Libérale Inhibiteurs du TNF- Connaître les effets indésirables Les inhibiteurs du TNF- ont représenté un progrès dans le pronostic des formes réfractaires de polyarthrite rhumatoïde (PR) et les spondylarthropathies. De nouvelles indications sont en cours d’évaluation. D’où l’intérêt de connaître les effets indésirables de ces nouveaux médicaments. A ujourd’hui, deux inhibiteurs du TNF- existent : l’infliximab, administré par voie intraveineuse, et l’étanercept, administré par voie sous-cutanée (SC). Résultats d’études Après l’injection SC d’étanercept, une rougeur cutanée est fréquente, souvent bénigne et seulement présente au début du traitement. Les réactions graves (érythrodermie, œdème laryngé, bronchospasme, hypotension) sont rares. L’étude ACCENT 1 (dans la maladie de Crohn) a révélé un élément nouveau : la liaison entre les réactions d’intolérance et la présence d’antiinfliximab (ATI). Les réactions apparaissent après 17 % des perfusions chez les patients ayant des ATI alors qu’elles ne se développent qu’après 8 % des perfusions chez des patients n’ayant pas d’ATI. En ce qui concerne les infections bactériennes, les études montrent une augmentation non significative des infections des voies aériennes supérieures. Depuis l’étude du New England Journal of Medicine de septembre 2001, il est admis qu’il existe une augmentation de la tuberculose chez les patients traités par infliximab. Un suivi très étroit est donc nécessaire. Trois éléments caractérisent ces tuberculoses : – une grande fréquence des formes extrapulmonaires (55 % des cas sur 155) ; – une plus grande fréquence des tuberculoses en Europe : alors que 80 % des malades traités sont aux États-Unis, 70 % des cas apparaissent hors des États-Unis, essentiellement en Europe ; – une rapidité d’apparition de la tuberculose après la mise en route du traitement (72 % des cas dans les trois premières perfusions, 94 % des cas dans les six premières perfusions). L’expérience de l’étanercept semble différente. Au total, 117 000 patients ont été traités dans le monde au 30 septembre 2001. Aujourd’hui, treize cas de tuberculose ont été rapportés. « La prudence s’impose, car l’incidence de la tuberculose est plus fréquente en Europe et l’étanercept y est moins employé que l’infliximab », fait remarquer le Dr Xavier Mariette, rhumatologue à l’hôpital de Bicêtre (94)*. Des études sont menées actuellement afin de connaître plus précisément cet effet secondaire. On sait déjà qu’une diminution de ce dernier est nette lorsque les recommandations de dépistage et de traitement préventif sont appliquées (exemple de l’Espagne). Quelques infections opportunistes se sont déclarées sous infliximab. On peut citer l’histoplasmose, la pneumocytose, la candidose systémique, la coccidioïdomycose, l’aspergillose, la listériose. Par ailleurs, il a été constaté, dans l’étude ATTRACT évaluant l’infliximab dans la PR, l’apparition d’anticorps antinucléaires pour 60 % des malades et d’anticorps anti-ADN doubles brins chez 15 % des malades. Il convient donc d’être prudent quand on modifie le système cytokinique. Cependant, la présence d’anticorps antinucléaires n’est pas une contre-indication à la mise sous anti-TNF-. Une surveillance s’impose quant à d’éventuels épisodes de démyélinisation, de thromboses veineuses et artérielles, voire l’apparition de cancers et lymphomes. Prescription prudente et surveillance Compte tenu de ces éventuels effets secondaires, il s’agit de rechercher une tuberculose latente avant la mise en route du traitement, par l’interrogatoire, la radiographie thoracique et l’intradermoréaction à la tuberculine. Des antécédents fréquents d’infections bactériennes ne sont pas une contre-indication absolue mais ils imposent la vigilance. Actuellement, un antécédent de sclérose en plaques est considéré comme une contre-indication, surtout pour la mise sous étanercept. La surveillance est avant tout clinique. Sur le plan des examens complémentaires, le seul examen utile est la numération tous les mois en début de traitement, puis tous les deux mois. Lucie Galion * D’après les communications faites au Congrès de rhumatologie, novembre 2002, Paris. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 42 - décembre 2002 33