drogue vaso-active, terlipressine ou octréo-
tide, pendant cinq jours. Un traitement
endoscopique (sclérose ou ligature) était
effectué chez les malades ayant un sai-
gnement actif. Un tamponnement œso-
phagien était utilisé en cas d’hémorragie
massive, un TIPS était posé en cas
d’échec de tous ces traitements. Une
transfusion était prescrite si le taux d’hé-
moglobine était inférieur à 10 g/dl. Les
prélèvements bactériologiques (sang,
urine et ascite) étaient systématiquement
effectués à l’admission, et répétés en cas
d’apparition de signes d’infection. Le
diagnostic des infections reposait sur
les critères habituels. Des antibiotiques
étaient prescrits uniquement si une infec-
tion était documentée, ou si des signes
patents d’infection étaient présents.
• Analyse statistique
Vingt-six variables qualitatives et 13 va-
riables quantitatives ont été collectées à
l’admission et évaluées dans les groupes
1 et 2. Ces variables ont été incluses dans
une analyse unidimensionnelle dans le
but d’identifier les facteurs prédictifs
d’échec du contrôle de l’hémorragie. Les
variables qui montraient une éventuelle
relation avec l’évolution (p < 0,10)
étaient incluses dans une analyse multi-
dimensionnelle en régression logistique.
L’analyse multidimensionnelle a été réa-
lisée séparément avec les variables
“infection prouvée” et “antibiothérapie
pour suspicion d’infection”, sachant
qu’elles sont très liées entre elles. Les
analyses ont été effectuées pour les
admissions avec rupture de varices œso-
phagiennes et pour toutes les admissions
avec hémorragie digestive.
Résultats
Cent soixante-trois admissions pour rup-
ture de varices œsophagiennes (93 %) ou
gastriques (7 %) chez 137 malades ont
été étudiées. La cirrhose était Child A
dans 19 % des cas, B dans 37 % et C
dans 44 %. Le saignement était actif à
l’endoscopie dans 76 cas (53 %). Une
sclérothérapie a été effectuée dans
117 cas et 29 malades ont eu un TIPS.
L’échec du contrôle de l’hémorragie
était constaté dans 76 cas (47 %),
l’échec initial du contrôle de l’hémorra-
gie dans 21 cas (13 %), et une récidive
hémorragique précoce est survenue dans
51 cas (31,5 %). Quatre malades sont
morts dans les cinq jours (2,5 %). La
mortalité hospitalière était en moyenne
de 22 %, dont 36 % dans le groupe 1 et
9 % dans le groupe 2 (p < 0,0002).
Une antibiothérapie pour suspicion d’in-
fection a été débutée à l’admission dans
113 cas (69 %). Cent deux infections ont
été documentées pour 91 admissions
(91/163 : 56 %) : 35 pneumopathies,
24 bactériémies, 6 infections d’ascite,
15 infections urinaires, 11 malades avec
deux infections. Une infection était
documentée chez 56 % des malades trai-
tés par sclérothérapie et dans 48 % des
cas chez ceux non traités par sclérothé-
rapie (NS).
L’analyse unidimensionnelle a identifié
comme facteurs pronostiques d’échec du
contrôle de l’hémorragie : le score de
Child (p < 0,001), le taux de prothrom-
bine (p < 0,002), l’utilisation d’une anti-
biothérapie (p < 0,0001) et une infection
prouvée (p < 0,0001), un saignement
actif (p < 0,0007), un tamponnement
œsophagien (p < 0,05).
La première analyse multidimensionnelle
montre que les trois variables testées sont
liées à l’échec du contrôle de l’hémorra-
gie : infection prouvée (p < 0,0001), sai-
gnement actif (p < 0,001) et score de
Child (p < 0,005). La seconde montre
également que les trois variables testées
sont liées à l’échec du contrôle de l’hé-
morragie : antibiothérapie (p < 0,003),
saignement actif (p < 0,005) et score de
Child (p < 0,02). Les résultats sont simi-
laires dans la population globale des
malades, quelle que soit l’origine du sai-
gnement.
Discussion
Cette étude montre que l’échec du
contrôle de l’hémorragie, défini par
l’échec du contrôle initial du saignement,
la récidive précoce ou le décès dans les
cinq jours, survient chez 47 % des
malades après rupture de varices œsogas-
triques. Les variables pronostiques étu-
diées étaient en partie déjà connues pour
leur association avec l’évolution : sévé-
rité de la cirrhose, abondance du saigne-
ment, constatations endoscopiques. Les
auteurs ont également inclus des variables
nouvelles : la présence d’une infection
bactérienne ou l’antibiothérapie empi-
rique pour suspicion d’infection. Cette
dernière variable a été testée en raison du
fait que de nombreuses infections bacté-
riennes ne sont pas bactériologiquement
documentées chez les malades cirrho-
tiques. Les résultats montrent que ces
deux variables sont des facteurs pronos-
tiques de l’échec du contrôle de l’hémor-
ragie. Une infection bactérienne a été
documentée chez 56 % des malades, ce
qui correspond aux taux observés dans
les autres études prospectives. Une seule
étude a montré que la présence d’une
infection était un facteur prédictif indé-
pendant de la récidive précoce (Bernard
et coll., Gastroenterology 1995 ; 108 :
1828-34). La sévérité de la cirrhose,
reflétée par le score de Child, et le carac-
tère actif du saignement initial sont éga-
lement des facteurs pronostiques indé-
pendants de l’échec du contrôle de l’hé-
morragie, confirmant les résultats de plu-
sieurs études prospectives préalables.
Les résultats sont identiques si l’on
considère l’ensemble des malades cirrho-
tiques avec hémorragie digestive quelle
qu’en soit l’origine. Cela renforce le
caractère robuste du modèle, sachant que
l’erreur diagnostique concernant la source
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (12), n° 9, novembre 1998
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Analyse commentée