[ [ La moto n’est pas qu’un sport… C‘est un moyen de transport! Par François Cominardi Une mission de quelques centaines de millions de dollars! Ne serait-ce pas notre faute, nous l’industrie et les motocyclistes, si la moto n’est considérée au Québec « que » comme un sport? mateurs et font marcher l’économie touristique du Québec. Cependant, il est un élément qui est totalement occulté. C’est l’apport des deux-roues motorisés dans la mobilité urbaine. Pour s’en convaincre, il suffit de puiser dans l’histoire mondiale. Vespa a été créée à la demande de l’État italien après la Seconde Guerre mondiale pour permettre au peuple de se déplacer de façon économique. Le scooter a été fortement dé- comme le souligne le rapport 2010 sur la sécurité à motocyclette de Léger Marketing : « La campagne publicitaire télévisée a su faire réfléchir les Québécois, notamment sur le risque de conduire une motocyclette (76 %) et sur la vulnérabilité des motocyclistes sur les routes (85 %). » La SAAQ a rempli son mandat, soit d’abaisser le coût socio-économique des accidents impliquant des motos, même si cela passe par une baisse de l’activité. Pendant ce temps-là, les coûts de la congestion routière à Montréal sont passés de 550 M$ en 1993, à 780 M$ en 2004 et 1 423 M$ en 2009! Et Pierre Tremblay, chef du Service de la modélisation et des systèmes de transports au ministère des Transports du Québec (MTQ), a ajouté en juillet 2010 : « Le constat qu’on fait, c’est que le réseau est à saturation, la demande dépasse l’offre. » Une mission pour les deux-rouesmotorisés! Mais qui a le mandat de les défendre comme moyen de transport urbain, permettant de fluidifier la circulation, de libérer des emplacements de parcs de stationnement, de préserver les ponts et les viaducs au bord de l’effondrement grâce à un poids réduit? Pour cela, il faut demander des stationnements spéciaux pour les deux-roues, la possibilité de rouler dans les files de bus, de remonter le trafic entre les files. Cela va sans dire, mais cela va encore mieux en le disant... Une image rare sur un échangeur de Montréal. (Photo : DR Flowizm) Il est vrai que nous parlons majoritairement de notre « sport », que nous le défendons sous ce nom. Et ce sont les motos « supersportives » qui ont été catégorisées par la SAAQ. Comment défendre auprès de l’opinion publique et des politiques un « simple » sport qui coûte de l’argent à la SAAQ? Entendons-nous bien, je suis un défenseur et un acteur du sport motorisé, sur circuit, permettant aux pilotes d’assouvir leur passion de la vitesse sur un circuit, dans des conditions sécuritaires. Mais le « sport » dont on parle est aussi une activité touristique, qui déplace des groupes qui sont consom[8] Sports Motorisés [ Février 2012 ] veloppé dans les années 60 en France, ralenti ensuite par l’augmentation du prix des assurances. Honda est entrée aux États-Unis dans les années 60 avec le Mini Cub, un 50 cc. En Angleterre, le retour de Triumph a été salué par la classe politique britannique. Et aujourd’hui, tous les yeux et les espoirs des constructeurs japonais sont rivés vers l’Asie, la Chine, l’Inde et les pays émergents, qui veulent des deux-roues pour se déplacer de façon économique. Mais au Québec, la publicité de la SAAQ a plutôt un effet dissuasif sur la pratique de la moto, Alors maintenant, il suffit de se relever les manches. Les motocyclistes ne sont pas que des manifestants bloqueurs de routes, ils sont aussi une solution à l’engorgement des zones urbaines. Une mission chiffrable à quelques centaines de millions de dollars pour la communauté… Sources : • Rapport sécurité à motocyclette, étude post-campagne publicitaire 2010 de Léger Marketing, page 7. • Pierre Tremblay, chef du Service de la modélisation et des systèmes de transports au ministère des Transports du Québec (MTQ), juillet 2010. • Étude Harvard Business School