Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2012
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dossier thématique
Du nouveau pour
le cancer de la thyroïde !
de cytoponction de nodules thyroïdiens issus de
328 patients, la présence de mutations de B-Raf ou de
Ras ou de réarrangements chromosomiques de type
RET/PTC ou PAX8/PPARγ (7). La recherche de l’ensemble
de ces anomalies moléculaires améliore la puissance
diagnostique de la cytoponction, avec un gain de sen-
sibilité (44 à 80 %) et de puissance (93,3 à 97,4 %). Ils ont
pu corréler les résultats préopératoires analysés sur la
cytologie au résultat de la pièce d’histologie postopé-
ratoire ou au suivi clinique pour 86 prélèvements de
cytoponction. La présence d’une anomalie moléculaire
était un facteur prédictif fort de malignité, puisque,
sur les 32 mutations identifiées, 31 nodules étaient en
réalité malins à l’histologie (97 %), et un seul cas muté
pour Ras correspondait à un adénome vésiculaire à
l’histologie. Ils ont pu montrer que l’analyse molécu-
laire améliorait significativement la puissance diagnos-
tique de la cytoponction, surtout pour les cytologies de
nature indéterminée. Parmi ces cytologies, la probabilité
de malignité sur l’évaluation cytologique seule était de
40 %, alors qu’elle était de 100 % en présence d’une
anomalie moléculaire et de 14 % en l’absence d’ano-
malie moléculaire identifiée. La précision diagnostique
était d’autant plus importante pour la sous-catégorie
des lésions folliculaires de signification indéterminée
(21 prélèvements de cytoponction étudiés), puisque,
parmi celles qui présentaient une anomalie moléculaire,
toutes (100 %) étaient malignes, et parmi celles n’en pré-
sentant pas, toutes (100 %) étaient bénignes. Dans cette
étude, les mutations de B-Raf et les réarrangements
chromosomiques de type RET/PTC ou PAX8/PPARγ
avaient une valeur prédictive de cancer de 100 %. Les
patients dont la cytoponction thyroïdienne révèle une
de ces anomalies moléculaires sont donc des candidats
à une thyroïdectomie totale quel que soit le résultat de
l’étude cytologique. Les mutations de Ras dans cette
étude avaient également une valeur diagnostique de
malignité importante dans les prélèvements de cyto-
logie, puisqu’elles conféraient un risque de malignité
de 87,5 % (7, 43).
Ces données ont ensuite été confirmées par la même
équipe dans la catégorie de cytologie des lésions fol-
liculaires de signification indéterminée (68). L’équipe
de Nikiforov a recherché ces anomalies moléculaires
sur 513 prélèvements cytologiques de cette catégo-
rie, dont 117 ont pu être corrélés à l’histologie. Parmi
ceux-ci, 20 étaient des carcinomes, et 12 anomalies
moléculaires (mutations de B-Raf ou de Ras ou réar-
rangement PAX8/PPARγ) ont été retrouvées dans le
produit de cytoponction : elles correspondaient toutes
à des carcinomes à l’histologie. Les cytologies cor-
respondant à des lésions folliculaires de signification
indéterminée dans lesquelles une anomalie molécu-
laire est identifiée ont donc une probabilité très élevée
d’être des carcinomes.
✓
L’étude prospective italienne menée par l’équipe de
Cantara (67) a porté sur 235 prélèvements cytologiques
de nodules tous opérés. Soixante-sept anomalies molé-
culaires (28,5 % des échantillons), toutes confirmées sur
l’analyse moléculaire histologique, ont pu être identi-
fiées dans les prélèvements cytologiques (mutations
de Ras, B-Raf ou réarrangements RET/PTC). L’analyse
moléculaire sur les pièces d’histologie a pu identifier
des anomalies dans 76 cas, soit un degré de concor-
dance avec l’analyse cytologique de 88,2 %. Les 11,8 %
de discordance étaient essentiellement en rapport avec
la présence de réarrangements chromosomiques RET/
PTC, recherchés sur l’ARN. Parmi les 54 prélèvements
classés suspects de malignité à l’examen cytologique, les
37 qui présentaient une anomalie moléculaire étaient
tous des cancers à l’histologie. Parmi les 7 prélèvements
présentant une anomalie moléculaire sur les 41 classés
comme lésions indéterminées à l’examen cytologique,
un seul, muté pour Ras, correspondait selon l’histologie
à un adénome folliculaire. De même, dans la catégorie
jugée inadéquate par l’examen cytologique (n = 53),
l’analyse moléculaire a retrouvé 14 anomalies, dont
12 étaient des cancers à l’histologie. Enfin, parmi les
cytologies interprétées comme bénignes (n = 87), 9 ano-
malies moléculaires ont été identifiées, dont 6 étaient en
rapport avec des carcinomes papillaires. Les mutations
de B-Raf et les réarrangements RET/PTC étaient toujours
associés à un carcinome ; les mutations de Ras étaient
associées dans 74 % des cas à un cancer et dans 26 %
des cas à un adénome vésiculaire. Finalement, la pré-
sence d’une anomalie moléculaire sur le prélèvement
cytologique était associée dans 91,1 % des cas à un
cancer et dans 8,9 % des cas à un adénome vésiculaire.
L’analyse moléculaire sur le prélèvement cytologique
a permis de détecter 78,2 % des cancers, alors que
l’analyse cytologique traditionnelle n’en dépistait que
58,9 %. Elle permet donc d’augmenter significativement
la puissance diagnostique de la cytologie thyroïdienne
classique de 83 à 93,2 %.
✓
Une troisième grande étude prospective menée par
l’équipe de Nikoforov (59) sur une série de 1 056 pré-
lèvements cytologiques a pu comparer les résultats
de l’analyse moléculaire du matériel de cytoponction
avec le matériel histologique pour 513 prélèvements
de cytologie indéterminée. La détection d’une ano-
malie moléculaire dans le matériel de cytoponction
confère un risque de malignité à l’histologie de 88 %
pour les lésions folliculaires ou atypiques de significa-
tion indéterminée, 87 % pour les néoplasies folliculaires