16 | La Lettre du Gynécologue • n° 354 - septembre 2010
Résumé
Le cancer de l’endomètre est le cancer gynécologique le plus fréquent. En France, sa prise en charge est codifiée
par des référentiels. Le but de cette enquête est d’évaluer les pratiques et leur conformité par rapport aux
référentiels. Six cents questionnaires ont été distribués en 2008 lors de deux congrès français. Les questions
concernaient, d’une part, le praticien (âge, sexe, activité, lieu d’exercice et nombre de cancers traités indivi-
duellement et par structure) et, d’autre part, la pathologie étudiée (bilan préopératoire, stratégie chirurgi-
cale). Trois cas cliniques ont été proposés (2 adénocarcinomes endométrioïdes de stade IB et de stade II, et 1
adénocarcinome séro-papillaire de stade IB). Malgré les limites des études de pratiques fondées sur la réponse
volontaire au questionnaire, nos résultats soulignent l’effort que les collèges de spécialités, les sociétés savantes
et les tutelles doivent déployer pour homogénéiser le traitement des cancers. Une réflexion doit également
être menée sur les critères de formation initiale et tout au long d’une carrière professionnelle, pour offrir aux
patientes une prise en charge optimale.
Mots-clés
Cancer de
l’endomètre
Pratiquechirurgicale
Parmi les établissements de soins, 34,2 % d’entre
eux prenaient en charge plus de 20 cancers de l’en-
domètre par an, 61,4 % de 5 à 20 cancers de l’en-
domètre par an, et 4,4 % moins de 5 cancers de
l’endomètre par an.
Le nombre de cancers de l’endomètre était supérieur
à 20 pour 1,7 % des praticiens, compris entre 5 et
20 pour 57,9 % des praticiens et inférieur à 5 pour
40,4 % des praticiens.
Le caractère public ou privé des établissements
n’avait pas d’influence sur la répartition du nombre
de cancers de l’endomètre pris en charge par an et
par praticien.
Modalités du diagnostic positif
et du bilan préopératoire
Pour 98,2 % des praticiens, le diagnostic anatomo-
pathologique préopératoire a été obtenu soit par
Pipelle de Cornier®, soit par hystéroscopie avec cure-
tage biopsique, soit en s’aidant des deux examens.
Pour le bilan préopératoire, une imagerie par réso-
nance magnétique (IRM) abdomino-pelvienne
était demandée dans 84,2 % des cas ; ceux qui ne
préconisaient pas d’IRM prescrivaient une tomoden-
sitométrie abdomino-pelvienne (TDM) dans 10 %
des cas et une échographie pelvienne seule dans
5,8 % des cas. Globalement à visée préopératoire,
l’échographie pelvienne était prescrite dans 78,9 %
des cas, la TDM dans 30,7 % des cas, l’échographie
abdominale dans 27,2 % des cas et l’urographie intra-
veineuse dans 3,5 % des cas. Le Ca 125 (carbohydrate
antigen) était prescrit dans un tiers des cas, l’anti-
gène carcino-embryonnaire (ACE) et le Ca 19-9 dans
respectivement 19 % et 13 % des cas.
Modalités du traitement chirurgical
La laparotomie transversale était la voie d’abord la
plus fréquemment utilisée (35,4 %), avant la lapa-
rotomie médiane (29,1 %) et la cœlioscopie associée
à la voie vaginale (21,7 %). Les voies cœlioscopiques
ou vaginales exclusives étaient réalisées dans respec-
tivement 8,3 % et 5,5 % des cas. Les voies d’abord
pratiquées ne différaient pas selon l’âge ou l’expé-
rience du praticien. Les critères de choix des voies
d’abord étaient : l’âge de la patiente pour 56,4 % des
praticiens, l’indice de masse corporelle (IMC) pour
47,3 %, les comorbidités pour 56,4 %, les antécé-
dents de laparotomie pour 45,5 % et le stade de la
maladie pour 61,8 %.
L’hystérectomie totale extrafasciale non conser-
vatrice était réalisée dans plus de la moitié des cas
(56,7 %), la colpohystérectomie dans un tiers des
cas (35,7 %) et l’hystérectomie intrafasciale dans
7,6 % des cas. La lymphadénectomie était prati-
quée dans 74,7 % des cas, la lymphadénectomie
lombo-aortique dans 7,5 % des cas, et la technique
du ganglion sentinelle dans 3,3 % des cas. La cyto-
logie péritonéale était pratiquée dans 69,9 % des cas,
Keywords
Endometrial cancer
Surgical practice
Patiente A : femme ménopausée de 55 ans, en bon état de santé général, présentant un
carcinome endométrioïde de grade 1 infiltrant moins de 50 % du myomètre. Quelle chirurgie
faites-vous ?
HT intrafasciale non conservatrice ❐
HT extrafasciale non conservatrice ❐
Colpohystérectomie totale non conservatrice ❐
Lymphadénectomie pelvienne ❐
Lymphadénectomie lombo-aortique ❐
Ganglion sentinelle ❐
Cytologie péritonéale ❐
Omentectomie ❐
Autre :………………………………………………………….…………………
Patiente B : femme de 60 ans, en bon état de santé général, présentant un carcinome endomé-
trioïde infiltrant plus de 50 % du myomètre avec atteinte de l’isthme à l’IRM. Quelle chirurgie
faites-vous ?
HT intrafasciale non conservatrice ❐
HT extrafasciale non conservatrice ❐
Colpohystérectomie totale non conservatrice ❐
Lymphadénectomie pelvienne ❐
Lymphadénectomie lombo-aortique ❐
Ganglion sentinelle ❐
Cytologie péritonéale ❐
Omentectomie ❐
Autre :………………………………………………………….……………….
Patiente C : femme de 55 ans, en bon état de santé général, présentant un adénocarcinome
séro-papillaire de l’endomètre infiltrant moins de 50 % du myomètre. Quelle chirurgie faites-
vous ?
HT intrafasciale non conservatrice ❐
HT extrafasciale non conservatrice ❐
Colpohystérectomie totale non conservatrice ❐
Lymphadénectomie pelvienne ❐
Lymphadénectomie lombo-aortique ❐
Ganglion sentinelle ❐
Cytologie péritonéale ❐
Omentectomie ❐
Autre ………………………………………………………….…………………
Tableau I. Cas cliniques proposés dans le questionnaire.