MISE AU POINT
La Lettre du Neurologue - vol. X - n° 5 - mai 2006
168
✓ Enfin, la dilatation peut être quadri-ventriculaire lors d’une
lésion de la fosse postérieure comme un épendymome du qua-
trième ventricule ou un processus expansif cérébelleux, qui pro-
voque en plus une hypertension primitive dans la fosse postérieure.
La forme aiguë peut se voir dans les hydrocéphalies commu-
nicantes par défaut de résorption brutale du liquide cérébro-
spinal. C’est le plus souvent la conséquence d’une hémorragie
méningée, mais elle pose moins de problèmes de prise en charge,
car le patient est normalement hospitalisé en neurochirurgie.
CLINIQUE
L’hydrocéphalie s’installe le plus souvent progressivement, en
particulier dans les sténoses de l’aqueduc, qui peuvent êtres tolé-
rées, méconnues de nombreuses années et se décompenser chez
un adulte après 40 ou 50 ans à l’occasion d’un traumatisme
minime (1), d’une hémorragie ou d’un syndrome infectieux.
Ailleurs, il s’agit d’une lésion tumorale qui bloque progressive-
ment l’aqueduc dans un temps très variable.
L’hydrocéphalie se manifeste par une céphalée progressive, des
vomissements, puis apparaissent des troubles visuels ou une atteinte
d’un nerf oculomoteur, le plus fréquent étant l’abducens. Il faut
savoir que la décompensation est parfois extrêmement brutale ;
le patient peut être conscient, céphalalgique, puis présenter en
quelques minutes un coma profond avec arrêt cardio-respiratoire.
TRAITEMENT
Dans les formes aiguës, le traitement efficace, chez un patient
dans le coma, ne peut être qu’un drainage ventriculaire, excepté
dans le cas des hématomes extraduraux de la fosse postérieure,
ou si le patient n’est pas dans un coma profond.
✓ Seule une ponction ventriculaire suivie d’une dérivation dans
le même temps peut faire régresser les troubles neurologiques,
souvent totalement et de manière spectaculaire.
✓ Chez un patient porteur d’une dérivation, il est possible de
réviser la valve si les possibilités pratiques le permettent, en l’ab-
sence de toute notion d’infection.
✓ Le traitement secondaire sera celui d’une tumeur, la pose
d’une dérivation interne ou une ventriculo-cisternostomie (2).
Les kystes colloïdes V3 (3) possèdent une symptomatologie
particulière, avec des céphalées paroxystiques positionnelles.
Ils peuvent parfois être traités en même temps que l’hydrocé-
phalie si l’on fait une ventriculo-cisternostomie. Ailleurs, ils
seront retirés ultérieurement par un abord chirurgical.
Il faut particulièrement se méfier des hydrocéphalies connues
anciennes qui ont été traitées par une dérivation interne ou une
ventriculo-cisternostomie.
✓ La connaissance de ce traitement est une fausse sécurité, car
une panne de valve ou l’obstruction d’un orifice de ventriculo-
cisternostomie vont laisser se développer une hydrocéphalie pro-
gressive qui va se décompenser brutalement, pouvant conduire à
un coma ou au décès du patient (4).
✓ Il faut donc surveiller les patients traités pour une hydrocé-
phalie, les prévenir que l’apparition d’une somnolence, d’une
céphalée progressive, d’une baisse des performances intellec-
tuelles, d’un trouble de la vision doit les amener à consulter un
neurochirurgien. Il faut demander un scanner au moindre signe
d’hypertension intracrânienne, voir si les ventricules ne se sont pas
dilatés et se poser le problème du fonctionnement de la dériva-
tion ou de la cisternostomie qui, dans certaines séries, n’est plus
fonctionnelle dans 20 % des cas après 2 ans (5). En cas de doute,
le patient doit être surveillé en neurochirurgie pour réviser le sys-
tème de dérivation interne si les troubles cliniques persistent.
✓ C’est pour cela qu’il faut avoir un scanner de référence pour
chaque patient (réalisé lorsque tout va bien) pour le comparer
ensuite, quand tout va mal, en sachant que, dans les hydrocépha-
lies anciennes, les ventricules restent volumineux même après
dérivation.
PHYSIOPATHOLOGIE
La dilatation ventriculaire entraîne une hypertension intracrâ-
nienne sus-tentorielle avec une descente de la partie centrale de
l’encéphale dans le foramen de Pacchioni, ce qui provoque un
étranglement du tronc cérébral et du diencéphale, qui descendent,
entraînant des lésions de la réticulé mésencéphalique et des
centres végétatifs (6). Cette compression aiguë peut conduire à
un décès brutal (quelques minutes).
L’hydrocéphalie, même sans lésion sous-tentorielle, augmente le
volume du contenu sus-tentoriel, pousse l’ensemble des struc-
tures de la fosse postérieure vers le bas, entraînant une hyperten-
sion dans la fosse postérieure et un engagement des amygdales
cérébelleuses dans le trou occipital (figure 2). Celles-ci compri-
ment les centres végétatifs du bulbe, avec des risques immédiats
de troubles respiratoires ou d’arrêt cardiaque (7).
Figure 1. IRM en séquence T1 : volumineuse hydrocéphalie par sténose
de l’aqueduc qui sera traitée par ventriculo-cisternostomie en urgence.