DOSSIER THÉMATIQUE
La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 6 - vol. II - décembre 1999252
sible, ne pouvant être contrôlé par un effort de retenue. L’incon-
tinence urinaire d’effort et l’incontinence urinaire par impériosité
peuvent coexister, réalisant alors une incontinence urinaire mixte.
– Les troubles de la perception de besoin :
Le besoin impérieux, ou impériosité mictionnelle, est défini par
un besoin soudain, non progressif, d’emblée urgent et impossible
à inhiber. La pollakiurie est un besoin trop fréquent. En général,
l’intervalle entre deux mictions diurnes doit dépasser trois heures,
et il ne doit pas y avoir plus d’une miction nocturne : au-delà, on
parle de nycturie. Cette pollakiurie peut être vraie, reflet d’une
instabilité vésicale, ou au contraire psychique, témoin d’une atti-
tude phobique, d’un réflexe conditionné, voire d’une habitude
pour prévenir la fuite urinaire.
– Les mictions anormales :
La dysurie correspond à une gêne à la miction, qu’elle survienne
au démarrage, au cours ou à la fin de la miction. La dysurie peut
diminuer ou disparaître au repos ou, au contraire, s’aggraver en
fin de journée. Il est parfois nécessaire de réduire manuellement
le prolapsus, d’adopter une position particulière pour débuter ou
terminer la miction. La rétention est la persistance après miction
d’un résidu dont le volume définit la rétention incomplète (infé-
rieur à la capacité vésicale) et la rétention complète (supérieur à
la capacité vésicale). Dans ce cas, une incontinence par regorge-
ment peut se voir.
• Les signes gynécologiques et sexuels
Les signes gynécologiques sont rares. Ils doivent faire rechercher
une pathologie associée. Il faut rechercher également une hypo
ou une anorgasmie, une incontinence urinaire pendant les rap-
ports, enfin une dyspareunie, dont la relation avec le trouble de
la statique pelvienne est parfois difficile à établir. La seule dys-
pareunie liée à un trouble de la statique pelvienne est la dyspa-
reunie balistique, où la douleur déclenchée par des rapports pro-
fonds est liée à la mobilisation du col entraînant un réflexe
nociceptif au niveau des ligaments larges et des utéro-sacrés.
Tous ces signes sont consignés à côté des troubles anorectaux où
dominent la constipation terminale et l’incontinence anale. Enfin,
souvent, la patiente signale uniquement une pesanteur pelvienne
à la station debout, augmentant souvent en fin de journée et dis-
paraissant en décubitus. Quels que soient les signes, il est pri-
mordial d’évaluer le plus invalidant et, pour ce faire, on pourra
s’aider de questionnaires sur la qualité de vie, mais actuellement
aucun d’eux ne s’intéresse au périnée de façon globale.
L’examen clinique
Il recherche les éléments masqués.
Quel que soit le trouble dominant, l’examen du périnée doit être
standardisé. La patiente peut être examinée en différentes posi-
tions : génu-pectorale, accroupie, debout avec une jambe suréle-
vée, gynécologique. C’est dans cette position que sont recher-
chées les anomalies uro-gynécologiques. L’examen doit être fait
en retenue, en poussée lente, à la toux, à vessie vide et pleine.
Au repos, l’inspection vulvopérinéale et périanale apprécie la tro-
phicité vulvovaginale, la distance anovulvaire, généralement égale
à 3 cm, et l’aspect des plis radiés périanaux. Cette inspection ren-
seigne sur l’existence de cicatrices périnéales, d’un ectropion du
méat urinaire, d’un périnée éculé et/ou d’une béance vulvaire.
Même au repos, il peut exister une tuméfaction faisant saillie à
la vulve ou un prolapsus rectal.
À l’effort de poussée, on voit apparaître les éléments d’un pro-
lapsus pelvien antérieur, postérieur ou mixte, qu’il faudra analy-
ser et quantifier en s’aidant de l’examen au spéculum. Une simple
poussée est parfois insuffisante : il faut demander à la patiente de
pousser en tirant et en écartant les cuisses qu’elle saisit au niveau
des creux poplités. Parfois, on observe une disparition complète
du sillon fessier avec une protrusion de l’anus signant en règle un
périnée descendant lié à une atteinte du faisceau pelvi-coccygien
du releveur. À l’aide d’un spéculum de Colin, trois manœuvres
vont permettre d’identifier correctement les éléments prolabés
génitaux : l’extraction progressive du spéculum permet d’exté-
rioriser un prolapsus utérin masqué par les colpocèles antérieure
ou postérieure ; l’application de l’une des valves du spéculum
démonté sur la paroi vaginale antérieure permet de bien exposer
la paroi vaginale postérieure et de rechercher une rectocèle ; l’ap-
plication d’une valve sur la paroi vaginale postérieure, sans accro-
cher le col dans un premier temps, permet d’observer un prolap-
sus utérin, une cervicocystoptose, une cystocèle, parfois une
incontinence urinaire masquée par un prolapsus postérieur.
En retenue, si les releveurs sont efficaces, les éléments prolabés peu-
vent réintégrer le petit bassin et la vulve se fermer. À la toux, on
recherche une fuite urinaire en s’assurant au préalable que la ves-
sie n’est pas vide. Il faut faire tousser de manière répétitive, car ce
n’est parfois qu’après plusieurs essais qu’un jet plus ou moins puis-
sant jaillit du méat urétral. L’existence d’un prolapsus peut empê-
cher l’extériorisation des fuites urinaires qu’il faut donc rechercher
à nouveau en réintégrant le prolapsus à l’aide d’une valve accro-
chant le col utérin, ce qui refoule l’utérus et la cystocèle.
Enfin, l’effort de poussée ou la toux peuvent révéler une incon-
tinence aux gaz ou aux selles.
Plusieurs manœuvres ont été décrites pour étudier l’effet du repo-
sitionnement du col vésical dans l’enceinte abdominale. La plus
connue est la manœuvre de Bonney qui consiste à refouler vers
le haut le cul-de-sac vaginal antérieur sans comprimer l’urètre au
moyen de deux doigts ou d’une pince.
L’examen clinique se termine par les touchers pelviens. Le tou-
cher vaginal apprécie la sensibilité de l’urètre, l’état de la cavité
vaginale, de l’utérus et des annexes. Le toucher rectal apprécie le
tonus des sphincters, recherche une lésion de l’ampoule rectale,
l’impression d’un prolapsus interne du rectum et permet de “cro-
cheter” une rectocèle. Les touchers pelviens pratiqués séparément
puis combinés permettent surtout de mettre en évidence une ély-
trocèle et d’évaluer la tonicité ainsi que la qualité du noyau fibreux
central. La qualité des releveurs sera quantifiée : l’index et le
médius seront placés à plat à la partie moyenne du vagin sur sa
face postérieure ; la force de contraction des muscles sera notée