Prise en charge des hémangiomes hépatiques infantiles Expérience du CHU de Bicêtre Tamara Kreindel (1), Stéphanie Franchi-Abella (1), Laurent Chevret (2), Jean-Yves Riou (1), Olivier Bernard (3), Danièle Pariente (1) Services de radiopédiatrie (1), réanimation pédiatrique (2), hépatopédiatrie (3), CHU de Bicêtre, Université Paris XI Introduction • Les hémangiomes sont des tumeurs bénignes résultant de la prolifération de cellules endothéliales évoluant par phases de croissance suivies d’une régression spontanée • C’est la tumeur hépatique la plus fréquente chez le fœtus,le nouveau-né et le nourrisson. Elle est toujours diagnostiquée pendant la 1ère année de vie • On retrouve de nombreuses terminologies dans la littérature : hémangioendothéliome infantile hépatique, angiome hépatique … • Terme « en vogue » actuellement : hémangiome infantile hépatique Introduction • Il existe des formes solitaires ou des formes multinodulaires • Parfois associé à une miliaire d’hémangiomes cutanés • Parfois associé à de fistules porto-sus-hépatiques Hémangiome solitaire du foie droit à la phase artérielle Hémangiomes multiples à la phase artérielle Introduction • • • • La symptomatologie est très variable Les formes asymptomatiques sont les plus fréquentes Il existe cependant des formes très sévères, voire mortelles. Les complications rencontrées alors sont : – l’insuffisance cardiaque à haut débit – l’hypertension artérielle pulmonaire – l’insuffisance hépatocellullaire – une coagulopathie de consommation avec anémie, thrombopénie et chute des facteurs de coagulation • L’évolution se fait par phases de croissance suivies d’une régression spontanée répété Introduction • La prise en charge retrouvée dans la littérature est variable : – – – – – – – l ’abstention thérapeutique traitement médical symptomatique corticoïdes interferon α (abandonné à cause de paraplégies spastiques) embolisation résection chirurgicale ou ligature artérielle transplantation hépatique • Il n ’y a pas de consensus sur les indications et le type de traitement à utiliser • L ’efficacité du ou des traitements est difficile à évaluer du fait de la gravité variable et de l ’histoire naturelle particulière de ces lésions Objectif • L’objectif de cette étude est – de rapporter notre expérience de centre de référence multidisciplinaire chez 31 enfants consécutifs vus entre 2001 et 2007 – de rechercher des éléments pronostiques de l’évolution clinique et de la nécessité d’un traitement Patients et méthodes • Etude rétrospective • Patients consécutifs pris en charge à l ’Hôpital Bicêtre entre 2001 et 2007 • Révision des données cliniques et biologiques et relecture de l ’imagerie par 3 radiologues (2 seniors et 1 junior) • Comparaison des sous-groupes : – – – – Formes solitaires / formes multiples Symptomatiques / asymptomatiques, traitement médical seul suffisant / nécessité d’une embolisation patients décédés / patients symptomatiques non décédés Patients et méthodes Données cliniques et biologiques étudiées • Clinique : – Age au diagnostic anténatal ou post-natal – Tolérance cardiaque : insuffisance cardiaque à haut-débit , hypertension artérielle pulmonaire – Syndrome compartimental abdominal – Hémangiomes cutanés • Biologie : – Taux de plaquettes, anémie – Temps de quick – Bilan hépatique Patients et méthodes Données d’imagerie étudiées • • • • Tous les patients ont été examinés par échographie abdominale avec doppler 15 patients avec angioscanner abdominal comportant une phase sans injection , et une phase artérielle et portale après injection de contraste iodé 9 patients avec une IRM hépatique sans et avec injection de gadolinium avec acquisition dynamique 11 patients ont eu une artériographie Patients et méthodes Données d’imagerie étudiées : aspect de la lésion • • • • Caractère unique ou multiple (plus 3 lésions) de la lésion Volume de la lésion si évaluable (formes solitaires) Signal lésionnel par rapport