histoire Alan Yagoda, le père du M-VAC P. Beuzeboc* L e 25 août 1995, le New York Times annonçait dans un court communiqué le décès prématuré d’Alan Yagoda à l’âge de 60 ans au Columbia University Medical Center-Presbyterian Hospital des suites compliquées d’une chirurgie abdominale. Alan Yagoda avait rejoint l’équipe de Colombia en 1991 après avoir travaillé au Cornell University College of Medicine, au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center et à la Yale University Medical School. Quinze ans après sa mort, son nom reste toujours associé au M-VAC (méthotrexate + vinblastine + doxorubicine + cisplatine), qui demeure l’une des chimiothérapies de référence dans les cancers urothéliaux (1). Alan Yagoda, né à Brooklyn et diplômé de l’université du Vermont, a été l’auteur de plus de 130 articles et de plus de 70 chapitres de livres… Oncologue spécialisé dans la recherche et le traitement des tumeurs génito-urinaires, il fut chef de service au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York durant les années 1980, années durant lesquelles il développa et testa − avec entre autres Willet Whitmore, Cora Sternberg et Howard Scher − le M-VAC qui reste 25 ans après ces premières données un standard thérapeutique (1). Dès 1976, il avait déjà rapporté les résultats du cisplatine seul (2). Parmi les combinaisons de cytotoxiques qui vont ensuite être évaluées dans les tumeurs urothéliales métastatiques, le M-VAC se révélera significativement supérieur au cisplatine seul et à la combinaison CISCA dans des études de phase III. Il permet d’obtenir une réponse objective chez environ les deux tiers des patients (3). Les résultats également probants au niveau des tumeurs primitives (4) ont servi de rationnel à l’étude de phase III du SWOG, dont les résultats positifs ont été publiés dans le New England Journal of Medicine en 2003 (5). Alan Yagoda survivra ainsi dans nos mémoires en tant qu’homme de la réalisation d’une idée. La citation de Sir William Osler aurait pu lui être destinée : “En science, le crédit va aux hommes qui arrivent à convaincre le monde, non aux hommes qui ont eu le premier l’idée.” ■ * Département d’oncologie médicale, Institut Curie, Paris. Références 1. Sternberg CN, Yagoda A, Scher HI et al. Preliminary results 3. Sternberg CN, Yagoda A, Scher HI et al. M-VAC (methotrexate, 5. Grossman HB, Natale RB, Tangen CM et al. Neoadjuvant of M-VAC (methotrexate, vinblastine, doxorubicin and cisplatin) for transitional cell carcinoma of the urothelium. J Urol 1985;133(3):403-7. vinblastine, doxorubicin and cisplatin) for advanced transitional cell carcinoma of the urothelium. J Urol 1988;139(3): 461-9. chemotherapy plus cystectomy compared with cystectomy alone for locally advanced bladder cancer. N Engl J Med 2003; 349(9):859-66. 2. 4. Scher HI, Yagoda A, Herr HW et al. Neoadjuvant M-VAC Yagoda A, Watson RC, Gonzalez-Vitale JC et al. Cis-dichlorodiammineplatinum(II) in advanced bladder cancer. Cancer Treat Rep 1976;60(7):917-23. (methotrexate, vinblastine, doxorubicin and cisplatin) effect on the primary bladder lesion. J Urol 1988;139(3):470-4. Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 1 - janvier-février-mars 2012 35