Chapitre IID, page 2
La deuxième grande étiologie d'IA par atteinte valvulaire est infectieuse, secondaire à une
endocardite bactérienne (20 à 40%). Il est rare qu'une endocardite chronique se développe sur une
valve aortique normale, mais elle peut se développer sur une bicuspidie éventuellement méconnue.
La dissection aortique est une cause rare de fuite aortique chronique (2 à 5%), mais il faut
néanmoins la recherche systématiquement. On peut en rapprocher l'atteinte traumatique, rare
également (1 à 2%).
Les étiologies congénitales regroupent: la bicuspidie (2-3%), lors de laquelle, du fait d''une
hypertrophie ventriculaire gauche due à l'élément sténosant souvent associé, la dilatation
ventriculaire est modérée de même que la tolérance, la fuite sur valves myxoïdes, l'IA du syndrome
de Marfan, de la CIV sous-aortique (Pezzi-Laubry, lors desquelles, les valves sont attirées par le jet
de sang traversant la CIV à grande vitesse par un effet Venturi).
Un stress exagéré des valves peut également entraîner une IA à long terme (HTA, Insuffisances
rénales, CIV sous-aortiques, RA sous valvulaire).
Modification de l'aorte ascendante
L'insuffisance aortique peut également résulter d'une anomalie de l'aorte initiale.
L'anomalie peut être congénitale dans 15% des cas (dilatation idiopathique, Syndrome de Marfan,
et plus rares: Ehlers Danlos, Pseudo-xanthome élastique, Lobstein).
L'anomalie de l'aorte initiale peut également être inflammatoire: Syphilis (4%), SPA (1-5%),
Takayashu (<1%), Vascularites gros et moyens vaisseaux (LEAD, Behcet, Horton,PR)).
Clinique
Signes fonctionnels
Cette valvulopathie peut passer inaperçue pendant longtemps: l'exercice est bien toléré, du fait de la
diminution de la durée de la diastole, le souffle diastolique est dur à percevoir.
On peut retrouver un angor, surtout en cas d'atteinte syphilitique (plaque calcifiée obturant ± les
orifices coronariens, avec douleurs nocturnes lorsque le coeur est lent et la PA basse.
L'insuffisance cardiaque est de début progressif, et n'apparait que tardivement, alors que l'altération
ventriculaire est déjà majeure, et le risque chirurgical important.
Signes physiques
Palpation
Le choc de pointe est diffus à la palpation, hyperdynamique, latéral, et dévié vers le bas, le B3 peut
être palpable.
Auscultation
A l'auscultation, le souffle diastolique permet le diagnostic. Il est doux, aspiratif, souvent faible,
entendu au mieux avec le diaphragme du stéthoscope, le malade en position assise, penché en
avant, en expiration. Le souffle prédomine au 3°, 4° espace intercostal, le long du bord gauche du
sternum quand la pathologie est valvulaire, le long du bord droit du sternum quand il existe une
dilatation importante de l'aorte ascendante. Il augmente quand la post-charge augmente (action de
lever les bras par exemple).
En diastole également peut se percevoir le roulement de Flint, équivalent au RM sur le plan
auscultatoire, dû au flux trans-mitral à travers une valve dont l'ouverture est gênée par le flux de
fuite aortique. Il témoigne d'une IAo sévère, et est modifié comme les IAo et non comme les RM.
le B1 est normal ou diminué (en cas de fermeture précoce de la mitrale), il existe un souffle
systolique éjectionnel, de débit aortique, qui peut être frémissant, dû à l'augmentation du débit
trans-valvulaire aortique, avec parfois pistol shot (correspondant à la brusque distension de l'aorte
ascendante). La composante aortique du B2 est souvent diminuée.
Un B3 est présent en cas d'élévation de la PTDVG