DOSSIER THÉMATIQUE
traversée des tissus. Un logiciel de calcul intégré permet de défi-
nir la densité de l’os traversé. Les sites étudiés le plus souvent
sont le rachis lombaire (L2-L4) (figure 2) et l’extrémité supérieure
du fémur (figure 3). Les résultats sont exprimés en grammes de
minéral par centimètre carré de surface osseuse projetée. Les résul-
tats sont interprétés en comparaison avec une courbe de référence
exprimant la densité osseuse en fonction de l’âge, du sexe et de
l’origine géographique. On détermine ainsi le Z score correspon-
dant au nombre de déviations standard (DS) par rapport à la valeur
normale des sujets de même âge et de même sexe. Le T score est
le nombre de déviations standard (DS) par rapport à la valeur
maximale obtenue chez le sujet jeune en fin de croissance.
Le remodelage osseux – Marqueurs biochimiques
À toute période de la vie, le chiffre de densité osseuse résulte de
deux phénomènes : d’une part, l’acquisition de la masse osseuse
qui conditionne un capital osseux de départ, fixé vers 18 à 20 ans.
Le deuxième phénomène est la perte osseuse, liée à l’âge, mais
augmentée par les carences hormonales, certaines maladies, et la
corticothérapie. Il existe des marqueurs biochimiques permettant
d’évaluer le remodelage osseux, qui associe résorption et forma-
tion osseuse. La résorption est évaluée par le dosage dans les urines
des pyridinolines, qui sont les molécules de pontage des micro-
fibrilles de collagène osseux. Elles peuvent être éliminées sous
forme libre ou liée à des séquences peptidiques. La formation est
évaluée par le dosage dans le sérum d’une protéine osseuse non
collagénique, l’ostéocalcine, et de l’enzyme de la minéralisation :
la phosphatase alcaline osseuse. Ces dosages ne sont pas utiles
dans la routine, mais sont utilisés dans des cas difficiles et dans
les études de recherche clinique pour évaluer le mécanisme de
l’ostéoporose.
Au cours de l’ostéoporose, les paramètres classiques du métabo-
lisme phosphocalcique (calcémie, phosphorémie, calciurie) sont
toujours normaux. L’ostéomalacie, trouble de la minéralisation,
caractérisée par une hypocalcémie avec hypophosphorémie, et le
plus souvent liée à une carence en vitamine D, s’observe très rare-
ment au cours des entérocolites.
PRÉVALENCE DE L’OSTÉOPOROSE AU COURS DES MICI
Fractures osseuses
Plusieurs études ont montré une augmentation du risque de frac-
tures osseuses, aussi bien au niveau rachidien que fémoral (1). Le
risque de fracture est augmenté en particulier chez les femmes souf-
frant de maladie de Crohn. Dans une étude de cohorte conduite
au Canada, portant sur 6 027 sujets souffrant d’entérocolite, le risque
de fracture ostéoporotique était augmenté de 40 % (2). Le taux de
fracture est comparable dans la maladie de Crohn et dans la RCH,
et l’incidence des fractures augmente avec l’âge. Ces données
chez l’adulte confirment les données pédiatriques sur l’augmen-
tation du risque de fracture dans la maladie de Crohn de l’enfant.
Il faut noter que, dans une étude rétrospective de la Mayo Clinic,
l’augmentation des fractures osseuses n’a pas été confirmée chez
238 patients ayant une maladie de Crohn (3).
Prévalence de l’ostéoporose
L’augmentation du risque de fracture est liée à une diminution de la
densité osseuse confirmée par de nombreuses études, au niveau de
différents sites osseux. En fonction de la population étudiée, du site
et de la technique, on estime à 20 à 30 % la prévalence de l’ostéo-
porose, et à 50 à 60 % la prévalence de l’ostéopénie (tableau I). Les
différences entre les études s’expliquent par la différence des tech-
niques de mesure, des sites étudiés, des définitions choisies. Elles peu-
vent aussi s’expliquer par les origines géographiques : la prévalence
semble faible en Scandinavie. Les enfants et les adolescents souffrant
d’entérocolite ont une ostéoporose et un retard de croissance.
Dans les études prospectives, une diminution de la densité osseuse
est régulièrement retrouvée, en particulier du fait de la cortico-
thérapie. Des pertes osseuses de 5 % à 10 % ne sont pas rares dans
l’année au cours de laquelle se produit une poussée traitée par cor-
ticothérapie à fortes doses (4). La densité osseuse est stable chez
les patients quiescents. Les patients traités par coloproctectomie
totale et anastomose iléo-anale, guéris de la maladie inflamma-
toire et sans corticothérapie, ont une évolution spontanément favo-
rable de la densité osseuse (5).
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. VIII - janvier-février 2005
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Figure 2. Mesure de la densité osseuse du rachis lombaire. Figure 3. Mesure de la densité osseuse du col fémoral.