au parenchyme hépatique sain, caractère homogène ou hétérogène, limites Présence de calcifications Patients et méthodes Données d’imagerie étudiées : étude vasculaire en échographie doppler • Critères objectifs : – Artère hépatique : • Vitesse systolique maximale à angle corrigé • Index de Résistance – Présence de fistules porto-sus-hépatiques – Aspect de « collatéralité artérielle » le long des espaces portes – Dilatation des veines sus-hépatiques et nombre de veines dilatées Patients et méthodes Données d’imagerie étudiées : étude vasculaire en échographie doppler • Critères subjectifs : – Intensité de la vascularisation au doppler couleur – Présence de lacs vasculaires et proportion par rapport à la lésion (> ou < à 50%) Résultats • Population • • • 31 enfants , 16 filles et 15 garçons Age moyen au diagnostic : 22 jours ( de 0 à 90 jours) 13 diagnostics prénatals • Présentation clinique – 15 enfants asymptomatiques: • • • • 5 explorés pour hémangiomatose miliaire cutanée 2 explorés pour hépatomégalie 4 diagnostic anténatal 4 diagnostic fortuit – 16 enfants symptomatiques (tableau diapositive suivante) Résultats Symptômes présentés 16 patients symptomatiques Insuffisance cardiaque 11 Hypertension artérielle pulmonaire 9 Syndrome compartimental 3 Insuffisance hépatocellulaire 3 Thrombopénie 11 Anémie 10 2 avec 1 complication, 5 avec 2, 9 avec plus de 3 Résultats Imagerie • 20 formes uniques – – – – – – volume maximal moyen : 144 ml ( de 4 à 528 ml) 14 / 20hyperéchogénes, 19 /20 hétérogène lacs vasculaires: 18 fistules porto-sushépatiques: 2 calcifications: 13 Résultats Imagerie • 11 formes multinodulaires ( >3 nodules) – – – – échogénicité: 4 hyperéchogéne, 7 hypoéchogénes lacs vasculaires: 1 calcifications: 0 fistules porto-sus-hépatiques: 8 Résultats : comparaison clinique entre formes solitaires et formes multiples Solitaire (20) Multiple (11) p Diagnostic anténatal 12 (60%) 1 (9%) 0.005 Symptomatique 12 (60%) 5 (45%) 0.436 Angiomes cutanés 0 (0%) 7 (64%) 0.00005 HTAP 9 (45%) 1 (9%) 0.04 Insuffisance cardiaque 8 (40%) 3 (37%) 0.478 •Le diagnostic anténatal concerne surtout les formes solitaires •Les angiomes cutanés sont associés aux formes multiples •L’HTAP est associée préférentiellement aux formes uniques Résultats : comparaison clinique et biologique entre formes solitaires et formes multiples Multiple (11) Solitaire (20) p Syndrome compartimental abdominal Insuffisance hépatocellulaire Thrombopénie 3 (15%) 0 (0%) 0.17 1 (5%) 2 (18%) 0.23 10 (50%) 1 (9%) 0.022 Anémie 9 (45%) 1 (9%) 0.04 Troubles de l’hémostase 9 (45%) 3 (27%) 0.33 La consommation de plaquettes et l’anémie sont associées aux formes solitaires Résultats Etude vasculaire en doppler Artère hépatique • • Vitesse systolique maximale: moyenne 129 cm/s, (30 - 400 cm/s) Index de résistance: 0.4 - 0.8 Dilatation des veines sus-hépatiques : 19 /31 • • • Dilatation 1 VSH: 4 patients Dilatation 2 VSH: 8 patients Dilatation 3 VSH: 7 patients Fistules porto-sushépatiques: 11/31 Résultats : Analyse comparative des données échographiques • Paramètres significativement différents entre les enfants symptomatiques et asymptomatiques Symptomatique(16) Asymptomatique (15) Volume moyen (ml) 214 (25-528) 47 (4-185) p= 0.01 Vitesse artère hépatique (cm/sec) 167 (85-400) 84 (30-160) p=0.0007 Dilatation VSH 14 (87%) 5 (33%) p = 0.00003 Les enfants symptomatiques avaient des tumeurs plus volumineuses, des vitesses systoliques de l’artère hépatique plus rapides et une dilatation des VSH Résultats : Analyse comparative des données échographiques •Paramètres non discriminants entre les enfants symptomatiques et asymptomatiques Symptomatique Asymptomatique Calcification 11 9 Shunts 5 5 Hémangiome solitaire 11 9 Hémangiomes multiples 5 6 0.54 0.62 Index de résistance de l’artère hépatique p p=0.19 Résultats : prise en charge des patients symptomatiques Symptomatiques : 16 Tt médical symptomatique : 16 4 Evolution favorable : 10 10 2 Décès : 5 6 3 Tt médical et embolisation : 10 1 Transplantation hépatique Résultats: Facteurs prédictifs d’échec du traitement médical • Comparaison entre les patients ayant nécessité une embolisation et les patients symptomatiques pour lesquels le traitement médical seul a suffit Embolisés (10) Favorable sous traitement médical (4) p Volume moyen (ml) 161 (25-528) 305 (184-440) p=0.184 Vitesse AH (cm/s) 189 (114-400) 119 (85 - 146) p=0.049 IR 0.54 (0.45-0.63) 0.54 (0.39-0.65) p=0.897 La vitesse systolique de l’AH est plus élevée chez les enfants qui ont nécessité une embolisation par rapport aux enfants pour lesquels le traitement médical seul a suffit Résultats: traitement spécifique par embolisation • 10 patients embolisés (+ 1 échec technique) • Age : 0 - 108 jours (médiane 16 jours, moyenne 22 jours) • Indications: – – – – – 6 pour insuffisance cardiaque 1 pour HTAP 1 pour IC et HTAP 1 pour IC et insuffisance hépatocellulaire 1 pour insuffisance hépatocellulaire Résultats: traitement spécifique par embolisation • Type d’embolisation : – Dans 8 cas l’embolisation initiale concernait l’apport artériel de l’angiome – Dans 2 cas il s’agissait d’embolisations de fistules porto-sus-hépatiques • 3 patients ont eu 2 séances d’embolisation avec : – pour l’un embolisation de fistules porto-sus-hépatiques à l’origine d’une encéphalopathie hépatique – pour les 2 autres embolisation artérielle pour mauvaise tolérance cardiaque • 1 patient a développé une cholangite sclérosante quelques mois après l’embolisation Résultats: traitement spécifique : corticothérapie • 5 patients ont reçu des corticoïdes in utero : – 4 pour maturation pulmonaire – 1 à visée spécifique contre l’hémangiome • 2 patients après embolisation. L’indication était : – dans 1 cas l’apparition d’un syndrome compartimental abdominal – dans l’autre cas le traitement a été mis en place par l’équipe locale après rapprochement de domicile • L’évolution a été favorable dans les 2 cas de corticothérapie post-natale • Pour les patients traités in utero: – dans 1 cas amélioration de la fonction cardiaque in utero avec enfant asymptomatique à la naissance – dans 4 cas : enfants symptomatiques dont 2 décès Résultats traitement : Transplantation hépatique • Un enfant a bénéficié d’une transplantation hépatique: • Il s’agissait d’une forme d’hémangiome multinodulaire avec multiples fistules porto-sus-hépatiques s’étant manifesté par une cholestase néonatale et une insuffisance hépatocellulaire d’aggravation progressive malgré 2 séances d’embolisation de l’artère hépatique et des fistules porto-sus-hépatiques • Il existait un aspect très inhabituel des branches de l’artère hépatique dans les espaces portes • Le diagnostic d’hémangiome infantile a été confirmé sur la pièce d’hépatectomie • L’enfant va bien avec 4 ans de recul Résultats: Evolution • Favorable chez 25 / 31 patients dont : • 15 spontanément, • 4 sous traitement médical seul • 6 après embolisation • 1 enfant a nécessité une transplantation hépatique • 5 patients sont décédés Résultats : Evolution en échographie des lésions • Le suivi échographique a été possible chez 10 patients avec – Chez 6 patients non traités la disparition des hémangiomes dans un délai moyen de 12 mois (2 à 36 mois) – Chez 5 patients traités un délai de disparition de 24 mois (3 à 58 mois) 4 mois plus tard Diagnostic anténatal d’hémangiome hépatique. L’enfant a été embolisé sur le versant artériel À 1 mois de vie. La tolérance cardiaque s’est amélioré mais l’hémangiome a continué à grossir Jusqu’à un volume de 600 ml à 3 mois de vie avec un syndrome compartimental abdominal. Une corticothérapieA été instaurée pendant 1 mois. A 7 mois de vie il ne reste qu’une petite calcification Résultats Evolution des patients : analyse des décès • Patients décédés : 5 • Il s’agissait de 4 formes solitaires et d’1 forme multiple • 4 patients sont décédés à la phase aiguë d’évolution de