les études sont concordantes et montrent que la réhabilitation, que ce soit dans les maladies respiratoires ou dans les maladies cardiovasculaires, entraîne des améliorations tant des symptômes que de la qualité de vie. En ce qui concerne les principaux paramètres étudiés, le niveau de preuve scientifique est très élevé : de niveau I. Les recommandations sont donc faciles, et elles sont de grade A. Pourquoi parler de la BPCO ? Simplement parce que c’est un problème de santé publique, d’autant plus préoccupant que sa prévalence augmente de manière alarmante, tant en termes de morbidité que de mortalité (puisqu’elle passe du 5e au 3e rang des maladies les plus mortelles dans le monde). Deux points forts méritent d’être soulignés : la BPCO est sousdiagnostiquée ; elle est sous-traitée. Pourquoi est-elle sous-diagnostiquée ? Les raisons sont multiples. Elles tiennent aux malades, d’une part, aux moyens de diagnostic, d’autre part. Les malades sous-estiment systématiquement cette maladie, soit parce qu’ils sont adaptés aux symptômes, soit parce que les symptômes ne sont pas encore apparus, ou encore parce qu’ils considèrent que la gêne qu’ils ressentent est la conséquence normale du tabagisme et qu’il n’y a “rien de bien méchant là-dessous”. Que les malades sous-estiment les symptômes est une évidence classique. Dans une étude récente, il a été montré que 50 % des malades qui avaient une dyspnée cotée à 5/5 sur l’échelle du MRC (ou de Sadoul) considéraient que leurs symptômes étaient modérés. Quand la dyspnée était cotée à 4/5 (ce qui correspond à une dyspnée à son propre pas), 80 % d’entre eux considéraient que ces symptômes étaient discrets. Il y a donc sys- L * Service de physiologie clinique, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier. La Lettre du Pneumologue - Volume VI - no 6 - novembre-décembre 2003 tématiquement une sous-estimation. Cela implique que, si l’on veut faire du diagnostic précoce, on ne puisse pas se fonder uniquement sur les signes cliniques. Les examens complémentaires pour affirmer le diagnostic de BPCO semblent peu adaptés à un diagnostic précoce. En effet, le diagnostic se fonde sur le rapport de Tiffeneau : le rapport VEMS/CV doit être inférieur à 70 %. Bien entendu, ce rapport est mesuré par une spirométrie, une courbe débits-volumes, ou encore une pléthysmographie. Mais ces appareils sont à la disposition des pneumologues, lesquels ne voient pas ces malades “de terrain”, qui ne leur sont pas adressés puisqu’ils n’ont pas de signes cliniques. La question est donc : comment faire ce diagnostic ? On peut le faire avec un matériel très simple : un débitmètre de pointe électronique. En effet, ces débitmètres de pointe, à côté du débit de pointe, mesurent le VEMS, voire le VEMS/CV. Ces appareils sont très peu onéreux, il est facile de s’en servir et donc de faire un prédiagnostic ou une suspicion de diagnostic qui permettrait d’envoyer le patient au pneumologue dans un deuxième temps. Qui pourrait mesurer ces débits de pointe ? Ceux qui paraissent en première ligne sont les médecins du travail qui, très souvent, disposent d’appareils sophistiqués. Mais tous les médecins généralistes pourraient mesurer ce débit de pointe chez certains de leurs patients. Encore faut-il définir lesquels. Finalement, pourquoi ne pas mesurer ce débit de pointe dans un cabinet de kinésithérapie ou dans une officine de pharmacie ? Quels malades dépister ? On sait que les signes de bronchite chronique (toux et expectoration chronique) ne sont absolument pas prédictifs de la survenue d’une BPCO. Les malades s’adaptent assez facilement à leur dyspnée. Il faut donc tester les sujets à risque, qu’ils soient symptomatiques ou non. Par exemple, tous les sujets de près de 40 ans ayant fumé plus de 10 paquets/année devraient bénéficier d’une mesure du débit de pointe électronique, qu’ils aient ou non des signes cliniques. Le deuxième point souligné par François Maltais est que cette maladie est généralement sous-traitée. Dans