MISE AU POINT
192
La Lettre du Pneumologue - Volume IV - no5 - sept.-oct. 2001
préventif par HBPM (en une injection par jour) comparé au trai-
tement par HNF à faible dose (administrée en deux ou trois injec-
tions par jour) (5). Les complications hémorragiques des deux
traitements sont comparables (3).
Clivarine®, Fragmine®, Fraxiparine®, Innohep®et Lovenox®ont
l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la prophylaxie
après chirurgie à risque modéré ou élevé.
Prévention de la maladie veineuse thromboembolique
en milieu médical
Des études prospectives ont montré que l’incidence des throm-
boses veineuses profondes (TVP) était de 50 % chez les malades
hospitalisés pour accident ischémique cérébral, de 25 % lors
d’infarctus du myocarde et de 17 % chez les patients hospitali-
sés en médecine interne pour des affections variables. Cette pré-
valence justifie des mesures préventives. Une méta-analyse de
Mismetti et al. (6) montre que les héparines (HNF et HBPM)
réduisent de 60 % la survenue de thromboses, sans réduction de
la mortalité.
Une étude multicentrique (étude MEDENOX) (7) plus récente,
portant sur la prévention en milieu médical, incluait des patients
atteints d’insuffisance respiratoire aiguë, d’insuffisance cardiaque
de stade III ou IV de la classification de la NYHA, ou présentant
un épisode infectieux aigu ou une pathologie rhumatismale inva-
lidante associés au moins à un autre facteur de risque throm-
boembolique veineux (âge > 75 ans, cancer, antécédents throm-
boemboliques veineux, obésité, hormonothérapie, insuffisance
cardiaque ou respiratoire chronique). Cette étude montre que
Lovenox®, à la dose de 40 mg, est efficace sur la prévention de
la thrombose comparé à un placebo, tandis que Lovenox®à la
dose de 20 mg est sans effet (7). Finalement, la nécessité d’un
traitement préventif systématique et la dose à utiliser en méde-
cine aiguë ne sont pas définitivement établies, probablement à
cause de la variabilité des facteurs de risque.
À l’heure actuelle, seul Lovenox®, à la dose de 40 mg par jour
en une injection sous-cutanée, a l’AMM pour le traitement pré-
ventif de la maladie thromboembolique chez les patients hospi-
talisés en médecine et ayant les caractéristiques d’inclusion de
l’étude MEDENOX.
Traitement des thromboses veineuses
Plus de vingt études, ainsi que plusieurs méta-analyses (8-11),
ont comparé HBPM et HNF chez des malades atteints de
thrombose veineuse proximale. Ces études ont démontré que les
HBPM réduisent plus rapidement la taille du thrombus veineux,
cette réduction s’accompagnant d’une diminution des récidives
thromboemboliques (2,7 % contre 7 % sous HNF) (9) et des
complications hémorragiques sévères (0,9 % contre 3,2 % sous
HNF) (9). Cette dernière affirmation est sujette à discussion, et
s’il est certain que les HBPM n’entraînent pas plus de compli-
cations hémorragiques que l’HNF, le bénéfice constaté pour les
HBPM est controversé et pourrait être dû à des doses élevées
d’HNF utilisées dans certaines études (12). Enfin, l’analyse des
mêmes études suggère également une réduction de la mortalité
avec les HBPM (4,3 % sous HBPM contre 8,1 % sous HNF) (9).
Les HBPM paraissent donc être le meilleur traitement ini-
tial des thromboses veineuses profondes à l’heure actuelle (8).
Clivarine®, Fragmine®, Fraxiparine®et Lovenox®en deux injec-
tions par jour, et Fraxodi®et Innohep®en une injection par
jour (avec une dose moindre que celle à laquelle on arrive avec
deux injections par jour) ont actuellement l’AMM dans cette
indication.
Les résultats sur l’efficacité et la sécurité des HBPM, associés à
une simplicité d’emploi et à une surveillance biologique réduite,
ont conduit à tester ces héparines pour traiter les thromboses vei-
neuses profondes à domicile. Les deux grandes études qui ont
comparé un traitement à domicile par HBPM (en deux injections
par jour) à un traitement hospitalier par HNF dans cette circons-
tance n’ont pas montré de différence de sécurité ou d’efficacité
entre ces deux approches, le coût et la durée d’hospitalisation
étant évidemment plus faibles pour les malades traités à domi-
cile (1,1 jour contre 6,5 jours) (13).
Traitement des embolies pulmonaires
Les malades atteints de thromboses veineuses profondes ont,
dans 40 % des cas, une embolie pulmonaire associée. Une pre-
mière étude multicentrique, avec Clivarine®en deux injections
par jour, a montré son efficacité vis-à-vis du traitement de
l’embolie pulmonaire associée (14), mais Clivarine®n’a pas
l’AMM dans cette indication. Une autre étude a montré que
l’efficacité et la tolérance clinique de Innohep®et celles de l’HNF
sont sensiblement identiques dans le traitement de l’embolie pul-
monaire (15). Depuis le troisième trimestre de l’année 2000,
Innohep®en une injection par jour a obtenu l’AMM, avec comme
indication pour le traitement des embolies pulmonaires “traite-
ment des embolies pulmonaires sans signes de gravité, en
l’absence de pathologie cardiopulmonaire préexistante et à
l’exclusion de celles susceptibles de relever d’un traitement
fibrinolytique ou chirurgical. Lorsque des signes d’instabilité
hémodynamique sont présents, l’HNF et éventuellement la
thrombolyse ou l’embolectomie chirurgicale doivent être préfé-
rées. Ce traitement n’est pas indiqué chez les patients ayant subi
une intervention chirurgicale récente”. Innohep®est donc la seule
HBPM à avoir l’AMM dans cette indication.
CONDUITE DU TRAITEMENT
Bilan préthérapeutique
Le bilan préthérapeutique est orienté vers la recherche d’une
contre-indication formelle ou d’un risque particulier de saigne-
ment chez le malade à traiter de façon à évaluer le rapport
risque/bénéfice.
L’interrogatoire recherche un saignement récent ou en cours, des
antécédents d’hémorragie spontanée ou provoquée par un traite-
ment anticoagulant précédent, la notion d’une pathologie céré-
brale ou intraoculaire, une anomalie connue de l’hémostase, la
notion d’une thrombopénie pendant un traitement antérieur par
l’héparine.
L’examen clinique recherche des signes de coagulopathie (pur-
pura ou hématomes).
Le bilan biologique comprend un temps de céphaline activée, un
temps de Quick, une numération globulaire et plaquettaire, et une