l’hémangiome de J1 à J30 de vie : – tous présentaient une insuffisance cardiaque et une HTAP – 3 avaient des troubles de l ’hémostase et 1 insuffisance hépatocellulaire – 2 étaient nés prématurément (31 et 33 SA) avec pour l’un un hydramnios avec insuffisance cardiaque fœtale et pour l’autre un tableau d’anasarque foeto-placentaire et défaillance multiviscérale et thrombose porte iatrogène post-natale Résultats Evolution des patients : analyse des décès • 1 patient est décédé à 24 heures de vie, brutalement alors que l’évaluation initiale échographique, clinique et biologique ne montrait pas de signes de gravité • 1 patient est décédé à 48 heures de vie après échec d’une tentative d’embolisation. Il présentait une forme multinodulaire avec un aspect atypique des artères hépatiques dans les espaces portes, comparable à celui observé chez l’enfant transplanté • Les 2 enfants prématurés sont décédés après embolisation : l’un au cours d’une réaggravation cardiaque secondaire à 1 mois de vie, l’autre quelques jours après une 2ème embolisation par voie artérielle sans bénéfice sur l’hémodynamique du patient • 1 patient est décédé à distance de la phase aiguë : – patient trisomique 21 décédé à 10 mois d’une décompensation cardiaque avec HTAP en rapport avec une cardiopathie congénitale. Il avait développé une cholangite sclérosante au décours de l’embolisation Résultats Evolution des patients : décès • Analyse comparative des données d’imagerie à la recherche d’un facteur prédictif de décès Décédés (5) Symptomatiques non décédés (11) Vitesse AH (cm/sec) 212 (150-400) 128(30-200) p=0.138 Volume moyen (ml) 97 (25-208) 92 (4-528) p=0.32 IR AH 0.58 (0.39-0.8) p=0.136 0.49 (0.41-0.62) Discussion • Le foie est la seconde localisation la plus fréquente des hémangiomes infantiles après la peau • Nous rappellerons les critères diagnostiques et la classification pratique que nous utilisons • Nous discuterons des manifestations cliniques et de la prise en charge thérapeutique en comparant notre série à la série nordaméricaine publiée dans la littérature Discussion : diagnostic, caractéristiques tumorales • Le diagnostic lésionnel est généralement facile • Nous distinguons les formes solitaires ( 64% de notre série), des formes multinodulaires (36 %) Discussion : critères diagnostiques des hémangiomes solitaires • Ce sont des masses généralement : Bien limitées Hétérogène D’échostructure variable Comportant des vaisseaux Eventuellement associées à une dilatation de l’artère hépatique et d’une ou des VSH – Possibles lacs vasculaires et calcifications – Elles apparaissent en IRM en hypersignal T2, hyposignal T1 – Rehaussement typique en IRM ou TDM : à la phase artérielle et centripète – – – – – • Elles ont été diagnostiquées in utero dans plus de la moitié des cas de notre série (12/20) • La thrombopénie et l’anémie sont significativement associées aux formes solitaires Illustration forme solitaire typique •Échographie Forme solide d ’hémangiome Dilatation VSH associé Lacs vasculaires Calcifications Vascularisation en doppler couleur Illustration forme solitaire typique •IRM Sans gadolinium Hypointense en T1 Hyperintense et hétérogène en T2 Avec gadolinium Phase artérielle, prise de contraste intense Phase veineuse, remplissage centripète Illustration forme solitaire typique •Scanner Sans IV Avec contraste IV Phase artérielle Phase veineuse Hémangiome solitaire développé dans le lobe gauche du foie. Présence de calcifications. Prise de contraste intense en mottes périphériques à la phase artérielle et remplissage centripète à la phase veineuse Discussion : critères diagnostics • Les formes multiples sont des masses souvent : De plus petite taille que les formes uniques Bien limitées Homogène D’échostructure variable Comportant des vaisseaux Eventuellement associées à une dilatation de l’artère hépatique et d’une ou des VSH – Les lacs vasculaires et calcifications sont rares – Apparaissant