la majorité des cas, les exacerbations des BPCO sont prises en charge, mais un traitement de fond n’est pas prescrit pour cette maladie chronique. La raison principale évoquée par François Maltais, également valable pour notre pays, est qu’une proportion très importante de médecins, même spécialistes, considèrent qu’il n’y a pas de prise en charge reconnue de la BPCO. Cela est probablement fondé 215 D I T O R I A sur le fait que les bronchodilatateurs améliorent peu le VEMS chez ces malades, alors que, pour les asthmatiques, le bénéfice est indiscutable. Il faut insister sur le fait que, si le VEMS est indispensable au diagnostic de cette maladie, c’est sûrement le plus mauvais moyen pour suivre son évolution, et il est tout à fait banal de voir un VEMS peu amélioré chez un patient atteint de BPCO, alors que ses symptômes ont diminué de manière très importante et que sa simple capacité vitale forcée s’est franchement améliorée, ce qui implique qu’il ait diminué l’air emprisonné derrière certaines de ses voies aériennes. Les bronchodilatateurs doivent donc être donnés en première intention. L’auteur n’évoque pas les corticoïdes inhalés. En effet, la littérature à ce sujet ne montre pas, là encore, d’amélioration probante du VEMS ou de son déclin en fonction du temps. En d’autres termes, il n’y a pas de preuve scientifique forte de l’effet de ces corticoïdes inhalés. Toutefois, la plupart des études montrent une amélioration de la qualité de vie des patients, ce qui implique au minimum une amélioration des symptômes, et certaines montrent une diminution des exacerbations. C’est pourquoi la plupart des sociétés savantes, en tout cas Gold, d’une part, et la Société de pneumologie de langue française, d’autre part, recommandent d’administrer ces corticoïdes inhalés uniquement à des sujets présentant une BPCO très sévère (VEMS/th. < 30 %) ou sévère (VEMS/th. < 50 %), si les exacerbations sont fréquentes. On considère que les exacerbations sont fréquentes lorsqu’elles sont égales ou supérieures à trois par an. L À côté de la prise en charge pharmacologique, il existe, dans la BPCO, la prise en charge en termes de réhabilitation. Ici, les niveaux de preuve sont extrêmement importants et, pour résumer les résultats des principales méta-analyses, la part musculaire de la dyspnée est traitée par le réentraînement à l’effort, si bien que le malade voit, pour un effort donné, sa dyspnée diminuer de moitié. Par ailleurs, la qualité de vie pour un patient donné est augmentée non seulement statistiquement, mais aussi cliniquement. L’efficacité de cette réhabilitation est indépendante de l’âge, du sexe, et de la sévérité de l’affection. En clair, tout patient souffrant de BPCO devrait bénéficier d’une réhabilitation que l’on peut diviser en deux parties : la partie symptomatique, c’est-à-dire le réentraînement à l’effort, et la partie comportementale, c’est-à-dire l’enseignement thérapeutique, la prise en charge psychosociale. En fait, chez les malades présentant une bonne tolérance à l’effort et une dyspnée qui n’est pas excessive, le simple conseil de reprendre absolument une activité physique devrait suffire. En revanche, chez tous les sujets attteints de BPCO et dont la dyspnée est trop importante, par exemple égale ou supérieure à 5 sur une échelle de 0 à 10 lors d’un simple test de marche de 6 minutes, ou si ce test de marche de 6 minutes montre des valeurs inférieures à 80 % de la théorique, cette réhabilitation devrait être systématiquement proposée et réalisée. Il est clair que j’ai été particulièrement intéressé par l’article de François Maltais et que je vous recommande fortement ■ de le lire ! ✂ À découper ou à photocopier Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules ❏ Collectivité ................................................................................. à l’attention de .............................................................................. 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