DISCUSSION
Les anévrysmes et diverticules cardiaques congénitaux sont des
malformations rares surtout décrites chez des sujets de race noire
et chez les enfants. Il convient, avant de retenir le diagnostic, d’éli-
miner une étiologie ischémique, dégénérative ou infectieuse.
Classiquement, les diverticules musculaires sont contractiles,
sorte de prolongement du VG en doigt de gant naissant de l’apex
et venant parfois s’extérioriser sous la peau sur la ligne médiane,
à une distance variable de l’ombilic (syndrome de Cantrell-Crit-
tenden). Les diverticules fibreux sont en règle akinétiques, sous-
valvulaires ou apicaux, calcifiés ou non, pouvant entraîner des
insuffisances valvulaires. Quant aux anévrysmes congénitaux,
leur paroi fibreuse est akinétique ou dyskinétique, et une large
ouverture fait communiquer l’anévrysme et la cavité ventricu-
laire. Notre observation associe un anévrysme ventriculaire et des
diverticules.
Le diagnostic d’anévrysme et de diverticules congénitaux
intrathoraciques n’est pas aisé, car les signes fonctionnels sont
atypiques, en rapport avec la malformation ou les complications,
en particulier rythmiques. On trouve souvent à l’ECG des troubles
de la repolarisation : ischémie sous-épicardique (figure 2), par-
fois ondes T négatives géantes (1),lésion sous-endocardique, etc.
L’ETT et l’ETO permettent le plus souvent de faire le diagnos-
tic, d’apprécier la fonction ventriculaire et de faire le bilan des
lésions cardiaques associées (2). Dans notre observation, cet exa-
men a permis de révéler l’anévrysme ventriculaire, mais n’a pu
mettre en évidence les diverticules du ventricule gauche.
L’angiocoronarographie et l’IRM (3) permettent de localiser
les anomalies, d’évaluer la fonction ventriculaire et la contracti-
lité des anévrysmes et des diverticules. L’IRM permet en outre
de mesurer l’épaisseur de la paroi et de localiser d’éventuels
thrombus. Dans notre observation, il n’y avait pas de thrombus
résiduel au niveau des diverticules.
Les complications à type d’embolies systémiques sont rares :
accidents cérébraux (1,2, 4,5)ou thromboses artérielles (5). Elles
peuvent révéler la malformation cardiaque ou survenir à distance
du diagnostic chez des patients traités médicalement.
Le traitement proposé dans ces affections est médical
(45 % des cas) ou chirurgical (43 % d’emblée, 5 % après échec
du traitement médical). Parfois, l’abstention thérapeutique est
décidée (7 %) (6). Le traitement médical vise à éviter les com-
plications thromboemboliques (anticoagulants ou antiagrégants
plaquettaires) et à traiter les éventuelles complications : insuffi-
sance cardiaque, troubles du rythme, etc. Ce traitement peut être
insuffisant en raison de l’apparition ou de la persistance de com-
plications. Un traitement chirurgical à type de résection est alors
proposé. Les malformations fibreuses, akinétiques sont à haut
risque de complications thromboemboliques et doivent bénéfi-
cier d’un traitement médical ou chirurgical. On peut discuter
l’abstention thérapeutique lors de la découverte fortuite de diver-
ticules musculaires isolés et contractiles, donc à faible risque de
complications thromboemboliques. ■
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CAS CLINIQUE
Figure 4. IRM cardiaque - aspect comparable à la ventriculographie :
anévrysme et diverticules apicaux du ventricule gauche.
.../...
Figure 3. Ventriculographie de face (3a) et de profil (3b) :anévrysme et
diverticules apicaux du ventricule gauche, en forme de pied.