en hypersignal T2, hyposignal T1 – Rehaussement typique en IRM ou TDM, à la phase artérielle et centripète – – – – – – • Leur diagnostic anténatal est exceptionnel ( 1 dans notre série), probablement du fait de la petite taille des nodules Illustration formes multiples •Échographie: Différents types d ’angiomes multiples En cocarde Avec lacs vasculaires Nodules hypoéchogènes Plages hyperéchogènes à contours flous avec fistule porto-sus-hépatique Illustration formes multiples •Scanner Sans IV Avec contraste IV Phase artérielle Phase veineuse Hémangiomses multiples. nodules spontanément discrètements hypodenses. Prise de contraste intense à la phase artérielle et remplissage à la phase veineuse. Artère hépatique large Illustration formes multiples •IRM Coronal T2 Sagittal T2 Sagittal T1 Hémangiome multinodulaire : nodules hyperintenses et hétérogènes en T2 et isointenses en T1 avec flow void témoignant de la présence de vaisseaux Discussion : critères diagnostiques • La présence d’hémangiomes cutanés est significativement associée aux formes multiples • Au sein des formes multiples on peut distinguer la sous-catégorie des formes associées aux hémangiomatoses miliaires cutanées, avec ou sans fistule porto-sus-hépatique et qui semblent d’excellent pronostic Contrôle à 3 mois: disparition des nodules et diminution de calibre de la fistule porto-sus-hépatique Discussion : critères diagnostiques • Dans les formes atypiques à l’imagerie ou si l’enfant est âgé de plus de 1 an, un examen histologique est nécessaire pour éliminer toute tumeur vasculaire maligne ( angiosarcome) Fillette de 3 ans et demi sans antécédent. Apparition d ’une masse hépatique. Au scanner hépatique prise de contraste en flammèches plutôt centrales avec remplissage progressif au temps veineux. Ni l ’âge, ni l ’aspect de la lésion ne sont typiques d ’un hémangiome : la biopsie a montré qu ’il s ’agissait d ’un angiosarcome. L’enfant a bénéficié d’une transplantation hépatique en urgence. Discussion : tolérance clinique • Dans notre série, 51 % des enfants étaient symptomatiques (16/31). Ceci s’explique par un biais de recrutement lié à l’expertise de notre hôpital dans ce domaine • La tolérance clinique a été variable • Chez les patients symptomatiques le retentissement clinique était essentiellement cardiaque • Il n’y a pas dans notre série de relation entre le type d’hémangiome (solitaire ou multiple), la survenue de complication et l’évolution Discussion : critères prédictifs de mauvaise tolérance • En comparant les groupes de patients symptomatiques et asymptomatiques, les facteurs associés à une mauvaise tolérance clinique sont les suivant : – Un volume lésionnel élevé ( > 100 ml) (p=0.01) – Une vitesse systolique de l’artère hépatique élevée ( > 150 cm/s) (p = 0.0007) • La dilatation des VSH est également plus fréquente chez le nourrissons symptomatiques. Ceci témoigne d’une part de l’activité hémodynamique élevée dans la ou les lésions et d’autre part cette dilatation peut être majorée par l’insuffisance cardiaque ou l’HTAP Discussion : critères prédictifs de mauvaise tolérance • Nécessité d ’une embolisation: • En comparant au sein des enfants symptomatiques le groupe ayant nécessité une embolisation et celui de ceux pour lesquels le traitement médical seul a été suffisant, on constate que : – la vitesse systolique de l’artère hépatique reste significativement supérieure chez les patients les plus graves (p=0.049) • Une vitesse systolique très élevée de l’artère hépatique est donc un facteur prédictif d’insuffisance du traitement médical seul • Il n’y a par contre pas de différence significative pour le volume tumoral qui n’est donc pas un facteur pronostic pour la nécessité d’une embolisation. Discussion : critères prédictifs de mauvaise tolérance • Un aspect inhabituel des branches de l’artère hépatique le long des espaces portes, prenant l’aspect de « collatérales » fines a été observé