2. Le management des connaissances dans
les entreprises multi-projets
Nous traiterons rapidement, dans un premier temps, du management des
connaissances dans les projets afin d’en rappeler les enjeux qui militent en faveur
d’un management spécifique des connaissances, que ce soit par la capitalisation
inter-projet ou par la création de connaissances pour les projets, que nous trai-
terons dans un second temps.
2.1. Le management des connaissances dans les projets
Plusieurs auteurs se sont intéressés aux connaissances par l’intermédiaire de
l’activité dans laquelle ces dernières sont mobilisées, comme notamment les
processus créatifs (Schön, 1983 ; Simon, 1991). Relevant de cette prespective,
Midler (1993a) représente le projet comme l’articulation d’un processus de déci-
sions et d’action avec un processus d’apprentissage et d’accroissement de
connaissances.
Guillemet (2002), de son côté, tente de faire le lien entre les phases d’un
projet, qui diffèrent notamment par la nature des échanges et de la création des
savoirs, et les modes de conversion des connaissances identifiés par Nonaka et
Takeuchi (1995).
LA MONTÉE EN PUISSANCE DU MANAGEMENT MULTI-PROJETS
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Phases du projet Conversion des connaissances
Première phase Études préliminaires - Spécifications Socialisation
Deuxième phase Conception - Planification Extériorisation
Troisième phase Réalisation - Exécution Combinaison
Quatrième phase Mise en route - Validation - Évaluation Intériorisation
Source : G
UILLEMET
, 2002.
Charue-Duboc (2000) et Charue-Duboc et Midler (1998) ont montré comment
l’ingénierie concourante transforme les rôles des acteurs fonctionnels (marke-
ting, recherche et développement, ingénierie process) impliqués dans les projets
et leurs interactions. En effet, la nature et le moment de leur intervention chan-
gent : l’ingénierie process est sollicitée en amont sur la base d’une conception du
produit non finalisée, le marketing collabore avec la R&D sur des questions
encore floues et imprécises, etc.
Mais dans tous les cas, quelle que soit la forme que prend la création ou le
transfert de connaissances dans le cadre du projet, ce dernier ne peut pas,
compte tenu de ses contraintes de coût, de délai et de focalisation sur un marché,
être le lieu d’explorations risquées et consommatrices de ressources. Le projet
doit ainsi pouvoir s’appuyer sur des connaissances développées en amont 3selon
des règles de fonctionnement différentes de celles du projet, et qui seront ensuite
contextualisées dans le cadre d’un projet pour un marché spécifique. Les acteurs
tentent de limiter la création de nouvelles connaissances dans les projets.
Lorsqu’ils sont confrontés à un problème sur le projet, ils trouvent des « parades »
[…] comme le fait de rajouter une masse pour absorber le bruit dans un véhicule
plutôt que de mener une étude approfondie sur l’origine du bruit, faute de temps
et de moyens » 4. La multiplication des projets conduit ainsi à l’augmentation, à
3. Cf. Lenfle, 2001 et le chapitre 1 dans cet ouvrage.
4. Moisdon et Weil, 1998b.
Tableau 1.
Modes de conversion des connaissances