A.IDRISSI, N.EL BENNA, F.OUARDI, N.MOUSSALI, A.ABDELOUAFI. Service de Radiologie 20 Août, Casablanca. La dysplasie fibreuse (DF) ou maladie de Jaffé Lichtenstein est une affection osseuse sporadique et peu fréquente du sujet jeune, caractérisée par un défaut de maturation osseuse, localisée en un ou plusieurs sites osseux. La localisation crânio-faciale est assez rare (20 % de la totalité des localisations). La complexité anatomique confère une attention particulière à l’atteinte de cette région, vu les injures esthétiques et le retentissement fonctionnel importants. L’aspect en imagerie est souvent caractéristique et permet en association avec la clinique de poser le diagnostic. Les complications sont représentées essentiellement par les déformations osseuses et la compression nerveuse BUT: Préciser le rôle de l’imagerie, essentiellement la TDM, dans le diagnostic et le bilan lésionnel de la dysplasie fibreuse crâniofaciale. Montrer les différents aspects tomodensitométriques, ainsi que les particularités propres à cette localisation. Cette étude rétrospective analytique a porté sur 23 cas de dysplasie fibreuse craniofaciale colligés dans le service sur une période de 7 ans. Tous les patients ont été explorés par un scanner hélicoïdal crânio- facial en coupes fines, en fenêtre osseuse et parties molles. Des reconstructions multiplanaires et tridimentionnelles ont été réalisées. 15 femmes et 8 hommes Age: 7 à 51 ans avec une moyenne de 29 ans. Clinique: Tuméfaction : 15 cas Dysmorphie faciale: 4 cas Exophtalmie: 5 cas Anomalies dentaires: 3 cas (mobilité/chute dentaire, chevauchement…) Troubles neurologiques: Cécité monoculaire: 3 cas Anosmie: 2 cas Surdité et vertiges: 1 cas Sd des nerfs mixtes: 1 cas Localisation: Les sites les plus atteints sont maxillaire: 16 cas sphénoïde: 7 cas mandibule: 6 cas frontal: 6 cas éthmoïde: 5 cas temporal: 4 cas pariétal: 1 cas Forme monostotique: 3 cas Forme polyostotique: 20 cas Respect de la ligne médiane dans 19 cas Imagerie: forme condensante:12 cas forme kystique: 2 cas forme mixte: 9 cas La localisation au niveau de la base du crâne était compliquée de rétrécissement des foramens avec compression vasculaire ou nerveuse dans la moitié des cas. Figure 1: DF condensante sphéno-maxillaire et zygomatique droites avec rétrécissement de la fissure orbitaire inférieure et de la fente ptérygopalatine (coupes axiale, coronale et reconstruction 3D) Figure 2: DF condensante maxillaire droite avec oblitération du sinus maxillaire (TDM en coupes axiale et coronale) Figure 3: lésion condensante fronto-ethmoido-sphénoidale et du cornet inférieur gauches avec respect des corticales (TDM en coupes coronale, sagittale et reconstruction 3D) Figure 4: DF condensante fronto-ethmoido-sphénoido-maxillaire gauche (coupes axiale avec reconstructions coronale et sagittale ): notez le rétrécissement secondaire de la fosse ptérygo-palatine Figure 6 : Hypertrophie avec ostéocondensation de la grande aile du sphénoïde, de l’hémi-arc antérieur gauche de l’atlas et du clivus responsable d’un rétrécissement du canal du XII (flèche) et discrètement du foramen jugulaire Figure7: DF dans sa forme mixte lytique et condensante touchant essentiellement le maxillaire et l’éthmoide droits avec extension palatine et orbitaire , refoulement de la cloison nasale sans franchissement de la ligne médiane. Amincissement de la corticale avec rupture par endroits Figure 8: DF mixte de l’hémiface gauche avec atteinte frontale et du rocher gauche. On note: une hypertrophie osseuse avec ostéocondensation hétérogène parsemée de zones kystiques; un rétrécissement de la fissure orbitaire inférieure (flèche) avec exophtalmie gauche et un dépassement de la ligne médiane. Figure 9: DF mixte du toit de l’orbite gauche Figure 10: DF mixte de l’hémi-voûte droite. Figure 11: DF kystique du maxillaire droit. Figure 12: DF kystique maxillaire gauche La dysplasie osseuse est une anomalie du développement osseux, caractérisée par une métaplasie ostéo-fibreuse détruisant l’architecture normale de l’os. Affection osseuse bénigne, à caractère polymorphe et peu fréquente: 2,5 % des maladies osseuses 7% des tumeurs osseuses bénignes primitives Elle est d’origine congénitale, mais non héréditaire, de pathogénie inconnue Elle touche les deux sexes avec une légère prédominance féminine et est diagnostiquée entre 5 et 30 ans en moyenne Les lésions osseuses apparaissent dans l’enfance et peuvent progresser durant la croissance. Elles évoluent peu après la puberté et apparaissent exceptionnellement à l’âge adulte On distingue deux principales formes: Forme monostotique, la plus fréquente ( 70%) Forme polyostotique (20 à 30 % ) atteignant plusieurs segments osseux (massif facial+++) avec une distribution fréquemment unilatérale des sites atteints . La localisation crânio-faciale représente le second site en fréquence (25% des cas) après la localisation costale Elle est présente dans plus de 50 % des formes polyostotiques et dans 10 à 30 % des formes monostotiques Tous les os de la voûte et de la face peuvent être touchés, de façon uni ou bilatérale, toujours asymétrique Elle intéresse surtout l’ethmoïde (72 %), le sphénoïde (43 %), l’os frontal (33 %), le maxillaire (24 %) et moins fréquemment l’os temporal, pariétal, occipital et mandibule L’examen montre un tissu conjonctif plus ou moins riche en fibroblastes et en fibres collagènes avec des travées osseuses