chez deux nourrissons ayant présenté des formes multinodulaires atypiques et gravissimes avec chez l’un décès à 36 heures de vie après échec d’embolisation et chez l’autre nécessité d’une transplantation hépatique pour insuffisance hépatocellulaire. Il s’agissait d’un hemangiome infantile à l’histologie dans les deux cas. Enfant décédé à h36 de vie après échec d’une tentative d’embolisation Enfant transplantée du foie à 4 mois Discussion : critères prédictifs de mauvaise tolérance • Aucun critère prédictif de décès n’a été mis en évidence • La présence de fistules porto-sus-hépatiques ou de lacs vasculaires ne constitue pas un critère de mauvais pronostic Discussion : prise en charge thérapeutique • La plupart de ces lésions sont asymptomatiques et ne nécessitent qu’une surveillance clinique et échographique jusqu’à leur involution spontanée en général avant la fin de la 2ème année de vie • La prise en charge des formes symptomatiques constitue une difficulté en raison de la variabilité de la présentation clinique et de l’absence de consensus dans la littérature Discussion : prise en charge thérapeutique • • • • • L’insuffisance cardiaque à haut débit Présente chez 68 % des nourrissons symptomatiques (11/16). Elle est secondaire à l’hyperdébit artériel au niveau de l’hémangiome. Elle concerne aussi bien les hémangiomes solitaires que les formes multiples. Le traitement est médical dans un premier temps. Si il est insuffisant, il peut être complété par une embolisation de la ou des artères nourricières de l’hémangiome. L’effet sur le débit cardiaque est alors immédiat. • C’est le premier motif d’embolisation dans notre série. • 10 des 11 patients ayant présenté une insuffisance cardiaque ont été embolisés. Tous avaient nécessité une prise en charge en réanimation. Discussion : prise en charge thérapeutique • L’hypertension artérielle pulmonaire • Présente chez 68 % des enfants symptomatiques (11/16). essentiellement en période néonatale. • L’évaluation de l’HTAP et de son lien avec l’hémangiome est difficile dans les premiers jours de vie en raison une HTAP physiologique chez le nouveau-né. C’est pourquoi lorsqu’elle est isolée nous privilégions lorsque cela est possible la surveillance sous traitement médical • Si elle persiste ou apparaît secondairement il faut rechercher en échodoppler une fistule porto-sus-hépatique dont on pourra proposer l ’embolisation ( 1 cas dans notre série) • Cependant la présence d’une fistule porto-sus-hépatique n’est pas toujours compliquée et peut régresser spontanément sans traitement (8/11 dans notre série) Discussion : Données de la littérature • Les deux articles récents et importants de la littérature concernant les hémangiomes infantiles hépatiques ont été écrits par les équipes de radiopédiatrie de Boston et Montréal, référents nordaméricains pour ce type de pathologie • Nous proposons une analyse critique et une comparaison avec notre série Discussion : Données de la littérature • Dans Hepatic hemangioma : subtype classification and development of a clinical practice algorithm and registry. JPS 2007; 42 : 62-68. Emily Christison-Lagay et coll., propose de classer les hémangiomes en trois catégories : focal, multifocal et diffus, et y associe un profil clinique et un pronostic : – Lésion focale : décrite comme un équivalent de RICH ( rapidly involutive congenital hemangioma) dans le foie, à priori peu symptomatique. • Commentaire : cette affirmation est contraire à notre expérience où les complications concernent aussi bien les formes uniques que multiples sans différence significative y compris pour les décès ( 4 formes solitaires, 1 forme multinodulaire) – Lésions multifocales parfois associées à des miliaires cutanées. Possibilité d’association à une insuffisance cardiaque ou des shunts. • Commentaire : le sous groupe de nos patients porteurs de formes multinodulaires avec miliaire cutanée +/- associée à des fistules