les retraites

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LES RETRAITES
Dans les années 1990, la question des retraites est posée (Livre blanc de Michel
Rocard en 1991, rapport Charpin en 1999) d’où des réformes, parfois avortées
sous la pression populaire. Mais l’évolution démographique a rendu nécessaire
une adaptation du système.
LE SYSTÈME FRANÇAIS DE RETRAITE
q Les caractéristiques du système par répartition
Le système français de retraite est fondé sur la répartition. Dans ce cadre, les retraités
perçoivent chaque année le montant des cotisations prélevées sur les actifs. Cependant,
on peut distinguer plusieurs régimes de retraite. Le régime général, créé à la Libération,
concerne les salariés du secteur privé. Il est géré par les partenaires sociaux, mais c’est le
gouvernement qui prend les grandes décisions en ce qui concerne les taux de cotisations
et la revalorisation des pensions. Pour percevoir la retraite à taux plein, il faut depuis 2004
avoir cotisé 160 trimestres, soit quarante ans. On associe au régime général des régimes
complémentaires qui, en contrepartie de nouvelles cotisations, permettent d’augmenter le
revenu des retraités. Quant aux administrations et entreprises du service public, elles
bénéficient de régimes spéciaux qui ne suivent pas toujours les règles du régime général
(durée de cotisation moindre, inexistence de retraite complémentaire…) mais tendent à
s’aligner sur le secteur privé. Ainsi, la durée de cotisation pour une pension complète est
portée à quarante ans pour tous en 2008. En fonction de la situation économique, financière et démographique, la durée de cotisation devrait augmenter progressivement, d’un
trimestre par an à partir de 2009, pour atteindre quarante-et-un ans en 2012.
q Les problèmes posés par le système par répartition
Un des effets les plus importants du régime français de retraite est d’avoir assuré aux
retraités un meilleur niveau de vie en le rapprochant de celui des actifs. S’il existe aujourd’hui un problème de retraite, il est la conséquence d’une évolution positive, l’allongement
de l’espérance de vie. C’est un facteur de vieillissement de la population qui implique une
augmentation du nombre d’inactifs par rapport au nombre d’actifs. Ce rapport ou ratio de
dépendance risque de s’accroître très rapidement dans les années à venir car les enfants
du baby-boom arrivent à l’âge de la retraite. Ainsi, le volume des pensions à verser sera
plus élevé alors que les générations d’actifs à venir seront moins nombreuses. Pour faire
face à ce problème, trois solutions sont possibles : baisser le niveau des retraites, augmenter les cotisations des actifs ou allonger la durée de cotisation, ce qui revient à augmenter
l’âge du départ à la retraite (voie choisie pour la réforme de 2003).
LE SYSTÈME PAR CAPITALISATION
q Les caractéristiques du système par capitalisation
Les difficultés du système de retraite en France favorisent les projets de réforme dans le
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sens d’un système par capitalisation. Ces tentatives prennent pour exemple le modèle
anglo-saxon. Dans un système de ce type, le salarié épargne durant sa vie active et
acquiert un patrimoine qui lui sera reversé, sous forme d’une rente viagère, au moment de
la retraite. La capitalisation est le plus souvent organisée dans un cadre professionnel, ce
qui implique un financement de l’employeur et des salariés. Les fonds peuvent être gérés
par l’entreprise, les syndicats ou des sociétés financières (solution la plus courante).
q Les effets du système par capitalisation
Outre le fait que le système de retraite par capitalisation supprime la solidarité entre
générations organisée par le système par répartition, il peut également provoquer des tensions entre générations, puisque les actifs et les retraités auront des intérêts divergents.
Les premiers veulent sauvegarder leur emploi et favoriser l’investissement grâce à des
taux d’intérêt peu élevés.
Or les rentes versées par les fonds de pension qui gèrent la retraite par capitalisation
dépendent de la rémunération des capitaux placés par ces sociétés financières, soit les
intérêts et les dividendes qui leur sont versés. Donc, les fonds de pension incitent à la
hausse des taux d’intérêt et à la baisse des coûts, notamment des coûts salariaux, ce qui
peut entraîner des suppressions d’emplois.
Il apparaît dès lors que le système par capitalisation peut être contraire à la cohésion
sociale. C’est pour ces raisons qu’on peut difficilement envisager en France un changement
complet du système de retraite, mais plutôt l’introduction d’une dose de capitalisation qui
permettra d’apporter un complément de retraite aux salariés les mieux rémunérés. La
création de l’épargne salariale en 2001 est un exemple de mesure en ce sens.
COTISANTS, RETRAITÉS ET RAPPORT DÉMOGRAPHIQUE DU RÉGIME GÉNÉRAL*
Rapport démographique
Cotisants et retraites en milliers
3,3
18 000
3,1
16 000
Cotisants
2,9
14 000
2,7
12 000
2,5
Retraités
10 000
Rapport démographique
2,3
2,1
8 000
1,9
6 000
4 000
1,7
1975
1980
1985
1990
1995
2000**
2004
1,5
* Effectifs au 31 décembre jusqu’en 1981, au 1er juillet à partir de 1982.
** Nombre de cotisants/nombre de retraités.
Source : INSEE, Tableaux de l’économie française, 2006.
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