dystrophiques, immatures à contours irréguliers, en "lettres chinoises", rarement bordées d’ostéoblastes. Ces travées sont constituées de substance ostéoïde plus ou moins calcifiée et pourvue d’une trame collagène irrégulièrement répartie conférant à l’os, en lumière polarisée, un aspect "peigné". Les remaniements sont fréquents, inflammatoires, hémorragiques, ou kystiques La présentation clinique de la DF varie selon le siège, elle peut être asymptomatique ou se manifester par une proéminence localisée ou une dysmorphie faciale. Au niveau crânio-facial, les signes cliniques sont précoces, dus à une compression des nerfs crâniens secondaire au rétrécissement des orifices de la base du crâne L’atteinte de la lame criblée peut être à l’origine d’une hyposmie ou anosmie Vertiges et surdité progressive peuvent révéler l’atteinte du temporal Les manifestations ophtalmologiques peuvent être un ptosis, une exophtalmie, une baisse de l’acuité visuelle par compression nerveuse Les signes bucco-sinusiens sont représentés par la sinusite, les troubles de l’éruption dentaire, la mobilité et les déplacements dentaires Syndrome de Mc Cune-Albright: lésions osseuses multiples, souvent unilatérales associées à des lésions cutanées de type « café au lait » et à un dysfonctionnement endocrinien. Moyens d’exploration: Radiographie standard TDM +++ Bilan d’extension précis des lésions Appréciation des rétrécissements des foramens de la base Elément du pronostic Panoramique dentaire/denta-scanner en cas d’atteinte des maxillaires IRM: Scintigraphie: dépistage des lésions infra radiologiques Lésion type: Lyse osseuse en verre dépoli accompagnée de sclérose périphérique plus ou moins continue En fonction du degré d’ostéoformation du tissu fibreux, trois types de lésions sont distinguées: Forme condensante sclérosante) : pure (compacte ou Représente environ 25% des cas Ostéocondensation homogène, compacte Densité osseuse augmentée par rapport à l’os voisin normal Siège principalement à la base du crâne Forme à prédominance lacunaire kystique): (lytique ou Représente environ 20% des cas. Lacunes arrondies ou ovales, plus ou confluentes, limitées parfois par un d’ostéocondensation Siège: voûte du crâne et fronto-orbitaire ++ moins liseré Forme à prédominance condensante (mixte ou scléro-kystique) : Type le plus fréquent (50% de cas environ) Epaississement osseux contenant des proportions variables de zones denses et radiotransparentes Régions maxillozygomatiques et ethmoïdosphénoïdales++ La DF peut franchir aussi bien les sutures de la voûte que les synchondroses de la base, sans limites nettes entre l'os normal et l’os dysplasique Les corticales sont refoulées, amincies et le plus souvent continues Localisations particulières par leur retentissement: au niveau du maxillaire : Extension postérieure avec rétrécissement de la fosse ptérygo-palatine Déformation orbitaire avec exophtalmie Rétrécissement du canal infra-orbitaire, du canal lacrymonasal, de la cavité sinusienne et de la fosse nasale Base du crâne Risque de rétrécissement des orifices vasculo-nerveux. IRM: Hyposignal T1+++ Hypersignal T1 en cas de remaniement kystiques (contenu mucoïde ou hémorragique) Hyposignal hétérogène en T2 Rehaussement variable, parfois intense Scintigraphie: Réalisée au technétium-99m-méthylène-diphosphonate. Hyperfixation croissante Sensible mais non spécifique Intérêt dans les formes multiples Diagnostic différentiel: Fibrome ossifiant: mieux limité et moins infiltrant avec parfois quelques foyers de calcifications Maladie de Paget: touche le sujet plus âgé, épaississement de la table interne avec table externe amincie, contrairement à la DF Méningiome en plaques: masse au contact d’une condensation osseuse, fortement réhaussée par le PDC Pronostic: Formes limitées: stabilisation à l’arrêt de la croissance Formes étendues : risque de fractures et de déformations Récidives et réactivations après traitement possibles Dégénérescence sarcomateuse: 0,4 à 4% des cas Localisation crânio-faciale: traitement chirurgical esthétique ou pour décompression La dysplasie fibreuse est une affection osseuse congénitale et bénigne, relativement rare Les localisations crânio-faciales sont considérées comme des processus à malignité locale avec possibilité de récidive et d’extension vers la base du crâne Son diagnostic repose sur l’imagerie avec parfois recours à une biopsie dans les cas douteux La TDM spiralée est la méthode de choix pour un bilan lésionnel précis des lésions dysplasiques, permettant de définir la meilleure stratégie opératoire et d’assurer le suivi des malades en raison du risque imprévisible de l’évolution. 1- La dysplasie fibreuse crânio-faciale : a) est une ostéopathie bénigne héréditaire b) se voit uniquement dans la forme polyostotique c) survient chez le sujet jeune d) l’exophtalmie peut révéler une DF crânio-faciale e) le risque de dégénérescence sarcomateuse est élevé 2- les signes radiologiques de la DF crânio-faciales sont : a) lyse osseuse en verre dépoli b) rupture corticale quasi constante c) élargissement de l’os vers l’extérieur d) extension vers la base du crâne est possible e) Les lésions traversent les sutures de la voûte 3- Le diagnostic de la DF crânio-faciale: a) repose sur des données cliniques et radiologiques b) est seulement clinique c) se fait en per-opératoire d) le diagnostic de certitude est anatomo-pathologique e) est confirmé par l’IRM