porto-sus-hépatiques ont très bien évolué spontanément et rapidement dans tous les cas – Lésions diffuses, avec « atteinte extensive » du parenchyme hépatique, une association à l’hypothyroïdie et un pronostic plus réservé. • Commentaire : nous n’avons pas rencontré de patient correspondant à cette description qui est d’ailleurs difficile à distinguer de la forme multifocale. Aucun cas d’hypothyroïdie n’a été diagnostiqué dans notre série Discussion : Données de la littérature • Dans Infantile hemangiomas : clinical and imaging findings and their correlation with therapy (AJR 2004;182, 785-795), Ara Kassarjian and coll étudient une série de 55 patients vus entre 1981 et 2000 : – 40 % de forme solitaire et 60 % de forme multifocale avec 76 % des enfants ayant nécessité un traitement. • Commentaire : la différence avec notre série est le fait de biais de recrutement de nos centres – L’ anomalie associée à la nécessité d’un traitement était l’existence d’une insuffisance cardiaque congestive. • Commentaire : c’est le cas de notre série. L’hypertension artérielle pulmonaire n’est par contre pas évoquée dans l’article – Les lésions associées à un shunt ( artério-porte, artério-veineux, ou porto-veineux) prédisposaient à l’échec du traitement médical et nécessitaient une embolisation ou une chirurgie. • Commentaire : Nous décrivons beaucoup moins de shunts artério et veno-veineux dans notre série, peut-être en raison de critères diagnostics différents. La présence de shunts porto-sus-hépatiques est dans notre série surtout associée à des hémangiomes multinodulaires asymptomatiques et n’apparaît donc pas comme un critère de mauvais pronostic – Il n’existaient pas de facteur prédictif de décès • Commentaire : Nous partageons cette expérience Discussion : Données de la littérature corticothérapie – Il existe une différence significative entre nos séries concernant : • le nombre d’involution spontanée (sans traitement spécifique)( 23 % vs 61 % à KB, p=0.00052) • le nombre de patients traités (tt symptomatique et/ou spécifique) (76 % vs 51% à KB, p=0.0084) • Le nombre de patients ayant reçu une corticothérapie (43% vs 6% à KB en post-natal (2 patients) et 16% (5 patients) in-utéro dont 4 fois pour maturation pulmonaire. • Les taux d’embolisation et de décès ne diffèrent pas entre les deux séries – Dans notre série moins de patients ont reçu un traitement spécifique ( corticoïdes ou embolisation) ou symptomatique avec un taux d’involution spontanée supérieur et un taux de mortalité identique. Il est difficile de dire si cette constatation est le fait d’un biais de recrutement ou de protocoles thérapeutiques différents avec dans notre établissement une utilisation très exceptionnelle des corticoïdes qui sont la base du traitement en Amérique du Nord. Il est possible que certains patients qui n’ont reçu aucun traitement à Bicêtre auraient reçu une corticothérapie outre-Atlantique. Il n’est pas possible à partir de ces simples constatations de conclure sur l’intérêt des corticoïdes dans cette indication. Infantile hemangiomas : clinical and imaging findings and their correlation with therapy (AJR 2004;182, 785-795), Conclusion • La plupart des hémangiomes hépatiques sont de bon pronostic • Certaines formes sont particulièrement sévères qu ’elles soient solitaires ou multiples • L’échographie est la base du diagnostic et du suivi évolutif • Les critères pronostics d ’une mauvaise tolérance clinique sont un volume important et une vitesse élevée de l ’artère hépatique éventuellement associée à une dilatation des VSH • L ’indication d ’un traitement spécifique comme l ’embolisation repose sur la tolérance clinique et l ’insuffisance d ’efficacité du traitement médical • La corticothérapie est très peu utilisée dans notre institution. Nos résultats en terme de patients embolisés et décédés ne diffèrent cependant pas de la série nord-américaine où elle constitue une base du traitement